Mahamady Sangla : « Le Festival Burkina Asia veut vendre le Burkina Faso »

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Mahamady Sangla et Jean Ouédraogo, respectivement président de l’Association des Burkinabè de Taïwan et président du comité d’organisation de la 5e édition du Festival Burkina-Asie, FESTIBA, sont deux valeurs sûres de la diaspora burkinabè. Après leurs études universitaires et un court passage dans l’enseignement pour le premier cité, ils obtiennent une bourse d’étude qui devra définitivement propulser leurs carrières au bout d’une formation de pointe sur l’île de Formose. Faisons un tour d’horizon sur leurs parcours, projets et nous parlerons de la 5ème édition du Festival Burkina-Asie, FESTIBA, qui a débuté ce samedi 28 avril 2018 à Xinzhuang sports park, Taïwan, sous le parrainage Aminata Sana Congo, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de la République de Chine (Taïwan).

Burkina24 (B24) : De Ouagadougou au Burkina Faso à Taïwan, dites-nous tout sur les circonstances qui vous ont conduits ici sur l’île de Formose.

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Mahamady Sangla (M.S.): J’ai  obtenu ma maîtrise en Physique appliquée à l’Université de Ouagadougou, aujourdhui Université Joseph Ki-Zerbo, en 2010. À l’issue de mes études universitaires, j’avais entamé une carrière d’enseignant au Lycée Privé Excelle 2000 et au Collège Horizon international sis à Ouaga 2000. Suites à l’annonce des offres de  bourse  par l’ambassade de la République de Chine Taïwan,  j’ai appliqué et obtenu une bourse du MOFA , entendez par-là, le Ministère des affaires étrangères Taïwanais pour un master à Taïwan .

Jean Ouédraogo (J.O.): Après avoir obtenu mon BAC en 2011 au Lycée Nelson Mandela, je fis une première année universitaire en faculté de médecine à l’université de Ouagadougou. Dans la même année j’ai obtenu une bourse d’étude offerte par l’ambassade de Chine Taïwan au Burkina Faso. C’est ainsi que toute mon histoire avec Taïwan a commencé.

B24 : Comment est la vie d’un étudiant africain et tout particulièrement d’un étudiant venu tout droit de son Faso natal, une fois à Taïwan ?

M.S. : La vie d’un étudiant africain se passe plutôt bien dans l’ensemble. Certes il y a quelques difficultés d’intégration dès le départ notamment  sur le plan socio-culturel. La première difficulté est la langue. Venant d’un pays francophone avec quelques bases anglophones, communiquer devient tout un casse-tête puisque on ne peut s’exprimer et se faire comprendre qu’en anglais ou/et en mandarin. Toutefois, le problème est vite résolu après quelques mois de  cours au  centre  de langue.

Il y a aussi le problème de l’alimentation. Les habitudes culinaires à Taïwan sont très éloignées des mets burkinabè. A moins de faire un tour chez un compatriote, il est impossible de tomber sur du benga ou attiéké au coin de la rue.

Pour les cours à l’université le système éducatif est différent de celui du pays. Nous avons eu des cas  d’étudiants qui  n’ont malheureusement pas pu tenir le coup et sont repartis sans diplôme universitaire. Pour tacler ce problème, nous avons au niveau de l’Association des Burkinabè de Taïwan, ABT, mis en place un  programme de mentorat sur notre site web pour accompagner les nouveaux étudiants. Il s’agit surtout de mettre chaque nouvel étudiant en contact avec un ancien du domaine dans lequel il aspire faire ses études.   

J.O. : La plus grande difficulté au départ c’est bien sûr la langue étant donné que le mandarin n’utilise pas l’alphabet latin que nous avons étudié toute notre vie. En plus de la  langue, on pourrait bien citer la cuisine mais généralement les trois premiers mois suffisent pour  s’y adapter et procéder déjà à l’intégration. Les Taïwanais sont en grande majorité sympas,  généreux et surtout très respectueux, ce qui facilite énormément la vie quotidienne pour toutes les communautés étrangères vivant sur l’île.

Pour ne citer qu’un exemple, le Taïwanais pourrait carrément abandonner ses courses et t’amener à ta destination quand il a le sentiment que tu te sens perdu. J’ai moi-même été plusieurs fois dans ce cas. En plus d’avoir un peuple hospitalier, l’île de Formose à une technologie très avancée ce qui rend le transport, les achats, les soins de santé, les études, pour ne citer que ceux-là, très convenables.

B24 : La Communauté  estudiantine burkinabè ici à Taïwan est assez importante. Notre question est donc de savoir comment s’y prend-t-on pour étudier à Taïwan pour bénéficier de ces formations de qualité qui font de vous aujourd’hui des cadres d’importantes multinationales ?

M.S. : La communauté burkinabè compte environ 150 membres à majorité estudiantine. Il faudrait donc soit obtenir une bourse d’étude (ICDF, MOFA) ou appliquer soi-même dans une université taïwanaise à partir du Burkina Faso afin de pouvoir continuer ses études universitaires à Taiwan. Le moyen le plus simple est de postuler pour la bourse MOFA ou ICDF depuis l’ambassade de la République de Chine Taïwan à Ouagadougou à partir du lien https://www.taiwanembassy.org/bf_fr/cat/8.html.

Les étudiants burkinabè sont en majorité brillants dans leurs universités respectives ce qui en effet facilite nos admissions dans les meilleures écoles du pays et naturellement l’insertion professionnelle après les études.

B24 : Pensez-vous à revenir au Burkina Faso et faire bénéficier de votre expertise dans vos domaines respectifs de compétence ?

