Massacre des migrants: Tout sur cette affaire qui incrimine Yahya Jammeh

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Cette affaire remonte au mois de juillet 2005. Plus de cinquante migrants ouest-africains – nigérians, sénégalais, ivoiriens et environ 44 Ghanéens en transit en Gambie à destination de l’Europe, sont assassinés dans ce pays e dans des circonstances encore loin d’être élucidées. Alors que Yahya Jammeh, dans toute sa puissance de Chef de l’Etat de la Gambie à cette époque, met sous éteignoir ce scandale, les organisations de défense des droits humains et les familles de victimes ghanéennes mettent la pression sur leur gouvernement pour afin d’ouvrir une enquête sur la base de nouveaux éléments de preuve.

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L’ancien chef d’Etat gambien, présentement en exil en Guinée équatoriale, est accusé par des organisations de la société civile ghanéenne d’avoir massacré une centaine d’ouest-africains dont 44 de leurs compatriotes alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe via la Gambie.

Le rescapé

Martin Kyere, 38 ans et unique rescapé de ce périple raconte que dans la nuit du 21 au 22 juillet 2005, avec ses compagnons d’infortune aux nombre de cinquante-six, ils embarquent depuis la station balnéaire sénégalaise de Saly-Mbour avec pour destination les îles Canaries.« Ils nous ont déposés au milieu de la nuit sur la plage de Barra », à l’embouchure du fleuve Gambie du fait de l’océan très démontée, raconte Martin.

Sur une simple dénonciation, le contingent de migrants est interpellé par la police gambienne, très tôt le 22 juillet 2005 puis conduit au quartier général de la Marine. Une partie des migrants est « liquidée » le lendemain de leur arrestation.

Martin Kyere par un concours de circonstance réussit à tromper la vigilance de ses ravisseurs et regagne Dakar sous escorte militaire. L’ambassade du Ghana au Sénégal facilite son rapatriement dans son pays. « Comment peut-on donner un tel ordre,  » tuez les ?  » Des gens inoffensifs comme nous, y compris des femmes, vous les maintenez en détention et vous n’avez pas le pouvoir d’enquêter ? Rien. », s’indigne-t-il treize ans plus tard.

Banjul ne coopère pas face aux nombreuses demandes d’investigation d’Accra. Une mission conjointe de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest Cédéao/Nations unies, est dépêchée en Gambie le 14 août 2008 mais jusqu’à ce jour, aucun rapport n’en est sorti. Dans un bulletin des Nations Unies, il est clairement stipulé que le gouvernement gambien n’était « pas directement ni indirectement » impliqué dans ces assassinats et qu’il s’agit « d’éléments incontrôlés au sein des services de sécurité » gambiens, qui ont agit « pour leur propre compte ».

Nouveaux éléments

Par la suite, la Gambie et le Ghana signent un accord en 2009 pour définitivement « tourner la page ». Dans ce protocole, la Gambie accepte d’octroyer la somme de 500 000 dollars comme réparations à titre « humanitaire » à 27 familles de victimes.

Ces dernières années, des personnes anciennement proches de l’ex-président Yahya Jammeh, ont fait des révélations très compromettantes pour ce dernier qui auraient lui-même ordonné ces assassinats sous prétexte que ces migrants s’apprêtaient à reverser son pouvoir.

Selon un certain Bai Lowe, un ancien chauffeur en exil en Allemagne, membre de la garde républicaine pendant 15 ans au micro d’une journaliste gambienne, « c’était en juillet 2005, nous avons été informés de la présence de personnes qui s’apprêtaient à attaquer la Gambie. Ces personnes ont été arrêtées et conduites dans les bureaux des services de renseignement avant d’être conduites à Kotou et séparées. Nous les avons ensuite amenées à Kanilai. Toumboul (le chef des Junglers, la milice du président) leur a dit :  » nous allons vous tuer dans l’intérêt de la nation « . De Kanilai, un véhicule les a transportés jusqu’à Younor, un village du côté de la Casamance. Puis on les a emmenées deux par deux. Leurs visages ont été couverts d’un sac plastique noir. Ensuite, ils ont été fusillés un à un et leurs corps jetés dans un puits. C’est un grand puits qui se trouve entre le Sénégal et la Gambie et où les éleveurs peuls abreuvent leurs bétails. Ils ont tué et jeté 40 personnes dans ce puits cette nuit-là », révèle-t-il.

Ce que risque Jammeh

« Ces migrants ghanéens et ouest-africains n’ont pas été assassinés par des éléments incontrôlés, mais bel et bien par un escadron de la mort militaire : les Junglers qui recevaient leurs ordres directement de Yahya Jammeh », explique Reed Brody, conseiller juridique à Human Rights Watch.

Si les familles de disparus et les organisations ghanéennes de défense des droits humains arrivent à convaincre le gouvernement ghanéen à ouvrir une enquête et obtiennent des poursuites contre Yahyah Jammeh, elles pourraient déboucher, selon Humain Rights Watch et Trial International sur une demande d’extradition de Jammeh au Ghana pour sa comparution devant la justice ghanéenne.

Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU                                                                                                                                     

Burkina24

Source: RFI

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