SYNTSHA : Le soutien du bureau national aux sections du Centre-Est

publicite

Dans cette déclaration, le Bureau national du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) apporte son soutien aux sections du Centre-Est.

Le Jeudi 05 avril 2018, les sections SYNTSHA de la région du Centre-Est appellent les travailleurs de la santé humaine et animale de leur ressort à observer un mot d’ordre de grève pour exiger la satisfaction des revendications suivantes :

La suite après cette publicité
  • l’annulation pure et simple des décisions de nomination de nouveaux Infirmiers Chefs de poste (ICP ) et le maintien des anciens à leur poste ;
  • l’arrêt de toute tracasserie et de toute manœuvre vindicative à l’encontre du SYNTSHA et de ses militants dans la région du Centre Est en général, au Koutitenga et à Pouytenga en particulier.

Comment en-est-on arrivé là ?

Cette lutte fait suite à la nomination le 28/2/2018 de 18 nouveaux ICP dans le district sanitaire de Pouytenga en remplacement des anciens. En réalité, ces décisions de nominations  viennent en répression des travailleurs organisés au sein du SYNTSHA, sous-section de Pouytenga pour les actions de lutte syndicales à eux imposés depuis juillet 2017 pour de meilleures conditions de vie et de travail.

Dans un 1er temps, il s’était agi d’exiger la satisfaction de la plate forme revendicative provinciale déposée le 08 mai 2017 et qui contenait des préoccupations spécifiques aux travailleurs du district sanitaire de Pouytenga. A ce niveau, en dépit des multiples interpellations de la sous section, cette plate-forme ne sera jamais examinée jusqu’à ce jour. Mais le véritable  tournant qui va engendrer la crise qui se poursuit est apparu à partir du non respect de la parole donnée par le Médecin Chef de District (MCD) de Pouytenga. En effet, une des revendications non satisfaites s’énonce ainsi qu’il suit : « Arrêter l’organisation à crédit des campagnes de traitement de masse ; transparence dans la gestion des campagnes ».

Face au silence du MCD sur cette revendication, à l’orée de la campagne de chimio prévention du paludisme saisonnier de juillet dernier, les travailleurs ont exigé et obtenu du MCD par la lutte des informations sur le budget de campagne au terme de pitoyables tractations les 27 et 28 juillet 2017 en présence du DRS du Centre-Est. D’apparence banale, cette attitude d’un MCD traduit à tout le moins le mépris qu’il a à l’encontre de ses collaborateurs. Dans un contexte de bonne gestion des ressources humaines et même du simple respect pour les collaborateurs, on pouvait se passer de ces pertes de temps. C’est après cet épisode qu’intervint en début août 2017 l’enquête sur la filariose lymphatique. Là encore, le MCD refuse de communiquer les Termes de référence (TDR) aux travailleurs contrairement aux usages. Cela a eu pour conséquence la rupture du dialogue entre les travailleurs et le MCD notée par l’assemblée générale du 24 août 2017 des travailleurs de Pouytenga. En plus de ce comportement récent, les travailleurs se rappellent que dès la prise de fonction du MCD, le bureau de la sous-section SYNTSHA de Pouytenga est allé prendre contact avec lui pour signifier sa disponibilité et lui présenter les acquis du syndicat avec ses prédécesseurs. Malheureusement, cette prise de contact va tourner court par des menaces et intimidations. Citons quelques propos tenus ce jour : « merci pour la démarche entreprise mais je vous informe que je n’ai pas besoin de l’avis de quelqu’un pour prendre une décision, je fonce, si je trébuche et tombe, je me relève et je continue » «les acquis que vous avez obtenus sont de mes prédécesseurs  mais ce n’est pas sûr que je sois d’accord avec eux », « je vous informe encore que je peux salir le dossier de quelqu’un en cinq (5) minutes ».

Au vue de l’ampleur que prenait la situation à Pouytenga, le 05/10/2017, le Bureau National de notre syndicat a tenu une réunion avec M le Secrétaire Général du Ministère de la Santé autour du sujet. Au cours de l’audience, nous avons été informés de l’envoi à Pouytenga d’une mission de l’Inspection Technique des Services de Santé (ITSS). En réaction à cette nouvelle, nous avons informé le Secrétaire Général du ministère que le Bureau National prenait l’engagement de demander l’arrêt des actions de lutte à Pouytenga en attendant le rapport de l’ITSS. Ce qui fut fait sur le terrain. Mais la restitution dudit rapport promise aux travailleurs dans un délai de deux semaines par la mission pour une sortie de crise n’a jamais eu lieu.

