Insécurité routière au Burkina : Diagnostic de chercheurs

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Les accidents de la route  sont la 8e cause de décès dans le monde avec 1,3 million  de morts par an. Ils deviendront la 5e cause d’ici à 2030 si rien n’est fait, selon Emmanuel Bonnet, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) en santé publique, citant l’OMS. Ils sont la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 29 ans dans le monde mais prennent une autre ampleur quand dans les pays africains où cette tranche de la population est la plus importante. Ce constat est bien vérifiable au Burkina dernièrement et notamment à Ouaga avec la mort de jeunes lycéens qui ne cesse de soulever des vagues. Au cours du débat sur l’insécurité routière posé par l’institut Free Afrik ce vendredi 17 mai 2019 à Ouagadougou, le chercheur est revenu explicitement sur les accidents à Ouaga.

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Emmanuel Bonnet, sur la base d’une étude sur la sécurité routière et traumatologie conduite en 2015 sur une période de 6 mois, donne plus de détails sur les accidents à Ouaga et les analyse sous plusieurs angles.

Selon l’étude, en 6 mois, 1867 blessés sont allés à l’hôpital. 39 personnes sont décédées sur la route, entre le moment de l’accident et la prise en charge à l’hôpital, soit la moitié des chiffres qu’affiche l’ONASER pour Ouaga. Environ 7 000 accidents par an, environ 3 800 blessés et des centaines de décès.

Pour plus de fiabilité dans les chiffres, explique-t-il, «nous les avons suivis encore, pendant 7 jours, puis encore 30 jours et là, il y a eu encore 8 morts de cause de ces accidents qui sont entrés dans nos statistiques malheureusement ».

D’après cette étude, 92% des personnes blessées sont celles qui sont sur les deux roues. Une autre statistique  montre que le taux de blessures à la tête est corrélé à ce fort taux de deux roues. 47% des blessés(1867) qui ont été admis à l’hôpital pendant cette étude avaient des blessures portées à la tête.

La cause

Très peu de personnes roulant à moto portent de casque. Citant une autre étude qu’il vient de boucler, il y a une semaine, le chercheur annonce que sur 22 000 motos comptées à Ouaga et Bobo, seulement 4,6% des usagers portent des casques à Ouagadougou. Parmi les porteurs de casque, 65% le portent mal. « Soit, ils ne ferment pas la jugulaire ou le portent à moitié sur la tête ».

25% de femmes portent le casque

 Les femmes ne représentent que seulement 25 % de ceux qui portent le casque. Ce qui vient plus ou moins vérifier ,dira le chercheur, cette information selon laquelle, au Burkina,  les femmes ne veulent pas porter de casque pour ne pas abîmer leur coiffure.

La précédente étude de 2015 avait aussi dressé le profil des accidentés à Ouaga et montre que les plus touchés sont les jeunes hommes.

Les moments où les accidents sont le plus observés sont les heures de pointe. Le matin,  le soir, le lundi matin, le weekend et les fêtes de fin d’année. En revanche, une pique est observée depuis des années dans le mois de mai, notamment les dimanches dans l’après-midi, à la sortie de fête de communion.

L’étude va plus loin et établit la carte des points noirs, des zones accidentogènes de Ouagadougou, les grands axes classiques, la Patte d’oie, Tampouy. De nombreux accidents sont répertoriés  aux intersections à feux parce que beaucoup de personnes grillent les feux et c’est une des principales causes de ces accidents.

Le comportement

 Une étude qu’il aurait fallu que l’Etat poursuive, regrette Emmanuel Bonnet, car pour lui, les chiffres permettent d’agir. « Quand on dit 47 % de blessures portées à la tête, on a des pistes de solutions devant nous « .

Le comportement des personnes est le plus pointé du doigt dans les accidents. Les textes de loi existent. Le permis est obligatoire pour conduire une moto, rare sont ceux qui l’ont.  Mais pour Jean-Baptiste Guiard Schmid, l’un des communicateurs, la question de la sécurité routière relève de la gouvernance. Elle est le reflet social de la situation du pays où le délitement de l’autorité de l’Etat est observé dans plusieurs domaines. 

Les communicateurs se sont aussi penché sur la gestion et la prise en charge des blessés dans l’espace et le temps pour minimiser les conséquences sur la santé humaine. Mais la situation n’est pas des plus reluisantes. II en ressort qu’aussi bien sur la chaîne de secours, que l’accueil dans les hôpitaux et les soins de suite, l’un des principaux problèmes est la disponibilité de l’offre de service.

Revelyn SOME

Burkina24

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Un commentaire

  1. L’Institut des Sciences des Sociétés (INSS/CNRST) a conduit une étude similaire dont les résultats sont connus depuis 2015-2016. Dans cet Institut travaillent des chercheurs (es) burkinabè.
    Il y a lieu de le souligner.

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