Putsch : « Mon unique fils est resté dedans »

publicite

L’étape du Procès du Coup d’Etat de septembre 2015 ayant trait à l’audition des Parties civiles a débuté le mardi 9 avril 2019. Près de 300 au départ, c’est finalement une soixantaine qui a été retenue pour passer à la barre. A la fin de l’audience du jour, c’est une vingtaine de victimes ou de parents de victimes qui ont témoigné et qui ont demandé réparation pour les préjudices subis lors des événements.

La suite après cette publicité

De manifestants à simples citoyens vaquant à leurs occupations, plus d’une vingtaine de victimes ont reçu des balles tirées, selon beaucoup de témoignages, par des éléments de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP). De l’émotion, il y en a eu. Des pleurs aussi, à l’instar de Boukary Yelnogo qui a perdu son petit frère lors des événements « vers l’école nationale des douanes » à Ouagadougou.

En narrant les faits à la barre, Boukary Yelnogo n’a pas pu contenir ses larmes. Laissant transparaître à toute l’assemblée, sa tristesse. Selon le frère du défunt, il a laissé la victime sur un banc « vers l’école nationale des douanes » pour entrer en ville. C’est quelques minutes plus tard qu’il est rattrapé par des « gens » qui courraient derrière lui en faisant cas d’un décès. Il retourne alors pour en avoir le cœur net et trouve son petit frère gisant dans son sang. Pendant son témoignage, un lourd silence courait dans la salle. Il n’a pas été le seul à avoir donné de l’émotion.

Jean Sébégo, né en 1957, cultivateur de profession et catéchiste de vocation a perdu son fils, son unique fils, lors du coup de force de septembre 2015. « Richard Sébégo est sorti le 17 septembre pour protester contre l’arrestation de Michel Kafando », relate le père. Signalé au quartier Nonsin dans un premier temps, c’est finalement à la morgue de l’hôpital Yalgado Ouédraogo, « quelques jours plus tard » qu’il retrouvera son fils, décédé d’une balle. « Mon unique fils est resté dedans », précise-t-il.

A l’instar de Jean Sébégo, Etienne Kologho a également perdu son neveu, « l’unique fils de son père et de sa mère », Apollinaire Kologho vers l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF) à Ouagadougou. Selon des témoins qui se sont confiés à Etienne Kologho arrivé quelques temps après le décès de son neveu, celui-ci, marchant au bord du goudron, aurait dégagé la voie pour faciliter le passage d’éléments de l’ex RSP. Ce serait après le passage de ces derniers que la victime a reçu quatre balles. Selon le Parquet, les éléments de l’ex RSP « l’ont pris pour un militant du Balai citoyen au vu de l’habit noir qu’il portait ».

Tour à tour, les victimes ont défilé. Toutes demandent justice et espèrent réparation à l’exemple de Soumaïla Ouédraogo qui a perdu sa belle-sœur, la femme de son petit frère. Celle-ci a été touchée le 17 septembre 2015 au sein gauche alors qu’elle était assise à son domicile. Même si des soins lui ont été administrés, elle rendra l’âme le 20 septembre laissant, en ce moment, un enfant de quatre mois. Le souhait de Soumaïla Ouédraogo est que « le tribunal aide à écrire l’histoire, la vérité, pour l’enfant » qu’elle a laissé.

Lors du visionnage des vidéos dans l’étape précédente, une séquence montrait un jeune homme atteint au cou et gisant dans son sang vers la ‘’Mosquée du Mogho Naaba’’.  De nombreuses personnes le prenaient pour mort lors des débats. Il a témoigné. Abdoul Kader Nikièma est venu à la barre. Né en 1994 et employé de commerce, il se rendait dans une gare pour expédier des articles lorsqu’il est atteint par une balle au cou. La balle est entrée par derrière pour ressortir à l’avant. « Je me suis évanoui. Je suis resté trois mois dans le coma », narre le miraculé.

Des victimes de bastonnades se sont également confiées. Abdoulaye Tarnagda a été « manœuvré » par, dit-il avec conviction, des éléments de l’ex RSP vers le siège du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) lors du putsch. De son moment passé avec « ses bourreaux », la victime indique avoir retenu deux noms : « chef Nébié » et « Rambo ».

L’audience a été suspendue à 17h. L’audition des parties civiles conseillées par Me Prosper Farama se poursuit le mercredi 10 avril 2019.

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

❤️ Invitation

Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour l'intérêt que vous portez à notre média. Vous pouvez désormais suivre notre chaîne WhatsApp en cliquant sur : Burkina 24 Suivre la chaine


Restez connectés pour toutes les dernières informations !

publicite


publicite

Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page