Procès putsch: « J’ai vu Diendéré pleurer, supplier ses subordonnés »

publicite

Etait à la barre du Tribunal militaire, ce mercredi 3 octobre 2018, un accusé pas des moindres. Le Colonel Abdoul Karim Traoré. Magistrat, ancien Substitut au Tribunal militaire et ancien Conseiller technique de Djibril Bassolé au ministère d’Etat, l’Officier d’infanterie est aussi écrivain. L’expert en médiation travaillait au ministère des affaires étrangères au moment du putsch fomenté par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). N’étant pas du RSP, comment son nom s’est retrouvé dans cette affaire politico-militaire ? Explications.

La suite après cette publicité

Le Colonel Abdoul Karim Traoré est né en 1962. Chevalier de l’ordre du mérite et décoré de la médaille d’honneur militaire, il est célibataire père d’un enfant. Il a été impliqué dans la résolution de crises notamment en Algérie, en Côte d’Ivoire, au Mali. Condamné dans le passé à une peine d’amende de 100.000 FCFA pour une publication faite dans un journal, il est poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat dans cette affaire dite « Putsch CND ».

Cet ancien membre du Tribunal militaire nie les faits à lui reprochés. Il a comparu ce 3 octobre 2018 en tenue civile. Un avocat des Parties civiles, Maître Hervé Kam, veut comprendre. Le Parquet, également, estime que le militaire en activité doit comparaître en tenue militaire conformément aux textes. « Ma maison a été dévalisée. Je n’ai plus de tenue militaire. J’ai écrit, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait », fait savoir l’accusé. Le Juge l’autorise alors à poursuivre sa narration concernant la charge retenue contre lui.

L’accusé qui dit être en train de préparer un livre commence par s’incliner à la mémoire des victimes du putsch. Il s’est aussi incliné notamment devant la mémoire de Thomas Sankara et de Norbert Zongo. Le début de son récit, pendant une trentaine de minutes, s’est empreint d’un cours d’histoire questionnant sur la responsabilité humaine face à un fait social. Le Tribunal l’écoute patiemment. « Les évènements des 16 septembre 2015 et jours suivants sont liés à ceux des 30 et 31 octobre 2014. C’est vrai que rien ne peut justifier l’arrestation des autorités », dit-il.

« Si Zida n’avait pas été Premier ministre, on n’allait pas être dans cette crise. J’ai toujours dit aux militaires de quitter la Transition. Diendéré n’était pas le virus Ebola. Pourquoi suspecter aujourd’hui toute initiative de paix ? Ce sont les enfants de pauvres qui sont morts. Diendéré m’a dit qu’il n’était pas intéressé par le pouvoir. Qu’il ne le voulait pas. J’étais soulagé. J’ai proposé au Général la création d’une cellule militaire pour aller aux négociations. Mais, à un moment donné, j’ai vu le Général Diendéré pleurer, supplier ses subordonnés. Il a même été menacé, je ne sais plus par qui. Quelqu’un lui a dit une fois qu’il n’est pas irremplaçable. Golf ne contrôlait pas la chose totalement »

Le Colonel Traoré explique que le 16 septembre 2015, il était à son bureau lorsqu’un collègue l’informe de l’arrestation des autorités. « J’ai pensé à une énième crise entre le RSP et le régime de la Transition », indique-t-il, avant d’ajouter qu’il a finalement pu rencontrer le Général Diendéré tard dans la nuit. « Je l’ai conseillé de ne pas se mêler à cette affaire. Le Général lui-même était dans une posture de sortie de crise. J’ai aperçu trois communiqués en manuscrit et je lui ai demandé de retirer ceux suspendant la Constitution, dissolvant la Charte de la Transition et instaurant l’Etat d’urgence », foi de l’accusé.

Le Colonel Abdoul Karim Traoré reconnaît avoir participé à la rencontre avec les sages. Il acquiesce également avoir reçu la somme de cinq millions de F CFA à lui donnée par le Général Diendéré par l’intermédiaire du Lieutenant-Colonel Bamba. Le Parquet souhaite savoir ce que le mis en cause a fait pour mériter cet argent. « C’était juste un cadeau. Je croyais que c’était dans le cadre de la production de mon ouvrage. Cela n’a aucun lien avec les évènements », se défend le prévenu qui jette feu et flamme lorsque les Procès-verbaux de la Gendarmerie, l’expertise des SMS et des écoutes téléphoniques sont évoqués.

Selon les PV d’audition, en effet, l’accusé aurait reconnu entre autres être l’initiateur du document de sortie de crise proposé aux médiateurs de la CEDEAO. Il aurait également amendé des communiqués lus à la télévision. Rejetant toutes ces affirmations, il précise par ailleurs qu’il a appelé la Directrice de la RTB Télé pour lui proposer de faire passer des messages de paix, en lieu et place des images de manifestations ou de violences.

Pour l’un des avocats de l’accusé, Maître Timothée Zongo, son client a été un volontariste qui s’est malheureusement créé des problèmes. « Il s’est fait piéger », soutient-il. A écouter cependant Maître Hervé Kam, la ligne de défense du Colonel Traoré ne tient pas. L’écrivain, à ses yeux, ressemble plutôt à un acteur. L’audience a été suspendue à 17h. Elle reprend demain 4 octobre 2018, avec toujours à la barre le Magistrat Officier d’infanterie.

Noufou KINDO

Burkina 24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Noufou KINDO

@noufou_kindo s'intéresse aux questions liées au développement inclusif et durable. Il parle Population et Développement.

Articles similaires

4 commentaires

  1. Nous voulions la paix dans notre pays. Mon pays où on avait Lajoie de vivre sans crainte ni peur . Ça nous manque.

  2. Le mensonge bien dit triomphe provisoirement de la vérité.

  3. Le mensonge bien dit triomphe provisoirement de la vérité.

  4. Nous voulions la paix dans notre pays. Mon pays où on avait Lajoie de vivre sans crainte ni peur . Ça nous manque.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page