Souveraineté et sécurité alimentaire au Burkina : « La façon d’investir compte »

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Le Burkina Faso a « une politique qui tend plus vers la souveraineté alimentaire que vers la sécurité alimentaire ».

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Pour l’atteinte de la Souveraineté et sécurité alimentaire au Burkina, la Confédération paysanne du Faso et le Secrétariat permanent des organisations non gouvernementales (SPONG) fédèrent leurs efforts. Les deux entités ont enfourché leur cheval de bataille qu’est le projet de plaidoyer et de contrôle citoyen pour la prise en compte des besoins des petits producteurs dans les politiques publiques agricoles implémentées dans le cadre du Programme national du secteur rural (PNSR phase II).

11,34%, c’est le taux du budget alloué pour 2018 au ministère de l’agriculture dont la contribution au Produit intérieur brut est estimée à un peu plus de 30%. Avec des agriculteurs qui sont à la fois éleveurs ou vice-versa, l’approximation de ce chiffre agace à la Confédération paysanne du Faso (CPF) où les acteurs peinent à comprendre qu’il ne soit pas mis en place, une politique de transformation sur place pour une plus-value.

« Si nous regardons la comptabilité publique tel que nous calculons la contribution de l’agriculture au PIB, les domaines comme l’élevage et l’environnement sont sous-estimés. Extrêmement sous-estimés parce que notre commerce du bétail se fait sur pied. Et la plupart du temps, on chasse. On passe par la brousse. La douane ne saisit pas l’information. Vous imaginez le nombre de milliers de têtes qui passent entre Fada, le Bénin et autres ?, interroge Issoufou Porgo, secrétaire permanent à la CPF. Ce qui passe par les camions, c’est très peu, estime-t-il. La comptabilité publique saisit très mal la contribution d’un secteur comme l’élevage. Et ça, c’est un problème fondamental».

S’assurer une souveraineté alimentaire et une sécurité alimentaire et nutritionnelle  

En porte-voix du secteur rural, la CPF et le SPONG invitent les autorités à décliner leurs approches en matière de souveraineté alimentaire – car « le Burkina peut produire, manger et vendre 98% de ce qu’il veut » et de sécurité alimentaire et nutritionnelle pour éviter à la population de dormir sur la natte d’autrui. « On a une politique qui tend plus vers la souveraineté alimentaire que vers la sécurité alimentaire », analyse M. Porgo.  

Après Maputo, les chefs d’Etat et de gouvernement s’étaient retrouvés à Malabo. Là, de nouveau, ils ont pris l’engagement d’éliminer la faim d’ici 2025, de réduire de moitié la pauvreté, renforcer le financement des investissements dans l’agriculture en allouant au minimum 10%.  « Pour des pays agricoles comme nos pays, 10% c’est dérisoire pour développer notre agriculture, trouve le secrétaire permanent de la CPF. Si nous voulons booster le développement, il faut aller au-delà de 10% ».

A Malabo, se rappelle-t-il, l’évaluation de cet engagement d’allocation budgétaire avait permis de classer le Burkina parmi les meilleurs pays africains qui était autour de 14% d’investissements. Mais là encore, argumente M. Porgo, « la façon d’investir compte » car relève-t-il, « ce n’est pas la quantité qui est mise mais c’est où est-ce qu’on l’a mise ».

Investissement dans l’agriculture: « ce n’est pas la quantité qui est mise mais c’est où est-ce qu’on l’a mise », Issoufou Porgo

De l’implication du secteur privé

C’est un constat désolant que dresse le secrétaire permanent de la CPF. L’option mobilisation du secteur privé pour l’atteinte d’une croissance de 6% dans le domaine agricole provoque chez lui des grincements de dents.

« Nous connaissons notre secteur privé. Si c’est pour aller à Doubaï ou en Chine pour acheter des téléphones et des ordinateurs pour venir revendre, ça, nous sommes d’accord. Mais si c’est pour aller au Sourou pour aménager un hectare et produire du mais, on trouve que ce n’est pas rentable ». Il préfère l’option renforcement de l’agriculture familiale à l’option des agro-businessmen qui « peut avoir un revers ».

Avec pour référence à la vision du PNSR II « à l’horizon 2025, l’agriculture burkinabè est moderne, compétitive, durable et moteur de la croissance économique, fondée sur des exploitations familiales et des entreprises agricoles performantes et assure à tous les Burkinabè un accès aux aliments nécessaires pour mener une vie saine et active », lui aussi peine à cacher  ses craintes. « Si on prend nos terres faire du paprika pour aller le vendre à Washington et autres, ça ne concourt ni à notre sécurité alimentaire ni à notre souveraineté alimentaire », alerte Issoufou Porgo.

« On ne peut pas rester dans les aléas »

Son observation est partagée par Sylvestre Tiemtoré, coordonnateur du SPONG. Lui aussi ne cache pas son étonnement face au potentiel existant (neuf millions d’hectares de terres cultivables dont 59% étaient exploitées, 233 500 ha de terres irrigables dont environ 30% sont exploitées et 500 000 ha de bas-fonds « relativement faciles à aménager », d’importantes potentialités pour le développement de l’irrigation, de la pêche, et de l’aquaculture).

« Les gens pensent que le développement va venir d’ailleurs, s’étonne-t-il. Si vous êtes un pays où vous ne pouvez pas vous nourrir, manger à votre faim, vous continuez toujours de tendre votre main vers la pluie pendant qu’on peut maîtriser l’eau… », a égrené M. Tiemtoré avant de faire part de ses observations. « On ne peut pas rester dans les aléas » à un stade où dit-il, « on devrait avoir maîtrisé la chaîne de production, la culture de contre-saison et être aujourd’hui au seuil de la transformation ».

Au SPONG et à la Confédération paysanne du Faso, tous sont unanimes et déterminés pour inverser la donne. Leur but, fournir les instruments appropriés pour un meilleur suivi citoyen de la mise en œuvre du PNSR II afin d’interpeller les autorités sur les bonnes pratiques à dupliquer et les manquements à corriger pour plus d’équité et de justice sociale.

Oui Koueta

Burkina24

 

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Oui Koueta

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