Tribune │ OTAPUANU et DOOFU : Les boys font  proprement le job…

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Ceci est une tribune d’un enseignant chercheur sur la situation sécuritaire du Burkina Faso.

Depuis 2016, le Burkina Faso est  dans   l‘œil  du cyclone  des terroristes. L’hydre  terroriste tisse progressivement sa toile. Les attaques ne sont plus confinées à la partie septentrionale du pays.  Les différentes régions sont touchées d’une façon ou d’une autre.  Mais loin de céder à la fatalité, les Burkinabè ont décidé de faire face au terrorisme avec honneur et dignité. Dans ce registre, il faut saluer comme cela se doit les opérations OTAPUANU à l’Est et DOOFU au Nord  à travers lesquelles les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) mettent l’ennemi en déroute.  C’est un combat patriotique et républicain. Quand la patrie est en danger,  nous devons tous répondre présents sans calcul égoïste. La détermination des FDS et les succès déjà engrangés redonnent espoir. Ce n’est pas un triomphalisme béat. Le Burkina Faso vaincra les forces du mal. A coup sûr !

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19  morts. 13 blessés. C’est le bilan officiel de la dernière attaque  perpétrée par les terroristes le 09 juin dernier à Arbinda. La commune d’Arbinda est située dans la région du Sahel, à 90 km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum , localité située à plus de 210 Km de Ouagadougou. La localité est également frontalière avec le Mal. Pour faire le maximum de victimes,  les assaillants ont décidé de frapper un jour de marché. 

Depuis 2016, le bilan macabre des attaques terroristes ne cesse de s’alourdir tant du côté des populations civiles que des FDS. Les images des Burkinabè fuyant les zones attaquées pour se réfugier dans des endroits relativement plus paisibles sont particulièrement affligeantes  pour un pays qui a pendant longtemps été un havre de paix. Comment comprendre pareille situation ?

Les attaques terroristes contre le Burkina Faso sont en partie dues à sa proximité  avec son voisin septentrional, le Mali. Le cancer de ce dernier, toujours loin d’être soigné, a produit des métastases de l’autre côté de ses frontières. Les terroristes reprochent aussi au pays de fournir des casques bleus à la mission des Nations unies au Mali, d’offrir l’hospitalité à certaines forces spéciales ou encore d’être engagé dans le G5 Sahel dont le Président Roch KABORE  assure la Présidence en exercice.  

Le refus des autorités actuelles de permettre aux terroristes de se servir du Burkina Faso comme base arrière pour perpétrer leur sale besogne ailleurs lui vaut également les représailles de ces groupes qui ne supportent pas ce « crime » de « lèse terroriste ». Il est de notoriété publique que certains d’entre eux  bénéficiaient allègrement du gîte et du couvert au Burkina Faso par le passé. Les temps ont changé. Une nouvelle dynamique est en  cours au pays des hommes intègres.

Montée en puissance et… feu !

Si les FDS ont été quelque peu  prises de court par les attaques du 15 janvier 2016, elles sont, depuis montées en puissance. L’efficacité de la coordination  dans la lutte contre le terrorisme est de plus en plus manifeste. Le changement opéré au niveau du ministère de la Défense et de l’Etat-Major Général des Armées y a beaucoup contribué. Le tandem Chériff Sy-Général Moise Miningou produit des résultats. L’offensive générale lancée contre les terroristes se déroule à travers deux opérations d’envergure : OTAPUANU à l’Est et DOOFU au Nord.

Il était grand temps car le désespoir avait commencé par gagner nombre de Burkinabè. La particularité de ces opérations, c’est qu’elles répondent réellement aux aspirations des populations. Nous avons effectué récemment une tournée dans ces régions où les FDS sont déployées. Les populations se réjouissent de la présence de l’armée à leurs côtés.  Cette présence rassurante et agissante incite de plus en plus de citoyens à collaborer avec les FDS en dénonçant tout acte ou tout regroupement suspect.

L’opération OTAPUANU a été déclenchée depuis le 07 mars 2019 sur instruction du Chef Suprême des Forces Armées Nationales. OTAPUANU, qui signifie en langue Gulmanchema « pluie de feu ou foudre », a été conduite par l’Etat-Major Général des Armées. A cet effet, les Forces Armées Nationales en coordination avec les Forces de Sécurité intérieure se sont déployées dans les régions du Centre-Est et de l’Est. L’objectif principal de cette opération était de restaurer l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays où les populations étaient quotidiennement sous la menace des groupes terroristes et des groupes criminels de tout genre.

 L’opération OTAPUANU  est ponctuée par une phase de reconnaissance offensive, une phase de  stabilisation de la zone, une phase de  consolidation. A l’appel du CEMGA, les Officiers, Sous-Officiers, Militaires du Rang et les Forces de sécurité intérieure sont montés à l’EST et au Centre EST, conformément à l’esprit de sacrifice qui caractérise le militaire. Ils ont été rejoints par le contingent du Bataillon Badenya 6 rentré du Mali pour la circonstance. Alors que l’opération OTAPUANU  se consolide dans les régions de l’Est et du Centre-est, les forces armées sont engagées dans une nouvelle opération dénommée Doofou (déraciner en fulfulde) au Nord.