Pendant ce temps, les autorités locales n’ont rien fait pour régler objectivement les problèmes. Pire, le MCD a profité de cette  « trêve » pour procéder à des affectations hors commission ;  interpelé le Haut-commissaire convoque la commission pour corriger les actes du MCD qui, après la séance de ladite commission a nargué toute la commission en maintenant ses affectations en toute impunité. Sur cette question, rappelons que M le Haut-commissaire du Kouritenga, le 23/11.2017 a promis à une délégation du Bureau National qu’il convoquerait incessamment ladite commission pour affecter les 04 travailleurs restants ; mais tenez-vous bien, elle ne s’est réunie que le 17 janvier 2018.

Comme on le constate, la crise s’est aggravée surtout du fait que toutes les autorités administratives, communales et du ministère de la santé ont fait preuve d’une partialité digne d’une république bananière. Au lieu de rechercher les solutions réelles à la crise, ces autorités, la plupart du temps, se sont érigées en soutien aveugle du MCD acharnées qu’ils sont contre les travailleurs et leur syndicat avec une hostilité qui n’avait rien à voir avec les revendications qui leur étaient soumises ; du même coup, elles  ont montré qu’elles poursuivaient d’autres intérêts que ceux des travailleurs qui sont aussi leurs administrés.

Au vu de cette haine organisée par les autorités locales soutenues par le ministère de la santé qui n’a rien entrepris de sérieux pour résoudre la crise, les travailleurs n’avaient d’autre choix digne que celui alors légitime et légal fait par les ICP et qui a consisté à se battre sous la bannière de leur syndicat le SYNTSHA.

Ainsi pour avoir osé critiquer et dénoncer la mauvaise gouvernance du MCD de Pouytenga dans le respect de la règlementation, les ICP ont été relevés de leur fonction au prétexte facile et léger que l’on nomme celui en qui on fait confiance feignant d’ignorer que relever un responsable de son poste est bel et bien une sanction. Or les actions de lutte telles qu’elles ont été menées ne doivent en aucun cas donner lieu à une telle décision. En effet, à notre connaissance, aucune faute administrative n’a été reprochée à un ICP par un responsable quelconque ni verbalement ni par lettre d’explication. La cause évidente de ces sanctions n’est autre que l’option de la voie de la lutte syndicale par ces travailleurs. Et leur choix est juste car nous lisons en page 23 du rapport de mission d’investigation dans le district sanitaire de Pouytenga  de l’ITSS que « De plus, le style managérial de l’Equipe Cadre de District et son MCD ne favorise pas le travail d’équipe qui est une pierre angulaire dans le système de santé ».

Que l’on nous comprenne bien, notre syndicat n’est pas en train de demander des postes de nomination mais dénonce le caractère arbitraire des sanctions prises à l’encontre des ICP de Pouytenga, sanctions qui constituent des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales.

A l’heure actuelle, de nombreux faits ayant eu lieu récemment à Pouytenga confirment s’il en était besoin, que la nomination de nouveaux ICP, vise le démentiellement des structures du SYNTSHA et non le « retour de la sérénité dans le district sanitaire de Pouytenga ». Jugez-en vous-mêmes :

  • les « anciens ICP » ont été enjoints par le Haut-commissaire du Kouritenga d’introduire des « demandes » d’affectation avant le 15 mars 2018 en pleine année scolaire sous peine d’être affecté d’autorité.
  • lors de la prise de service du nouveau MCD le 15 mars 2018, le Maire de Pouytenga a déclaré en résumé qu’à partir de maintenant, en cas de grève ou sit-in, il appellera la population contre leurs auteurs même si cela doit engendrer une crise nationale à partir de Pouytenga.
  • sur décisions des autorités locales, certaines installations forcées des nouveaux ICP appelées à tort passations de service se font en présence des forces de l’ordre mais toutes en l’absence des « anciens ICP » dont certains sont victimes de tracasseries policières sous de fallacieux prétextes. Il est clair dans ces conditions, que les travailleurs notamment les « anciens ICP » déclinent toute responsabilité quant aux  pertes ou dommages constatés dans les services car seule l’administration porte l’entière responsable de cette situation chaotique.

De ce fait, tous les évènements qui ont émaillé ces actions de lutte sont imputables aux autorités qui à tous les niveaux portent l’entière responsabilité des conséquences d’une situation qu’elles ont savamment contribué à envenimer  car après le départ du MCD de Pouytenga le 24 janvier 2018, toutes les activités des agents de santé ont été reprises  le 29 janvier 2018 et cela a été signifié aux autorités locales.

