Me Kam : « Je constate que le général a jeté les armes »

publicite

A sa deuxième journée d’audition à la barre en qualité de témoin « privilégié » du Coup d’Etat car ayant participé aux différentes négociations dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015, l’ancien Président du Faso, Jean-Baptiste Ouédraogo, n’a pas varié dans ses propos, tenus la veille. En somme, la hiérarchie militaire a refusé d’accompagner l’acte posé par les éléments du RSP et ces derniers n’entendaient pas faire marche arrière. Mais dès l’entame de l’audience, les hostilités ont commencé entre le général Gilbert Diendéré et Me Prosper Farama, avocat des parties civiles.

La suite après cette publicité

La parole a été donnée aux avocats des parties civiles, en l’occurrence Me Prosper Farama pour la poursuite des questions et observations, le mardi 12 mars 2019. La veille, le général Diendéré avait « remercié » le témoin pour sa déposition. Alors, questionne l’avocat ce jour : « est-ce que le témoin a parfaitement rendu les faits ? ». « Maître, j’ai déjà répondu à cette question », reprend le général.

La même réponse sera indexée à toutes les questions posées par l’avocat. Las de parler sans avoir de réponses, Me Farama finira par demander si « c’est la peine de continuer cet exercice ». « C’est insensé », dit-il. Se rappelant qu’à un moment du procès, lors de sa déposition, le général Diendéré et bon nombre de ses avocats avaient demandé l’inculpation de la hiérarchie militaire y compris l’ancien Président Jean-Baptiste Ouédraogo et, face au silence de l’inculpé en présence du témoin Ouédraogo, Me Farama lance un commentaire.

« … je devais dormir alors »

« Ce qui me vient à l’esprit, excusez-moi, mais c’est le caractère versatile du général (Diendéré). Il a demandé l’inculpation pour sa défense. Aujourd’hui, il dit qu’il n’a rien à dire », annote Me Farama.  Son confrère Me Kam, des Parties civiles, n’aura guère de succès avec « Golf », surnom du général Diendéré. « En droit de la guerre, on ne tire pas sur un soldat qui a baissé les armes (…).  Je constate que le général a jeté les armes. Il ne veut plus se battre », ajoute Me Kam en commentaire.

Malgré l’intention manifeste du général Diendéré de ne pas donner suite aux questions des avocats des parties civiles, Me Awa Sawadogo revient à la charge.  Selon l’auxiliaire de justice, le général a fait savoir que la première fois qu’il a entendu le mot Coup d’Etat, c’était de la bouche de Mgr Paul Ouédraogo. Elle demande si l’inculpé maintient ses propos. « J’ai fait des déclarations à la barre. Moi, je ne vais plus revenir sur ça », rétorque le général Diendéré.

La question sera alors posée à l’ancien Président Jean-Baptiste Ouédraogo de savoir s’il a entendu ces propos lors des rencontres de négociation. « Il n’a jamais été question de ce que j’entends aujourd’hui. Je ne l’avais jamais entendu, relance le témoin (…). Non, je devais dormir alors (…) ». Rires dans la salle.

Par la suite, l’avocate précise sa question : « Est-ce que vous avez proposé au général Diendéré de prendre ses responsabilités ? ». Le témoin répond : « je n’ai jamais fait cette proposition ». Les regards se tournent vers le général Diendéré pour sa réaction : « J’ai fait ma déposition, je ne vais plus revenir sur ces déclarations ».

Au cours de la journée passée à la barre pour relater son vécu lors des événements de septembre 2015, l’ancien Président Jean-Baptiste Ouédraogo a fait part l’existence de documents, le lundi 11 mars 2019. Ce mardi 12 mars, les avocats de la défense ont demandé qu’ils soient versés dans le dossier pour aider à la manifestation de la vérité. Il s’agit d’un rapport sur la restructuration de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP), d’un Procès-verbal de réunion des Forces armées nationales sur le Cabinet militaire de la Transition et de l’Accord complémentaire secret de la Charte de la Transition. Le témoin a accepté verser lesdits documents dans le dossier du Coup d’Etat.

« …je suis perdu par rapport à Me Farama. Je comptais sur lui… »

Les débats sur ces nouvelles pièces ont accouché d’un autre débat en lien avec la déclaration préliminaire du témoin, faite le lundi 11 mars en début de déposition. Dans celle-ci, l’ancien Président Jean-Baptiste Ouédraogo appelait à une réconciliation nationale. Me Jean Yaovi Degli, avocat du général Diendéré en a profité pour lancer le même appel en prenant exemple sur la conférence de réconciliation au Bénin. Mais pour Me Farama, le lieu n’est pas indiqué. A l’en croire, le présent procès a pour but de trouver des coupables et de procéder à des sanctions.

Les propos de Me Prosper Farama, avocat des parties civiles a, par la suite, fait réagir l’inculpé Nébié Moussa dit Rambo qui était à la barre pour les confrontations. « Très sincèrement, dit-il, je suis perdu par rapport à Me Farama. Je comptais sur lui pour plaider pour nous les petits (…) Je suis tellement déçu que je me vois déjà condamné. On n’a pas fait l’acte pour dire qu’on veut tuer des Burkinabè (…) ».

Le mardi 12 mars 2019, l’ancien Président Jean-Baptiste Ouédraogo a terminé de déposer en qualité de témoin. Mais avant de s’éclipser de la salle d’audience, il a indiqué avoir été « édifié ». « L’essentiel pour moi est que vous arrivez à terminer ce jugement sans autres formes de procès », a-t-il déclaré avant que la séance ne soit suspendue. Elle reprend le mercredi 13 mars 2019.

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page