Tribune – « … Et si les Burkinabè ne méritaient pas la paix ? »

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Dans cette opinion, qui prend des allures  de coup de gueule, un citoyen s’exprime sur la situation sécuritaire du Burkina Faso.

Nous y voilà ! Le Burkina Faso, jadis havre de paix il y a si peu, se trouve aujourd’hui  ciblé par des hommes et des femmes décidés à nous  infliger les pires châtiments de l’histoire pour deux raisons essentielles :

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  • Primo pour avoir osé l’insurrection qui a consacré la chute de l’ancien régime ;
  • Secondo, et par voie de conséquence,  pour avoir cessé de flirter  avec le diable (nébuleuse terroriste tant chérie et affectionnée durant le règne COMPAORE).

Cette donne met tout le monde d’accord sur les origines des affres du terrorisme  que nous subissons et point n’est besoin d’une spécialisation dans les hautes études géostratégiques pour s’apercevoir que ce divorce était un mal nécessaire qui devait être assumé par n’importe quel régime responsable : le cas  d’Ossama Ben LADEN utilisé par les USA pour régler les comptes au rival russe en est une parfaite illustration. Le 11 septembre 2001  a rappelé aux tout-puissants Etats-Unis d’Amérique et au monde entier  qu’il y a toujours un prix à payer  en dinant  avec le diable.

 A l’ouverture du procès du Président du CND et de ses acolytes,  présumés « injugeables » au Burkina Faso, le terrorisme  nous a mis en garde par l’attaque quasi simultanée de l’état major de l’armée et de l’ambassade de France. La litanie des carnages s’est étalée en s’amplifiant et deux semaines avant le  verdict  du 2 septembre 2019, Koutougou  s’est embrasé et une semaine après le verdict, une trentaine de civils sont grillés en signe de réaction à cette décision de justice. Chaque jour que Dieu fait, nos soldats et nos civils sont assassinés  par dizaines pour la bonne et simple raison que le peuple burkinabè a choisi de s’émanciper  et de s’assumer à partir des 30 et 31 octobre 2014. Même  au-delà de nos frontières, tous les analystes  qui  s’efforcent de trouver une raison à  la déferlante barbare qui s’abat sur le Faso, aboutissent invariablement aux mêmes conclusions : c’est le cas notamment du journal MALIACTUINFO, un journal en ligne malien qui, dans sa parution du 28 août 2019,  s’est demandé pourquoi  Iyad Ag GHALI, à la tête d’un des groupes  terroristes les plus puissants  et  les plus sanguinaires s’en prend au régime de Ouagadougou . Réponse : « il est à la fois ami de la France mais aussi l’ami commun au trio burkinabè (Blaise, Diendéré et Bassolé) ». Fin de citation.

Au regard de cet état des lieux très délicat dans lequel se trouve notre pays, des institutions, des Etats et des peuples frères et amis nos apportent au quotidien leur soutien (le Mali, la Côte d’Ivoire, le Niger, la France, les Etats-Unis, la Suède, le Danemark, l’Union Européenne, le G5 Sahel…).

Curieusement, à l’intérieur du Burkina Faso, des Burkinabè font bloc contre la patrie et crient à qui veut l’entendre qu’ils ne sont aucunement concernés par les  atrocités de la terreur et encore moins la menace contre l’intégrité territoriale  de la terre qui les vus naitre : ceux-là, ce sont les syndicalistes ou en tout cas des corporations qui se réclament comme telles et qui visiblement n’ont de priorité que la chasse effrénée aux indemnités et autres avantages liée à leur fonction ; toute chose qui fait penser à l’opinion publique que la justification de ces agissements saugrenus et contre nature est à rechercher ailleurs.

Autrement, quelle est l’urgence sinon la décence de bloquer le fonctionnement des services publics ou de réclamer des avantages pécuniaires ou corporatistes ici et maintenant au moment où chaque citoyen a le devoir de manifester sa  participation à l’effort de guerre ?  Pendant que les fanatiques de AQMI,  du MUJAO, du GSIM ou de Ansar Dine tuent, blessent, ou brûlent vifs des Burkinabè, des syndiqués  de la santé par exemple, pour leur part achèvent ces blessés  et ces malades en  refusant de prodiguer des soins ; ces soins pour lesquels ils émargent à chaque fin du mois aux frais du contribuable. Les enseignants en font de même, les secrétaires, les gestionnaires des ressources humaines, les agents de liaison, les GSP, les policiers et que sais-je encore ! Quel message donne-t-on à ces pauvres soldats qui, jusque-là, obéissent sans broncher à l’appel de la nation en exposant leur vie pour protéger la nôtre et protéger notre cher Faso ?

Le Burkina Faso va droit dans le mur, s’il n’y est pas déjà : face à la persécution tous azimuts dont ils ont fait l’objet en Europe, des particuliers, pour ne pas  dire des individus, se sont concertés et  se sont organisés pour gagner la plus grande gageure de tous les temps : se créer à eux et pour eux, une patrie dans laquelle tous les persécutés de leur race se retrouveront.

