Education au Burkina : Les interrogations d’un citoyen

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Ceci est une analyse d’un citoyen qui se pose des questions sur certains aspects du système éducatif burkinabè.

 Voici venu le temps des examens. Bonne chance à tous les candidats aux différents examens. Cela dit, j’ai plus d’une préoccupation mais je ne sais vraiment pas à qui m’adresser : est-ce à Monsieur le Premier Ministre, à Monsieur Ministre de l’Education Nationale ou est-ce aux syndicalistes. Je souhaite que la bonne volonté qui s’en saisira pour me répondre ne prenne pas mes interrogations comme une revendication même si les revendications tout azimut ont le souffle de l’harmattan.

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Ma première préoccupation concerne l’impôt prélevé sur les parents, les élèves et sur les écoles qui abritent les centres d’examens par les présidents et les secrétaires de jury. Ils ne s’en cachent plus pour exiger une prise en charge en café, thé, boissons sucrées, sandwichs et autres sommes, disent-ils, comme signe de bon accueil, de motivation pour de bonnes notes dans le jury. Une cotisation des élèves, de leurs parents et des établissements qui les reçoivent est alors instituée. Gare à l’élève ou au parent qui refusera ! Pourtant, il est de notoriété publique que l’État octroie des indemnités de surveillance, de correction et de séjour à tous les acteurs de la chaîne des examens.  Ainsi, dès le premier jour, les intendants du ministère de l’Éducation nationale sillonne les centres d’examens pour payer ces indemnités. D’où vient-il alors l’idée de cette forme de prédation ? J’ai entendu un syndicaliste de l’éducation dire un jour que le poisson pourrit par la tête ? Où se trouve donc la tête ici ? Applique-t-on l’adage qui dit que la chèvre broute là où elle est attachée ? Chacun rackette donc là où il est envoyé.

Ma deuxième question concerne le diplôme du Baccalauréat. J’ai plus d’une fois entendu que le Baccalauréat est le premier diplôme universitaire. J’ai alors demandé si le Certificat d’Études Primaires (CEP) est le premier diplôme du secondaire ? Non, m’a-t-on répondu ! Il est un diplôme de fin du primaire. Alors, est-ce le Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) est l’avant premier diplôme universitaire ? Non, m’a-t-on répondu, encore une fois, il est un diplôme de fin du Post primaire ! J’ai alors interrogé pourquoi donc le Baccalauréat est déclaré premier diplôme universitaire ? Il est décidé ainsi comme l’on a décidé qu’une métisse née d’un « nègre marron » et d’une femme rose est … noire. Plus sérieusement, c’est parce que le Bac est le diplôme qui donne droit à l’inscription à l’Université. Rien moins que cela, et c’est la seule raison ?

Non, la deuxième raison est que l’Office du Bac est logé à l’Université. La troisième raison est que la session du Baccalauréat est présidée par un Professeur d’université. Avec un sourire en coin, j’ai relevé que le CEP est le parchemin qui ouvre à tout élève le chemin du savoir, si bien qu’il sert d’étalon à l’Unesco pour vérifier si une personne est alphabétisée ou pas. Quant à la présidence du Bac par un éminent professeur d’université et la localisation du service du Bac, rien n’empêche un professeur d’université de présider le CEP et de localiser l’office du CEP à l’Université.

Mon interlocuteur me montra des signes d’agacement, de gêne, d’énervement. « On ne peut tout de même pas demander à un Prof. d’université de présider le CEP ? Et puis, les per diem d’un président du jury du CEP c’est combien même » ? Et si c’était la vraie question me suis-je dit intérieurement ? Tout est question donc de feuilles… mais pas de logique socratique, me répétai-je à moi-même ? Les professeurs d’université se rueraient-ils donc sur le Bac comme sur un charog…d sur une charogne ?

Les mauvaises langues prétendent que des présidents de jury du Bac exigeraient non seulement que l’on les affecte hors de Ouagadougou pour bénéficier du statut de non résident pour mieux empocher leurs prébendes mais se comporteraient surtout en Seigneur une fois dans les régions. Ils exigeraient ainsi des Gouverneurs un accueil… présidentiel, la meilleure villa et surtout l’antenne parabolique pour suivre leurs films préférés, et maintenant que c’est le mois mondial du football ?

Et comme le dit Chéri Samba, peintre, à propos de la couleur noire des Africains, « pourquoi, ne rectifierions-nous pas ce mensonge » ? Chacun le sait, les candidats au Bac tout comme au BEPC, suivent des programmes dressés par les inspecteurs du second degré. Ces élèves occupent des bâtiments des lycées et collèges relevant du Ministère chargé du Secondaire ; sont enseignés et évalués pendant toute l’année scolaire, notamment le Bac blanc, par des professeurs du secondaire. Mieux, les sujets d’examens sont composés par les professeurs du Secondaire, vérifiés et validés par les encadreurs pédagogiques du Secondaire. Les sujets d’examens du Bac et tout le déroulement du Bac sont supervisés par ces mêmes encadreurs pédagogiques. D’où vient alors l’imposture que quelqu’un qui n’a pas enseigné un élève, n’a pas composé son sujet, ne l’a pas évalué, se donne le toupet de signer un parchemin afin de lui octroyer un diplôme ?

Tibo OUEDRAOGO,

Certifié, session 1969

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