Les méditations du pénitent │ Notre vivre ensemble (1/2)

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Ceci est une chronique de l’imam Halidou Ilboudo à l’occasion du mois de Ramadan.

Le mois de ramadan est bien sûr le mois du partage, de la rencontre et du vivre ensemble par exemple. A l’intérieur de la communauté islamique, la vie sociale prend un dynamisme sans précédent. La solidarité est vraiment agissante et visible à chaque coin de rue, entre distribution de vivres, ruptures et autres largesses. Mieux, les autres communautés participent à ces ruptures communes et apportent de quoi passer le ramadan à leurs parents, amis et connaissances musulmans.  Pourtant ces signes apparents d’harmonie cachent des fissures béantes qui sont apparues dans notre vivre ensemble légendaire et exemplaire dans la sous-région.

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Quand on était plus petits qu’aujourd’hui, pour ceux de mon âge, l’étranger était roi chez nous. On lui apportait tout le respect et la considération des gens nobles.  On disait « qu’on lui offrait sa natte quitte à dormir à terre » ; « que le résident mangeait parce qu’il n’ y avait pas d’étranger » ; c’est vrai qu’on désignait les gens par leur ethnie ou leur pays d’origine, comme samogo, mossikè, ou ivoirien ou « toglais » , mais cela n’avait rien de méchant. Et nos parents mettaient un point d’honneur à ce que l’étranger de passage ne voit rien de mauvais chez nous qu’il puisse raconter chez lui.

Aujourd’hui cette morale a foutu le camp. Tu entendras un homme âgé te dire : « ne leur faites pas de cadeaux ; quand nos jeunes vont au Ghana, en Côte d’ivoire ou ailleurs, ils subissent ceci et cela ! » Et ainsi le nouveau Burkina Faso est né. On aime bien son peuple mais pas les autres peuples. Où est l’intégrité que nous chantons si le mauvais comportement des uns doit changer notre bon comportement ?

Quand on était plus jeunes qu’aujourd’hui, pour ceux de mon âge, on se respectait entre fidèles de religions et de croyances différentes. On cherchait à apprendre ce que l’autre n’aime pas pour ne pas avoir à le vexer en l’exposant à cela. Et lui aussi en faisait de même. Nos parents avaient intégré et compris les préférences religieuses comme les interdits des castes, des cultures et ethnies. De même que dans une caste, on pouvait avoir des totems et des interdits sur le mariage, les aliments, ils acceptaient que dans chaque religion on puisse avoir sa spécificité.  Et la différence de croyance dans une famille n’était pas en soi un problème, le respect et la tolérance aidant.

Aujourd’hui, même si nous chantons toujours l’excellence de notre vivre ensemble en le comparant aux pays voisins, il est admis qu’il a énormément perdu en profondeur et en étendue. Sur le plan religieux, l’esprit communautariste est en train de naître, et la ségrégation s’installe.  Et c’est faire preuve de cécité que de ne pas en parler sous réserve que c’est sensible. Malheureusement, ses conséquences sont plus sensibles que ses causes. Et pour s’attaquer à un mal on s’attaque à ses causes ; on n’attend pas ses conséquences !

Il est de la responsabilité des acteurs religieux, leaders comme simples fidèles de s’interroger sur la finalité de notre foi et sa jonction avec la cité et les hommes. Suis-je un calife de Dieu (pour le musulman) et à l’image de Dieu (pour le chrétien), si ma foi ne m’enseigne pas l’ouverture et l’accueil de l’autre ? si je n’aime pas pour mon prochain ce que j’aime pour moi-même ? sommes-nous sur terre pour propager l’amour entre les hommes ou pour les éloigner encore davantage ?

Quand on était plus petits qu’aujourd’hui, pour ceux de mon âge, les hommes et les femmes de nos villes et campagnes étaient plus tolérants. Aujourd’hui, cela est appelée naïveté. C’est quand on est intransigeant, « jusqu’au-boutiste » qu’on est éveillé, cultivé et qu’on a les yeux ouverts. Conséquence, l’incivisme est devenue la règle dans la cité et l’autorité a perdu de sa valeur.

Il est encore temps que nous soignions notre vivre ensemble si on aspire à vivre en une nation. Et en cela, chacun est interpellé car ça nous concerne tous.

 Ramadan est pour nous musulmans un moment où beaucoup de sermons et de prêches sont dispensés ; mettons à profit ce temps béni pour parler ensemble et vivre ensemble.

Bonne suite de ramadan


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Rédaction B24

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