 Les différents efforts ont permis aux FDS d’arrêter ou de neutraliser des centaines de terroristes. La traque se poursuit. Même si le Général de brigade Moise Miningou félicite et encourage ses hommes pour leur « dévouement soutenu et continu », il reconnait avec lucidité qu’il faut redoubler d’ardeur.  Dans cette guerre asymétrique en effet, l’ennemi change constamment de visage et de stratégie. Après les attaques contre les FDS,  les terroristes s’attaquent à présent ouvertement à des communautés religieuses afin de mettre en péril l’unité nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble  qui ont toujours caractérisé le Burkina Faso. La bataille sera donc rude et de longue haleine. Des réponses globales, coordonnées et systématiques sont nécessaires au plan national et international.

Traquer les terroristes jusqu’à leur dernier retranchement

A l’échelle nationale, il y a lieu de renforcer l’équipement et la formation des FDS.  Les Forces Armées Nationales ont toujours su faire preuve de professionnalisme sur les différents théâtres d’opération. Ce n’est pas pour rien qu’elles sont régulièrement félicitées  et citées en exemple au niveau des missions de maintien de la paix. Le défi dans ce contexte sécuritaire préoccupant est de continuer à protéger les populations, les personnes et les biens et défendre l’intégrité du territoire dans le strict respect des droits humains et du droit international humanitaire.

Ces modules sont enseignés dans tous les centres de formation militaire au Burkina Faso. La hiérarchie veille à leur application. En cas de bavure (il en existe dans toutes les armées du monde), les contrevenants sont  sanctionnés conformément à la discipline militaire. En dépit des incessantes attaques, force est de reconnaitre que les FDS s’évertuent à rester républicaines. Les opérations de sécurisation du territoire sont menées en respectant le principe de la gradation de la force que sont successivement le simple contrôle, l’interpellation, l’arrestation et la neutralisation en cas de nécessité. A titre d’exemple, il y a à ce jour environ 700 présumés terroristes détenus dans les prisons de haute sécurité. C’est à l’honneur de l’armée. Des organisations comme human rigths watch doivent se le tenir pour dit.

Il faut aussi et surtout disposer d’un système de renseignement adéquat. 27 ans durant, le système de renseignement de ce pays a reposé plus sur des individus que sur des institutions.  Avec les nouvelles menaces, le Burkina Faso se retrouve le dos au mur avec un système de renseignement totalement exsangue. Il faut tout rebâtir. 

Conscient de cette nécessité, le Président du Faso, a, à travers le décret N°2018-0566/PRES promulgué la loi N°026-2018/AN du 1er juin 2018 portant règlementation générale du renseignement au Burkina Faso. Cette loi consacre l’Agence Nationale de renseignement (ANR) comme organe de coordination du renseignement. L’institution pilotée par le Colonel-major de Gendarmerie François de Salles OUEDRAOGO joue un rôle déterminant en matière de sécurité et de sûreté de l’Etat.

On se rappelle encore de l’opération du 22 mai 2018 menée par l’Unité spéciale d’intervention de la Gendarmerie nationale (USIGN) qui a permis de démanteler le réseau terroriste de Rayongo. La contribution de l’ANR a été décisive pour parvenir à cet éclatant succès. Tous les jours que Dieu fait, le renseignement éclaire bien des décisions pour le bonheur des Burkinabè. En matière justement de renseignement,  les populations doivent nécessairement collaborer. Toute information sur des personnes suspectes, doit être signalée aux FDS directement ou par téléphone(16,17,1010 ).

Enfin, les valeurs socioculturelles d’entraide, de fraternité, de coexistence pacifique nonobstant la pluralité ethnique et linguistique doivent être préservées. C’est elles qui font le socle du Burkina Faso. Les leaders religieux et coutumiers sont interpellés à ce niveau. Ils doivent être des artisans de paix en promouvant le dialogue interreligieux, en rejetant la stigmatisation et toute forme de radicalisation.

Les efforts nationaux doivent, au plan international,  s’accompagner d’une diplomatie active pour maintenir et élargir le cercle des  pays amis du Burkina Faso à même de l’aider à lutter efficacement contre le terrorisme. Ici, la realpolitique s’impose.

Sémantiquement, Otapuanu et Doofu sont de belles trouvailles.  La lutte contre le terrorisme est aussi une bataille idéologique, une bataille des symboles. Avec la foudre et le feu, les terroristes seront déracinés, réduits à néant. Qu’en conclure donc ? FDS, go ! go ! go!

Jérémie Yisso BATIONO

Enseignant chercheur

Ouagadougou

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