M.S. : Oui absolument, nous suivons de très près les initiatives de développement national surtout dans le secteur numérique afin de pouvoir saisir l’opportunité le moment venu pour y entreprendre et partager notre expérience.

J.O. : Oui, sans doute! L’objectif c’est d’accumuler le plus d’expertises possibles tout en suivant de très près le développement de notre Faso natal afin d’y apporter nos solutions le moment venu.

B24 : Est-ce que vous nourrissez un projet, un rêve particulier pour votre pays le Burkina Faso après toutes vos bonnes études ? Si oui lequel ?

M.S. : Oui, je travaille présentement sur un certain nombre de projets que je révélerai au moment opportun et qui sans doute auront  des impacts considérables sur l’avancée de l’économie numérique au Burkina Faso.

J.O. : Oui, en Septembre de l’an dernier, une camarade de classe et moi avons lancé un site web qui offre des cours de programmation en ligne et qui opère présentement au Kenya, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Le but final c’est bien sûr de pouvoir conduire le projet jusqu’au Burkina Faso afin de donner à la jeunesse burkinabè les outils nécessaires contre le chômage.

B24 : Cette question s’adresse particulièrement à Mahamady Sangla en sa qualité de président de l’Association des Burkinabè de Taïwan, ABT, initiatrice du Festival Burkina-Asie, FESTIBA, qui est à sa 5ème édition. Qu’est-ce que le FESTIBA et pour cette pour cette 5ème édition, quelles sont les innovations attendues ?

M.S. : Lancé pour la première fois en 2012, le Festival Burkina Asia(Festiba) est un événement socio-culturel organisé par l’Association des Burkinabè de Taïwan (ABT) et a pour but d’introduire et célébrer  les mets et le sport du Burkina Faso non seulement aux Taïwanais mais aussi aux autres communautés résidant sur l’île.

Cette année comme les éditions précédentes, l’événement connaît le soutien inconditionnel de l’ambassade du Burkina Faso à Taïwan et du service d’attaché de défense représenté par le Colonel Major Kaboré. Toutefois, la particularité de cette 5ème édition est que nous la co-organisons avec  WowAfrica (阿菲卡) qui est un grand  journal taïwanais couvrant exclusivement l’actualité africaine et visant à présenter un visage plus positif de l’Afrique ici en Asie.

Nous connaissons par ailleurs la participation, le soutien financier et moral  de certaines entreprises locales comme OPTI Solar et Mike Hung Products Co. Ltd, du Ministère des affaires étrangères taïwanais, de l’ATEF (Africa Taiwan Economie Forum) représenté par M. Richard Lin, de TABA  (Taiwan Africa Business Association) représenté par M. Jeff Sun. Nous aurons également cette année en plus du football des jeux quotidiens burkinabè et des expositions d’objets d’arts représentant la multi-diversité culturelle du Burkina Faso.

B24 : Quel est le programme de cette 5e édition ?

M.S. : L’activité se tiendra le 28 Avril 2018 entre 8h et 18h à Xinzhuang sports park sous le parrainage de son Excellence Aminata Sana/Congo, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de la République de Chine (Taïwan). Nous aurons les matches du tournoi de  foot et la tenue simultanée de la foire ou « dassandaga » à partir de 11h.

Il y aura la vente de mets burkinabè, l’exposition-vente de produits locaux burkinabè, des jeux et stands d’exposition des sponsors. 

B24 : Un appel à lancer sur cet important Festival qui depuis 5 éditions positionne le Burkina Faso sur le continent asiatique ?

M.S. : Le FESTIBA est ouvert à tous et est gratuit. Seuls les produits consommables sont payants. Nous encourageons surtout les Taïwanais à venir découvrir notre cuisine et notre culture. C’est une vitrine qui leur permettra d’en apprendre d’avantage sur le Burkina Faso. Nous invitons également les autres communautés vivant à Taïwan à y participer.

B24 : Vos mots de fin à l’endroit de vos compatriotes, à la jeunesse burkinabè ?

M.S. : Moi je le dis à chaque fois que j’ai l’occasion, c’est pas le lieu qui fait le succès mais l’ambition et la détermination. En chinois le mot crise est un composé de deux idéogrammes (危 wēi) qui veut dire “danger” et (機 jī) qui signifie “opportunité”. Tout ça pour vous dire que dans la culture chinoise et partout d’ailleurs l’opportunité se retrouve toujours auprès de la difficulté. Et pour un continent comme l’Afrique, les difficultés et les opportunités coexistent. Il ne faut pas souhaiter l’une sans l’autre. Et il suffit d’y croire et travailler durement.

J.O. : Je dirais à la jeunesse africaine d’emboiter le pas du numérique pendant qu’il est temps et commencer à apprendre sérieusement les langues internationales telles que l’anglais et le chinois. Aujourd’hui si vous appelez les bureaux d’Amazon ou Google vous tomberez très certainement sur un numéro indien ou philippin parce qu’ils ont ce qu’on appelle les call centers dans ces pays respectifs.

Pour être bref on n’a plus besoin d’aller aux Etats-Unis ou en Europe pour travailler pour une compagnie qui y opère. Tout ce qu’il vous faut c’est une expertise en demande sur le plan international, un ordinateur et l’accès Internet. Le jeune migrant africain dépense 100 fois la somme qu’il faut pour réunir ces outils pour aboutir soit au fond de l’océan, soit en tant qu’esclave en Libye ou SDF en Europe.

Interview réalisée par Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU                                                                       Burkina24

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