Khouribga : L’actrice Mouna N’Diaye honorée au Maroc

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On ne lui attribuera pas d’origine ni de nationalité. Elle est tout simplement une panafricaine, une citoyenne du monde comme elle le réclame. Elle, c’est Mouna N’Diaye, actrice et comédienne de théâtre, qui, pour son travail a été  honorée à la 21e édition du Festival de Cinéma Africain de Khouribga (FCAK) qui se tient du 15 au 22 décembre 2018.

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«C’était un peu surprenant parce que moi, de ce que je sais, quand on rend hommage à quelqu’un, c’est quand la personne n’est plus là.  J’ai grandi avec ça; On rend hommage à quelqu’un quand la personne n’est plus là, quand on regrette la personne et donc ça m’a fait sourire. Je me suis dit c’est super. J’assiste de mon vivant à mon propre hommage ».  Ainsi s’est exprimée Mouna N’Diaye face à l’hommage à elle rendu par la Fondation du cinéma africain de Khouribga  à la cérémonie  d’ouverture du festival du Cinéma Africain de Khouribga.

Pour elle,  c’est trop d’honneur pour sa « petite personne », mais un honneur qu’elle prend avec modestie. Parce que des femmes l’ont devancée dans le métier et ont fait leurs preuves.

Nour-Eddine Sail, le président de la fondation, pour sa part, voit en elle une icône africaine. Car, à son sens, ce n’est pas rien d’avoir su incarner un rôle dans un film comme « L’œil du cyclone » et de remporter  tous les prix des festivals africains, FESPACO, Khouribga, Bujumbura, Tunis, Yaoundé. « A la cérémonie, lorsqu’elle est monté sur scène, c’est un très bon moment que le festival ait connu », disait-il pour exprimer toute  l’immensité de l’actrice.

Cet hommage vient comme une consécration de son talent d’actrice, au-delà de toutes les distinctions reçues.  « On dit que nul n’est prophète chez soi. C’est à l’extérieur que ça s’est fait, ça fait plaisir, ça met la barre très haut, ça veut dire que dans mes prochains travaux, je ne devrais pas le faire en dessous de ce qui a été déjà fait », commente-t-elle.

Elle convient que « L’œil du cyclone »  au Fespaco 2015, l’a dévoilée plus au public et ouvre la voie à d’autres lauriers.

« Le FESPACO 2015 m’a porté chance parce que les trois années qui ont suivi, on va  dire que le soleil était au beau fixe, même si je n’ai pas retourné », regrette-t-elle un peu. Puis, elle poursuit : « C’est bien une distinction mais c’est un couteau à double tranchant. Depuis L’œil du cyclone depuis 2015, je n’ai pas tourné. J’ai eu des propositions pour tourner mais il n’y a pas eu un long métrage avec lequel j’ai tourné ».

Mais n’empêche, elle a été présente sur plusieurs festivals, très souvent en tant que membre du jury. Outre cela, elle se consacre à sa production théâtrale, son activité première. En effet, en France pour ses études de médecine, elle est piquée par le virus du théâtre, pour lequel elle opte de poursuivre des études, obtient des diplômes d’études théâtrales supérieures (DETS) et fait ses premiers pas de comédienne et actrice avec feu Sotigui Kouyaté.

« Sotigui Kouyaté, j’en parle particulièrement parce que mon premier rôle dans le théâtre, mon premier film, c’était avec Sotigui Kouyaté ».  C‘est d’ailleurs au théâtre qu’elle joue son personnage d’avocate dans la pièce « L’œil du cyclone », avec laquelle elle tourne pendant dix ans, avant que la pièce ne soit adapté au cinéma, toujours avec elle comme actrice principale.  A noter aussi qu’elle a été désignée la meilleure actrice de l’année à la première édition des « Sotigui Awards », cérémonie de récompense des acteurs du cinéma au Burkina.

Mouna, pour les intimes, a généralement incarné des rôles de justicier comme dans la série policière burkinabè « Marc et Malika », qui l’a rendue célèbre à travers le petit écran.

