Le terrorisme « a été enfanté par la gestion publique défaillante »

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Ceci est une contribution citoyenne de Ousmane Djiguemdé à propos du terrorisme.

La question terroriste au centre de nos préoccupations. Le Centre d’Études stratégiques en Défense et de Sécurité (CESDS) vient le prouver encore en organisant ces jours-ci un colloque pour réfléchir sur la question du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. C’est une belle initiative du centre de l’ancien ministre, le Colonel Barry Auguste Dénise, qui mérite d’être saluée.

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Pour que la question soit absolument cernée de façon globale et résolue conséquemment, il y a lieu de rappeler et de se rappeler que le terrorisme, comme tous les autres phénomènes de négation de l’État, est consécutif à l’absence continue d’État, aussi bien en termes d’occupation continue de l’espace géographique objet de sa souveraineté, que de justice, de respect des principes d’équité et d’égalité, et surtout d’observation stricte du principe d’intérêt général dans la gestion publique. Donc, c’est essentiellement un phénomène enfanté par la gestion publique. Comme il a été enfanté par la gestion publique défaillante, c’est bien évidemment par la correction de cette gestion publique que doit venir la solution.

Je l’ai toujours dit, il n’y a nulle solution pérenne à la problématique de la criminalité et du terrorisme que par la réorganisation et la modernisation de notre gestion publique. Mais attention, cette modernisation et cette réorganisation ne devraient pas se limiter seulement à la satisfaction des intérêts des acteurs de l’administration ou à des plans d’urgence comme on le voit au Sahel présentement, même si ce plan est pour l’instant salutaire. Elle doit être holistique. Aussi, toute solution, même issue de plusieurs regards croisés de divers horizons et de diverses expertises que ce soient, qui ne tient pas compte de l’extension des potentialités de mutation accélérée de la société et de la nature, est vouée inexorablement à l’échec.

Les outils d’aide à la gestion publique qui sont en mesure d’observer et suivre cette accélération de changement et d’intégrer ses effets et leur impact dans la détermination, le suivi et le contrôle des politiques publiques sont bien du ressort de l’expertise de la seule structure publique homologuée à cet effet : l’Institut Géographique du Burkina (IGB). Cette structure doit donc tenir tout son rang dans la nouvelle gestion publique qui est toujours embryonnaire au Burkina Faso.

L’autre élément est de savoir que la question du terrorisme, si l’on croise les regards des phénomènes sociaux dans nos pays avec la gestion publique nous révèle qu’en arrière-plan des questions de terrorisme se trouve celle de la réconciliation nationale parce que l’unité nationale dans nos pays a été mise à mal par la mauvaise gestion des politiques publiques.

Donc, pour y remédier, il faut faire le chemin inverse c’est-à-dire corriger les insuffisances de cette gestion et redessiner les bases d’une bonne redistribution des investissements et interventions publiques à travers un système de péréquation de ceux-ci, géré par un organisme et des nouveaux outils de gestions publique dont il a l’expertise. Ceci empêchera que des partenaires techniques et financiers reprochent à nos autorités de ne pas pouvoir prioriser leurs « priorités » comme ce fut le cas avec le représentant des PTF au COS du PNDES en 2016.

Dans tous les cas, aucune lutte contre le terrorisme et la criminalité ne saurait prospérer sans un partage intelligent de la doctrine martiale et sécuritaire avec chaque citoyen, dans un cadre formel, à travers le service militaire ou le système de la formation scolaire et professionnelle. C’est cette insuffisance que le Burkina Faso paye cash avec la question des groupes d’autodéfense Koglweogo qui s’apparente à un dilemme insoluble à ce stade des capacités de l’État en matière de prestation de service public de sécurité et de défense.

Ousmane DJIGUEMDE

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