Cinéma : Idrissa Ouédraogo entre talent, colère et générosité

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La soirée hommage à l’illustre cinéaste burkinabè disparu ce dimanche 18 février 2018 à Ouagadougou a réuni parents, amis  et connaissances dans la salle Kouamba Lankoandé du CENASA. Témoignage pour certains qui ont côtoyé l’artiste et chant  pour d’autres ont ponctué la cérémonie ce 19 février 2018.

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Pas de minute de silence. Standing ovation après la diffusion d’un film de l’Institut de son et de l’Image (ISIS).

Hommes de culture, autorités et connaissances sont venus témoigner. Dès le deuxième témoignage, voici le public plongé dans l’obscurité. Coupure d’électricité et  écran noir comme pour en rajouter à la tristesse de la soirée.

Idrissa Ouédraogo n’était pas seulement le cinéaste dont on a voulu évoquer les souvenirs ce jour 19 février. Il était un père pour certains, un ami, un collaborateur et l’homme qui aura marqué un jour ou l’autre la vie des autres.

Le Maître, le Maestro, a influencé énormément des professions. Il était l’anti-conformiste. Il avait le sobriquet de Picket (Wilson Picket).

Un homme pressé

« L’impossible était Idrissa et ses films trouveront de titres… « Tilai ». Voici une expression qui est rentrée dans le vocabulaire burkinabè et beaucoup d’enfants ont eu à apprendre. Tilai qui veut dire on n’a pas le choix, il faut y aller. Après,  il dit « cœur de lion », après il dit « Le choix » et il continue. C’est un homme qui tournait très vite », raconte Filipe Savadogo, ancien ministre de la culture.

Idrissa Ouédraogo, le Maestro des impossibles

Jean Baptiste Ilboudo,  représentant des ambassadeurs du Burkina Faso à la retraite ajoutera ceci : « Dans la filmothèque de Idrissa, c’était un pédagogue, un artiste. Le non Africain qui voyait le film se posait beaucoup de questions. Les films de Idrissa étaient des décors naturels souvent austères, parfois sévères mais c’est parce qu’il ne trichait pas avec sa vision des choses et ce qu’il voulait montrer, il le montrait en toute sincérité ».

Généreux

Sa générosité légendaire  n’est pas en reste.

Adji, artiste chanteuse, l’atteste en ces termes, la voix nouée : « Par passion pour la musique, Dieu m’a permis de rencontrer Idrissa Ouédraogo, le papa, grâce à qui j’ai embrassé le métier de la musique. Quand j’ai voulu faire le grand prix de la musique, il fallait de l’argent, il a été là. Il m’a présenté à Tall Mountaga et j’ai rejoint le groupe Afroni pour embrasser ma passion. Il n’avait pas besoin de t’avoir mis au monde pour t’accompagner. Il n’avait pas besoin de te connaitre. S’il croit en ton projet, il est là et il t’accompagne. Il avait voulu faire un film sur feu Black So Man. Combien de fois il m’a appelée et me dire « ma fille donne-moi un truc sur lui pour que j’ai une idée de départ » ? Mais telle était la volonté de Dieu. Ça n’a pas pu avoir lieu ».

Colères

Idrissa Ouédraogo était connu pour ses « colères extraordinaires ». Ceux qui l’ont côtoyé en savent quelque chose. Mais des sautes d’humeur toujours entourées de ce fond de générosité.

Mariam Konaté, sa collaboratrice, s’en souvient. «Quand il finit de m’engueuler au travail, il me parle franchement comme un grand frère. Il me dit ma tante pourquoi tu avais la bouche tirée comme ça aujourd’hui ».

Serge, poète et ami, a une anecdote. « Je l’ai invité un jour à un spectacle que j’avais préparé et je lui ai dit Idrissa, j’ai préparé un poème pour toi. Il s’appelle « silence ». Il me dit pourquoi je l’appelle comme ça. Je lui ai dit c’est parce que quand tu tournes un film, tu dis « silence, silence » et puis tu prends ton portable et tu parles ».

Ouvert

Dans la flopée des témoignages dans cette soirée étouffée par la chaleur, on note que le disparu était ouvert et parlait volontiers de ses projets.

La preuve, il parlait de ses projets, notamment sur Boukari Koutou. « Il y a exactement un mois, le 19 janvier, continue Jean-Baptiste Ilboudo, nous avons échangé pendant 40 minutes et il voulait que je lui dise quel est exactement le jour de la prise de Ouagadougou par la colonne Voulet et Chanoine en septembre 1976. Je dis « mais Idrissa, on pourrait trouver ça dans les livres d’histoires ».  Il dit « non, je dis ça parce qu’ils sont passés par ton village, ils ne sont pas passés par Laye par hasard ? ». Il voulait nourrir son synopsis pour la réalisation de ce grand projet qui lui tenait à cœur ».

Droit dans les yeux

Mais il n’y a pas eu que des fleurs pendant cette série d’hommage. Certains ont tenu à dire ce qu’ils avaient sur le cœur, notamment sur les regrets exprimés aujourd’hui, qui, à leur avis, venaient un peu tard. « Depuis qu’on a commencé,  les gens disent le baobab est tombé. Mais le baobab avant de tomber,  il était debout. Pourquoi on ne l’a pas magnifié quand il était debout ? C’est ça la culture au Burkina… Il faut que nos autorités magnifient les artistes», a tenu à dire Siriki Ky,  artiste sculpteur et compagnon du regretté.

Hommage en musique et en témoignages

Cet hommage a été ponctué par des extraits de films du défunt et des prestations d’artistes. Un autre hommage en soi. A travers la vie et la carrière d’Idrissa Ouédraogo, l’on peut tirer la conclusion que  le cinéma peut être défini comme la somme de tous les arts : la musique, le théâtre (il a été le metteur en scène de «La tragédie du Roi Christophe »),  le conte, etc.

Le Maestro sera conduit à son dernier décor ce 20 février 2018 où le clap de la fin sera donné.

Revelyn SOME

Burkina24

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