Tribune ǀ Burkina Faso : Étudiant noyé, une question de justice sociale

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Ceci est une analyse de Ousmane Djiguemdé sur la situation de l’étudiant décédé par noyade.

Le décès de l’étudiant de médecine en fin de cycle, et qui revenait de garde, par noyade, suscite une réflexion. Avant cela, parler de la mauvaise distribution des services publics (interventions et investissements publics) comme plus dramatique et plus dommageable que les violences en politique, était un discours utopiste et démagogique pour un certain public.

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Mais les sciences et la compréhension du monde évoluent et il faudra s’y faire aussi au Burkina Faso. Valère Somé, avec ses propres termes, l’avait aussi dit, mais a été incompris ! Paix à son âme et à celui de l’étudiant et que Dieu console sa famille et la société.

Décès de l’étudiant de 7ème année de médecin, un crime de trop au Faso ?

On aurait pu s’exclamer « encore un étudiant de 7ème année de médecine ! », comme si l’histoire se répétait car cette fois-ci, c’est une victime collatérale de la mauvaise distribution des services publics qui n’est pas restée anodine. Mais maintenant que l’exemple de cet étudiant est là, que son absence aurait fait échec au projet de préservation de milliers de vie (en fonction du ratio nombre d’habitants/médecin), et que la population s’en rend compte, on peut comprendre mon langage.

D’abord, j’ai toujours dit que notre pays pour se réconcilier avec lui-même a deux préoccupations majeures à résoudre :

  • La 1ère est de travailler à éliminer la grosse injustice sociale qui se manifeste à la fois dans la contribution citoyenne (fiscale et personnelle) au maintien et au développement de l’État. Pour ce faire il faut que l’État œuvre à assurer une bonne distribution des services publics à travers les interventions et les investissements publics. Je suis dans une zone lotie depuis 13 ans où l’État n’a jamais tracé de route alors que les autorités jugent prioritaire de refaire des voiries de la présidence avec mes taxes d’habitation entre autres. Quelle incongruité ! C’est ce sort qui a arraché l’étudiant à notre affection. C’est aussi ce qui démotive d’autres citoyens face à la contribution attendue d’eux.

Alors l’État se doit d’assurer une péréquation dans ces interventions sur la base de statistiques claires et de gestion géolocalisée de ces interventions et des investissements qu’elles vont nécessiter. Cela commence par la tenue régulière du recensement général de la population et de l’habitat. Cela fait aussi de l’IGB et de l’INSD des structures incontournables dans la gestion publique.

Réengager l’État sur le chemin de la justice sociale pour restaurer son autorité

Ce réengagement de l’État ainsi que le respect de ce nouvel engagement, vont contribuer à assurer une contribution citoyenne (fiscale et personnelle) conséquente à son maintien et à sa survie et garantir le succès des chantiers de développement. Mais à cela devra s’ajouter de la sensibilisation, puis de la répression. Si les deux phases sont conduites avec responsabilité et simultanéité, nul ne devra trouver à redire sur la répression de l’État qui passera comme une violence légitime. Alors son autorité s’en trouvera restaurée.

  • La seconde préoccupation est de travailler à l’avènement d’une vraie justice sociale. La justice sociale exige surtout que le texte fondamental soit renforcé sur ses dispositions à garantir et promouvoir l’éthique de la responsabilité des agents et des gestionnaires publics, en contrepartie de la promotion d’une éthique de la responsabilité citoyenne valorisée par la renaissance d’un vrai « Burkindlim » en lieu et place du slogan.

L’irrespect d’une éthique de la responsabilité depuis la Constitution

Il s’agit de comprendre au sommet de l’État que, dès lors que l’habitus politique dans les États modernes a fini par intégrer le projet de société comme élément déterminant dans l’attribution du mandat électif à l’échelle nationale ou locale, il revient obligatoirement au premier responsable d’en assumer la plénitude de la responsabilité et des sanctions qui vont avec, dès lors qu’il en a la paternité. Toute la constitution de la 4ème République est bâtie autour de cette ruse qui a malheureusement été reprise par le projet de nouvelle constitution.

C’est pourquoi j’ai toujours été contre la nouvelle constitution de Me Halidou Ouédraogo et de son équipe qui contredit ces exigences, en reconduisant des dispositions contraires à cette éthique et traduites dans les articles 52, 53, 54 (alinéas 5, 6 et 7) et 69 qui traduisent le tâtonnement de l’État sur la question de l’éthique de la responsabilité, de l’article 86 qui traduit la fuite de responsabilité du Chef de l’État face à l’engagement pris devant les populations en lien avec son projet de société, ainsi que d’autres articles comme les 116, 119, 121, 122 et 128.

Il est nécessaire que, à l’heure où tout semble bloqué pour ce pays et que son avenir est vraiment incertain aujourd’hui, nous devons avoir le courage et l’humilité de reconnaître que nous nous sommes trompés, que la nouvelle constitution de Me Halidou n’est pas adaptée à notre contexte et revenir à la raison.

Comment revenir à la raison au Faso ?

Revenir à la raison suppose simplement cinq (5) priorités :

  • Changer de paradigme en matière de services publics et déterminer par voie constitutionnelle ou règlementaire les nouveaux grands services publics modernes nécessaires à l’État et à l’épanouissement des citoyens et des communautés. C’est ce qui servira de références à l’élaboration des métiers de l’État et des emplois publics essentiels à l’État. Le reste pouvant être à la charge du secteur privé par délégation ou autre moyen, et sous supervision de l’administration ;
  • À partir du moment où l’obtention du consensus devient quasiment impossible à trouver, il convient de constitutionnaliser la redistribution des richesses nationales, effectuée par le biais des salaires ;
  • procéder à un leur nivellement des salaires, des indemnités et avantages en terme de proportion d’écart à ne pas dépasser à l’intérieur d’une catégorie, d’un emploi, d’un métier, qui du reste devront être paramétrés par les arguments de diplôme et titre de capacité, de pénibilité des tâches, de risques encourus, d’effort journalier et de ressources personnelles investies dans l’accomplissement des tâches au profit du service public ;
  • réintroduire avec tout le pragmatisme requis la question de l’éthique de la responsabilité dans la gestion publique, à travers une prise en charge constitutionnelle et règlementaire conséquente, afin d’éviter définitivement les frustrations actuelles et futures, dans un pays où les richesses naturelles ne se renouvellent plus ;
  • relire le projet de constitution au plus vite pour introduire ces questions et procéder au référendum pour instaurer un nouveau contrat social sur la base duquel tous les avantages seront revus à la baisse sans possibilité de concession de droits acquis.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso et éclaire ses enfants !

Ousmane DJIGUEMDE

[email protected]

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