Lamine Traoré Faso : « La jeunesse doit se départir de l’ancienne génération »

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Il est unanime, catégorique même. « La jeunesse (burkinabè) doit se départir de l’ancienne génération et créer sa propre voie ». La rupture implique, pour lui, de ne pas se faire « phagocyter » par cette génération à laquelle les jeunes reprochent les pratiques de corruption, « les bras longs », la nécessité ou le sentiment d’obligation de « passer par quelqu’un d’autre pour pouvoir se faire une place sous le soleil ».

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Vivant et travaillant à des milliers de kilomètres du Burkina où il est né, a grandi, Lamine Traoré a ajouté « Faso » (patrie en langue Jula) à son pseudonyme Facebook pour « faire la distinction avec un autre Lamine Traoré (et) éviter l’amalgame entre un activiste sur Facebook ». Ce qui lui vaut cette tribune, c’est justement son activisme sur le réseau social américain. Au-delà du partage d’informations avec les autres, l’activisme, pour lui, c’est cette volonté ou possibilité de « donner un écho plus loin [à] sa voix ». Pour y arriver, il use aussi bien de l’humour pour « enseigner une leçon de vie ». Les problèmes familiaux, de société, les questions d’ordre politique, tout y passe. Bref Lamine Traoré Faso « touche à tout ».

Du fruit de ses observations depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, il a remarqué que la jeunesse se sent « particulièrement concernée » par tout ce qui se passe au Burkina Faso. «Animés d’une justice sociale équitable pour tous », la volonté des jeunes de  comprendre tout ce qui se passe dans la cité est à ses yeux l’explication la plus plausible. Et si au-delà des faits de société, l’actualité politique a de la place dans sa ’’ligne éditoriale’’, c’est parce qu’il n’est « pas tout à fait satisfait de la manière dont la jeunesse s’intéresse à la politique ».

Et pourquoi donc ? « Parce que tout simplement, nous avons une ancienne génération à laquelle nous avons reprochée des choses à savoir la corruption, les bras longs, il faut passer par quelqu’un d’autre pour pouvoir se faire une place sous le soleil », a expliqué Lamine Traoré Faso. Pire, entonne-t-il, « cette ancienne génération de politiciens est en train de phagocyter la jeunesse au Faso pour suivre ce qu’ils avaient fait avant ».  Ce qui en fait une jeunesse « un peu perdue ».

Lamine Traoré Faso

La jeunesse burkinabè est « un peu perdue »

L’activiste ne désespère pas néanmoins. D’où son appel à « suivre une autre voie ». Celle qui permettra de rompre avec les pratiques d’antan. « Nous devrions avoir une nouvelle donne pour le Burkina Faso à savoir la transparence, à savoir réussir les choses de par ses capacités et non passer par des bras longs, passer chez des gens prendre de l’argent avant de pouvoir nous exprimer. Pour moi, la jeunesse à l’heure actuelle doit se départir de l’ancienne génération et créer sa propre voie »

L’appel à couper le cordon ombilical lui vaut de prendre des coups. Les réseaux sociaux, dit-il, ce n’est toujours pas facile. Aborder les questions politiques à un coût.  « Quand ça arrange, certains vont venir commenter dans le bon sens. Et quand c’est pour indexer des actions surtout gouvernementales, ce n’est toujours pas facile ». Tout ceci le conforte dans son analyse selon laquelle, la jeunesse n’a pas pu se départir de l’ancienne génération. Une liaison qui pousserait les jeunes à user des « mêmes méthodes à savoir souvent prendre de l’argent et commenter ».

Dénoncer pour que les acteurs actuels corrigent les insuffisances

Lamine Traoré Faso déplore le support aveugle apporté au gouvernement en place. Il s’étonne que même lorsque l’action gouvernementale n’a pas été « bien faite », il y ait une catégorie de jeunes qui soit « là pour chanter les louanges ».  Et même si ce n’est pas toujours facile, il estime que « s’il y a une action qui n’est pas bonne, il faut avoir le courage de le dire » sans détour. Les critiques les plus virulentes, confie-t-il, lui sont adressées lorsqu’il fait des posts qui ont trait à l’action gouvernementale. « Alors que, s’étonne-t-il, ce que je dénonce, c’est pour le bien de tout le monde. On dénonce et quand on dénonce, c’est en ce moment que les acteurs actuels peuvent prendre des décisions pour corriger les insuffisances ».

Des convois de retournés volontaires de Libye.

Trois fois de suite, l’organisation internationale pour les migrations a permis à des Burkinabè bloqués en Libye de pouvoir regagner le bercail. Lamine Traoré Faso appelle ceux qui n’ont pas encore tenté l’aventure à « ne pas se lancer à la conquête de l’Europe ou de l’occident par voie clandestine », car dit-il, « ce n’est vraiment pas la voie idéale ». En plus, dissuade-t-il, les conditions des survivants qui arrivent à accéder à l’Europe ne sont pas ce qu’il y a de plus encourageant. Là-bas, relate-il, il y a aussi des gens qui n’ont pas à manger, qui n’ont même pas de maison où dormir.

Une situation qui contraste avec celle africaine où en raison de la « culture, solidarité, il est quand-même difficile à moins que tu ne sois quelqu’un qui est mentalement malade » de passer la nuit dehors. Enfin, la somme déboursée tout au long de l’aventure clandestine pour traverser le désert, la mer, pourrait être utilisée et investie sur place et peut permettre de « mieux réussir ici ». « L’occident, affirme-t-il, ce n’est vraiment pas ce qu’on nous montre à la télé. C’est différent. Il faut se battre deux fois plus pour réussir ce que tu peux plutôt réaliser ici (au Burkina Faso ndlr)».

Oui Koueta

Burkina24

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Oui Koueta

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