 Elle est aussi une femme engagée pour la cause des enfants malades de trisomie et enfants otites à travers son association « Maymoudi ». Elle est aussi passée derrière la caméra pour réaliser un film documentaire sur les malades mentaux et engagée pour la cause des femmes.

« J’ai eu la chance jusqu’à présent d’interpréter des personnages de femmes fortes, des femmes qui défendent des causes, qui sont engagées. Dans plusieurs films que j’ai vus depuis petite,  la femme n’a pas une bonne place, elle est reléguée à la femme au foyer, qui s’occupe des enfants, qui monnaie son corps pour s’en sortir pour s’occuper de sa famille. Alors que des femmes fortes, il en existe. On en parle pas encore assez dans nos films mais elles existent, elles sont là ».

Néanmoins, c’est la casquette de maman qui est son rôle préféré. Non pas parce que mère de deux enfants, mais aussi comme personnage responsable qui s’occupe des enfants.

Il est très souvent difficile de lui attribuer une origine à cette femme au physique bien conservé, au teint foncé, avec des traits qui peuvent tromper.

Burkinabè ? Parce qu’elle y vit et a cette nationalité. Sénégalaise ? Quand on se fie à son nom. Voici ce qu’elle répond :

«  Je n’ai pas plusieurs nationalités. J’ai plusieurs appartenances et je suis très fière parce que c’est une richesse, une  chance énorme d’avoir un père d’origine sénégalaise, d’avoir une mère d’origine nigérienne, une grand-mère gambienne, une arrière-grand-mère touareg, d’avoir fait mes études en Guinée, d’avoir de la famille au Mali, d’avoir travaillé des années en Côte d’Ivoire, au Niger, au Togo, Bénin, au Cameroun, et j’ai décidé de poser mes valises au Burkina . Je n’ai pas de nationalité.  Je me sens panafricaine, citoyenne du monde et actrice avec un grand A. Je me sens bien partout».

N’est-ce pas d’ailleurs cette multi nationalité qui lui a valu aussi d’être la tête d’affiche du cinquantenaire et la 26e édition du FESPACO à venir ? En tous les cas, c’est l’une des nombreuses explications données par le délégué général à la cérémonie de présentation de l’affiche : «A elle seule, elle représente l’Afrique »

Comment apprécie-t-elle son image sur l’affiche du Fespaco ?

« C’est é-nor-me,  dit-elle de manière insistante et répétée. Premièrement, parce que je n’aime pas me regarder dans le miroir, sauf si quelqu’un d’autre me maquille. Deuxièmement, je ne regarde pas les films que j’ai faits. C’est peut-être un défaut. Je ne me regarde jamais  à la télé. Donc je ne peux pas me juger. Me voir sur des affiches du cinquantenaire du FESPACO, je me dis qu’est-ce que j’ai fait pour mériter d’être en haut, dans la rue et tout le monde me voit… Mais le mérite revient au public pour m’avoir adoptée. Le public a vu mes films, a jugé et qu’eux (FESPACO) ont fait le bilan et ont jugé bien de me prendre ».

C’est aussi ce panafricanisme qu’elle dit rechercher dans les œuvres. Pour elle, un bon cinéma africain, devrait raconter nos problématiques communes. « Ce n’est pas parce qu’on parle plusieurs langues qu’on n’a pas les mêmes problèmes… Je rêve de tourner dans un film avec un réalisateur marocain, je rêve qu’un  comédien marocain vienne tourner avec un réalisateur burkinabè, ou sénégalais, ou ivoirien, parce que c’est le même continent et ça pourrait faire un sacré film », rêve-t-elle.

«Pour moi pour qu’on puisse aller de l’avant et être compétitif, c’est de faire un cinéma africain avec un grand A et qu’on pense industrie et économie de cinéma comme en inde, au Nigéria, aux Etats-Unis», conclut l’actrice.

Revelyn SOME

Burkina24

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