Gestion hygiénique des menstrues : « En parler, c’est dans l’intérêt des communautés »

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Parvenir à zéro abandon scolaire en commençant par lever le tabou autour des menstrues, c’est bien possible. C’est la tâche que s’est confiée Catholic relief services (CRS) à travers le projet Koom Yilma  sur l’échelle des écoles des provinces du Bam et du Sanmatenga dans la région du Centre-nord.

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Dans l’optique de cerner la problématique de la gestion de l’hygiène menstruelle chez les filles adolescentes à l’école, tout en mettant cela en lien avec la fréquentation et l’assiduité scolaire, CRS investit dans la formation du personnel éducatif en commençant par les chefs de circonscription d’éducation de base. Des agents du ministère de la santé y ont été associés également.  

L’organisation de la formation intervient suite à un constat lors d’une étude. Des résultats de l’étude menée dans soixante et quatorze écoles primaires des deux provinces par CRS, il ressort des trois perceptions principales de la menstruation qu’elle est « une ’’maladie’’ de femmes » et qu’elle est une « évacuation des ’’saletés’’ ».

L’absence du sujet dans le curriculum scolaire d’enseignements y relatif y est pour beaucoup au regard des chiffres. Sur 39 filles ayant vu leurs règles, 34.9% ont confié recevoir des enseignements sur les menstrues de la part de leur enseignant.

Il ressort également que 60.8% des enseignants n’enseignent pas sur la gestion hygiénique des menstrues (GHM) en classe. Commentant les chiffres,  Cyrille Kéré, de l’ONG CRS,  a indiqué que « c’est principalement le fait qu’il n’y ait pas ça dans le programme ». Toujours selon lui, il y en a qui veulent bien le faire, mais ils sont contraints par l’absence de la documentation.  

Ce qu’a revelé l’étude dans le Bam et le Sanmatenga autour de l’enseignement de la gestion hygiénique des menstrues © capture d’écran

« C’est une problématique », en ce sens que « les menstrues constituent également un facteur qui emmène les élèves à non seulement faire des retards au niveau des écoles,  à s’absenter et voire, à abandonner », observe Brigitte Kaboré en charge de la communication pour le changement de comportement à CRS Burkina autour du projet Koom Yilma. De plus, « le thème est considéré comme étant un tabou, les gens ne veulent pas en parler alors que la réalité est là », entonne Florence Ouédraogo, attachée de santé à la direction régionale du Centre-nord

Devant la soixantaine d’agents de l’éducation et de la santé en majorité des hommes, les deux femmes ne titubent pas sur le choix des mots appropriés. C’est leur manière à elles pour veiller au renforcement des connaissances des participants (hommes notamment) et à la vulgarisation des pratiques autour de la question pour améliorer le rendement scolaire de la jeune fille.

« Les règles sont avant tout biologiques », relève Brigitte Kaboré qui ne cache pas ses espoirs. « Au fil du temps, nous pensons avoir des résultats qui sont plausibles par rapport à la gestion hygiénique des menstrues ». Elle compte pour cela sur les  encadreurs en formation qui vont quant à eux transmettre leurs connaissances aux enseignants l’information qu’il faudra donner aux enfants, aussi bien  aux garçons qu’aux filles « pour qu’on puisse lever le tabou, le silence et appuyer, renforcer cette gestion hygiénique des menstrues au niveau des écoles ».

GHM: « En parler, c’est dans l’intérêt des communautés »

Inoussa Sissao de la direction de la promotion de l’éducation inclusive, de l’éducation des filles et du genre au ministère de l’éducation nationale considère que « la gestion hygiénique des menstrues par les filles n’est pas seulement une affaire de femmes ou de filles » mais « de tout le monde, de la communauté ». Et impliquer les hommes dans la levée du tabou autour de la menstruation, soutient-il, c’est contribuer à éviter que plusieurs filles ne s’absentent, ne ratent de « nombreux » cours, « ce qui joue énormément sur leurs performances scolaires ».

Parce qu’ « il faut en parler », Florence Ouédraogo n’en attend pas plus des hommes présents à la formation. Pour un sujet « pendant longtemps négligé, caché et que maintenant on se met à en parler », elle y trouve de quoi se réjouir. L’effectif des hommes n’est en effet pas passé inaperçu pour l’attachée de santé. « C’est un début de changement (…). Le fait qu’il y ait beaucoup d’hommes dans la salle, c’est une bonne chose », commente-t-elle.

Le chef de la circonscription d’éducation de base de Ziga 1 dans le Sanmatenga Georges N. Ouédraogo prend part à la formation. Il se félicite de la tenue de la rencontre qui espère-t-il, lèvera une zone d’ombre sur des tabous et des préjugés socio-culturels qui pèsent énormément sur cet aspect de la vie de la femme.

Son optimisme a un fondement. « Dans le milieu rural où j’exerce mon métier, à la limite, c’est un crime que de parler de procréation, de sexe », confie-t-il. Pour lui,  dans une communauté comme celle-ci, instruire des hommes sur le sujet dit ’’de femmes’’ pour ne serait-ce que lever le tabou, c’est dans l’intérêt des communautés. Et Georges N. Ouédraogo de partager sa conviction : « la présence effective des hommes va être un déclic. »

Oui Koueta

Burkina24

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Oui Koueta

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