Procès du putsch : « Justice sera-t-elle rendue aux victimes et au peuple ? »

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Ceci est une déclaration de la Coalition Dytaniè sur le procès du putsch de septembre 2015 qui s’ouvre ce 27 février 2018.

Compatriotes, militants, sympathisants, frère et sœurs,

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Deux années et demie plus tard, le procès sur le dossier du putsch de septembre 2015 est enfin annoncé pour se tenir ce 27 février 2018. Comment ne pas se rappeler de cette résistance victorieuse au prix du courage et du sacrifice de la jeunesse insurgée pour définitivement empêcher ce coup d’état « bête », impopulaire, rétrograde dont le but était la restauration immédiate du régime Compaoré emporté par l’insurrection d’octobre 2014.

Le peuple burkinabè et sa jeunesse remportèrent alors une victoire sur tous les maillons du système Compaore, notamment sa composante militaire incarnée par général Diendéré, le RSP, et une certaine hiérarchie militaire, sa composante politique, sa composante régionale et internationale incarnée par la CEDEAO et certaines chancelleries aux positions troubles.

Cette résistance fut une belle expérience d’unité de forces politiques, civiles et militaires, et surtout l’occasion de renforcer l’esprit de l’insurrection populaire pour espérer à un vrai changement. La résistance victorieuse permit le maintien des institutions de la transition puis l’organisation des élections.

Elle a surtout suscité un engouement populaire sur l’ensemble du pays et l’espoir de voir enfin résoudre les réelles attentes du peuple : le jugement des dossiers judiciaires emblématiques ; les dossiers Norbert Zongo, Sankara, Dabo Boukari, insurrection populaire, putsch de septembre. Mais, que nenni !

Après la grande victoire contre ce putsch de restauration, il n’y aurait plus d’obstacle ; les choses auraient pu évoluer rapidement vers la justice pour les martyrs et résistants tombés héroïquement. Mais, en observant attentivement le développement des évènements judiciaires  notre coalition fait remarquer ceci :

  • la lenteur du traitement du dossier due à une gestion saccadée des étapes de l’instruction, et diverses manœuvres comme la levée en 2016, de façon illégale, des deux juges civiles qui seraient « indociles » à en croire le ministre de la justice.
  • le refus de certains chefs de la hiérarchie militaire de répondre aux convocations de la justice ; certains d’entre (par exemple général ZAGRE, le colonel COULIBALY) eux ayant été gracieusement promu à de hautes fonctions avec immunité par le gouvernement actuel,
  • Les cascades de libérations dites provisoires de maires pilleurs de parcelles, de putschistes, d’hommes d’affaires, de ministres et dirigeants politiques du régime déchus impliqués dans des détournements de deniers publiques, dont certains ont mêmes été réélus sur des listes du parti au pouvoir.
  • la levée au forceps du mandat d’arrêt à la cours de cassation révélée par la presse et les tentatives d’octroyer la liberté provisoire au général Djibril Bassolet vraisemblablement au cœur de l’opération du putsch de septembre 2015.
  • La mise en priorité d’une grande propagande sur le concept de la réconciliation nationale dans laquelle le ballet des acteurs civils et politiques tente de mener l’opinion publique plus vers un scénario plus subtile du pardon de type 30 mars 2001 organisé par Blaise Compaoré et ses alliés d’alors.
  • La déconstruction de l’esprit de l’insurrection populaire aussi bien dans la gouvernance que dans la gestion des questions judiciaires.

Autant de faits notables qui soulèvent des réelles incertitudes sur l’issue de ce procès du 27 février pour tous ceux qui ont résistés. Est-ce que justice sera-t-elle rendue aux victimes et au peuple ? Au vu de toutes les péripéties avant la programmation du jugement, il faut craindre que ce procès ne soit juste qu’une manœuvre pour juste faire bonne conscience qu’une réelle volonté de dire la vérité et de rendre justice aux martyrs et à la résistance des burkinabè.

En effet, les Burkinabès gardent en souvenir le procès d’août 2000 de l’affaire David Ouédraogo fixé après les grandes batailles du collectif contre l’impunité. Dans une parfaite mise en scène, ce dossier avait été complètement émietté pour laisser échapper les principaux concernés notamment François Compaoré frère cadet de Blaise Compaoré. 

Connaissant les expériences judiciaires rocambolesques au Burkina Faso, notre coalition précise qu’elle n’acceptera aucune parodie de procès ou un procès-entente ou quelque manœuvre politicien que ce soit. C’est pourquoi, elle réclame maintenant toute la vérité concernant les exécutants, les concepteurs et les complices du coup d’état de septembre 2015 ! Après ces années d’attentes, toute la lumière doit être faite et justice doit être rendue aux martyrs et victimes.

Par ailleurs, la coalition appelle le peuple burkinabè les amis du peuple burkinabè à suivre avec forte attention ce procès et à « veiller au grain » !

Camarades militants, sympathisants, frères et sœurs,

A mi-mandat du régime actuel, les comptes judiciaires restent très maigrichons si ce n’est pas simplement nuls. Pour preuve, c’est le seul procès qui pointe à l’horizon. Aucun des dossiers emblématiques, Norbert Zongo , Thomas sankara, Dabo boukari, etc. attendus par le peuple n’est jugé et on ne saurait à quel moment? De mêmes, les burkinabè espéraient vivement la résolution des injustes d’accaparements foncières, de parcelles, une justice fiscale et le jugement de gros dossiers de crimes économiques. Hélas! Faut-il espérer des autorités politiques et judiciaires pour rendre justice à notre peuple ?

De toute évidence bien d’autres défis sont à relever et, notre génération caractérisée par la combativité doit s’assumer.

Pour le rendez-vous du procès de ce 27 février , la coalition Ditanyè dont le but est la sauvegarde et le renforcement des acquis de l’insurrection populaire, invite notre peuple à demeurer alerte, vigilant et mobilisé !

Vérité et justice pour les martyrs!

Nan Lara, An Sara !

La coalition Ditanyè

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