Les actions de lutte syndicales légales et légitimes y compris la non fourniture des TLOH (télégramme lettre officielle hebdomadaire) qui sont des formes de lutte usitées ne sauraient en aucun cas être assimilées à des « fautes administratives » comme le prétend l’ITSS pour justifier la répression abattue sur les travailleurs de Pouytenga. Dans le souci de rechercher des solutions appropriées à cette crise par le dialogue d’abord, le Bureau National a adressé une correspondance le 15/3/2018 à M le Gouverneur de la région du Centre-Est afin qu’il revienne sur sa décision et qu’il œuvre à mettre fin aux tracasseries diverses dont nos militants sont victimes dans sa région. En réponse de sa part, nous n’avons enregistré qu’un silence méprisant.  

Par ailleurs, à travers certains médias, le SYNTSHA a noté des tentatives de discréditer les luttes de ses structures en les banalisant sous forme de vulgaires conflits interpersonnels ou interprofessionnels. Il nous est également revenu des récriminations faites à certains ICP pour lesquelles nous demandons à savoir si cela était avéré qu’a fait le MCD pour les endiguer ?(CF. le quotidien Le pays N°6555 du jeudi 22 mars 2018 page 9).

A travers la crise de Pouytenga et l’incident survenu à Bittou, nous avons constaté et ce jusqu’au ministère de la santé que les travailleurs de Pouytenga ont été réprimés pour activités syndicales et par esprit de vengeance. On a entendu des propos du genre, « si on enlève le MCD sans toucher aux ICP, le district sera ingouvernable ». La leçon que nous retenons est qu’il es inutile et dangereux d’exiger une gouvernance vertueuse à son responsables sous le pouvoir actuel au Burkina Faso. Le cas qui illustre plus clairement nos propos est celui de Bittou où le MCD a frappé l’agent chargé des questions financières pour sa probité et contrairement aux mesures conservatoires attendues en la matière, le Haut commissaire du Boulgou se débat pour le maintenir à son poste contre toute logique et contre l’avis des travailleurs qui ne sentent plus en sécurité sous sa responsabilité. Il a fallu au moins une action de grève pour obtenir son départ. En clair, au Centre-Est c’est la prime à l’impunité pour les responsables quelque soit les fautes commises. Cette gestion partisane et clientéliste est quant au fond l’une des causes principales des problèmes dans les formations sanitaires. Nous nous gardons de détailler ici les mêmes comportements enregistrés en 2015 lors des luttes du SYNTSHA au CHR de Tenkodogo où des risques majeurs ont été évités grâce à la forte mobilisation des travailleurs et à la sagesse de certaines personnalités de la ville.

Le Bureau National (BN) du SYNTSHA salue et soutient la lutte courageuse engagée par les travailleurs de la santé humaine et animale de la région du Centre-Est. Il dénonce et condamne les manœuvres de liquidation de notre syndicat  et de remise en cause du libre exercice des libertés démocratiques et syndicales pour les travailleurs de la santé humaine et animale.

Au regard de la situation, le BN reste convaincu que seules leur mobilisation et leur détermination dans la lutte amèneront les autorités à prendre en compte leurs justes préoccupations contenues dans la plate-forme revendicative.

 L’ensemble des sections du SYNTSHA sont invitées à suivre avec vigilance l’évolution de la lutte des travailleurs de la santé humaine et animale du Centre-Est qui participe de la défense de notre syndicat et de celle des libertés démocratiques et syndicales.

La répression et les tracasseries dont les travailleurs de la santé humaine et animale du Centre-Est en général, ceux de Pouytenga en particulier sont victimes ne sont pas des actes isolés. Elles participent et traduisent la haine nourrie par le pouvoir en place à l’encontre du mouvement syndical authentique qu’il diabolise à souhait en même temps qu’il tente de les opposer aux populations par des manœuvres diverses vouées à un échec lamentable.

Le Bureau National exhorte les travailleurs du Centre-Est à redoubler de détermination pour faire aboutir leurs justes revendications ; Il appelle tous les travailleurs de la santé humaine et animale à une mobilisation sans faille aux côtés des autres travailleurs et de notre peuple dans la lutte ferme pour le pain et la liberté.

Mobilisés, unis et déterminés, nous vaincrons !

  Pour le Bureau National

Pissyamba OUEDRAOGO/

Secrétaire Général

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

B24 Opinion

Les articles signés B24 Opinion sont soumis par nos lecteurs et/ou des libres penseurs et n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page