Malheureusement, en dehors d’évocations bibliques, ces gens-là ne disposaient ni d’un territoire, ni d’un peuple puisqu’ils étaient éparpillés en Europe (Europe centrale et Est, dans les Balkans) en Russie…  En 50 ans d’abnégation et de don de soi, (soit de 1897 à 1948) ces hommes ont créé Israël au grand dam du monde arabe, un Etat parmi les plus puissants au monde sur tous les plans. Cette exception juive devrait être enseignée aux enfants burkinabè, non pas  dans l’optique magnifier le sionisme mais plutôt pour leur inculquer les valeurs de  combativité et de  rigueur.

Au Burkina Faso, nous avons déjà un territoire, une population et une souveraineté, trois éléments constitutifs d’un Etat au sens du droit international et nous ne sommes même pas capables  de surseoir un moment à nos instincts mercantilistes pour faire face à une invasion terroriste. Que faut-il de plus grave ou de pire pour rappeler les  assoiffés de pouvoir, les manipulateurs, et autres prétendues OSC à la cause nationale ?  un tsunami ? un typhon ?  un cyclone ?

Comme alibi, c’est l’incapacité du régime à éradiquer les groupes djihadistes qui est pointée du doigt : les fonctionnaires du Burkina se comportent un peu comme ce couple qui se rend au ciné et qui assiste à un film d’horreur : à la fin de la séance, le couple plaisante en ces termes : « c’est très horrible mais  l’unique responsable du drame se trouve être le réalisateur  du film et non le monstre qui croquait les humains ».   De la même façon, nos syndicats et certains leaders politiques du Burkina Faso sont persuadés que la menace  n’est pas tant les terroristes qui nous acculent, mais plutôt le réalisateur (Roch) qui en est la cause : il suffit de le débarquer  du perchoir pour arrêter la tragédie : FAUX.  Car on en a vu au Mali, où des aventuriers prétextant l’incapacité du pouvoir à contrer les islamistes, ont débarqué Amadou Toumani TOURE (ATT), mais quelques mois plus tard, n’eut été l’intervention des forces françaises, Bamako sombrait inévitablement dans l’escarcelle des terroristes.

A la décharge du Président KABORE, aucune nation aussi puissante soit-elle, ne peut prétendre éradiquer le terrorisme : l’Afghanistan et l’Irak sont des exemples vivants où les meilleures armées au monde peinent depuis des décennies à maitriser les talibans. Autre fait marquant qui curieusement n’intéresse personne, c’est aussi la victoire sans appel de l’armée nationale sur les djihadistes dans  la région de l’Est à travers l’opération OTAPUANU. Ceux-là mêmes qui avaient hâtivement déclaré l’Est comme définitivement conquise par les terroristes manquent d’honnêteté aujourd’hui pour reconnaitre que Roch y a rétabli l’ordre !

Enfin, ce manque de moyens dont on parle tant pour équiper les forces armées : en admettant sans détours que ces moyens manquent, c’est une évidence !  En avons-nous suffisamment même pour investir dans les secteurs sociaux ? Ces prétendus intellectuels qui râlent à n’en pas finir et qui en veulent très souvent aux occidentaux  ignorent-ils que 77% des investissements réalisés au Burkina Faso proviennent de l’aide publique au développement ? Sommes-nous l’unique pays sahélien où les moyens militaires manquent pour faire face à l’ennemi ? Quelle expérience capitalise le Burkina dans la lutte contre le terrorisme ? A-t-on déjà perdu de vue que nous avons hérité d’une armée dont les principales missions étaient destinées à la pérennisation d’un pouvoir  à vie ? Comble d’hypocrisie, comment,  en période de guerre, on peut à la fois refuser de produire en décrétant des débrayages quotidiens dans les services publics afin d’obtenir des augmentations d’indemnités tout en déplorant l’insuffisance des moyens mises à la disposition de l’armée ? En voici une alchimie bien burkinabè !

A sa charge, le Chef de l’Etat a le dos trop large : voici le seul Président au monde qui accepte sans coup férir de combattre les agressions extérieures (djihadistes) tout en ménageant les ennemis de l’intérieur (frondeurs de tout acabit). Pendant que les soldats et les civils sont égorgés ou grillés par des « charcutiers » d’un autre âge, des Burkinabè  « normaux » ne trouvent rien d’autre à faire que de parader dans les rues pour réclamer leur gombo et réitérer  leurs avertissements et leurs menaces contre le gouvernement.  Ce qui est tout à fait leur droit.

Sauf que cette fois,  le Président du Faso doit s’assumer et fixer les règles du jeu : autrement, comment combattre efficacement le terrorisme si du jour au lendemain les policiers sont fondés à fermer leur  commissariat, les GSP à boucler leur prison, les secrétaires à confisquer leurs registres, les greffiers à bouder les audiences, les écoliers à descendre les couleurs en plein midi, les civils à lyncher à mort les policiers, les villageois à incendier les installations ou équipements privés ou publics,  les voyous à cadenasser des institutions comme les préfectures,  les mairies ou autres services publics ?  

Du Préfet au Ministre, si vous ne savez pas trouver des compromis ou des compromissions avec vos agents ou vos administrés, n’allez pas compter sur le droit ou la réglementation : c’est l’ère de la rue au Faso et il y a péril en la demeure, avec ou sans menace terroriste.  A tout point de vue, si le Chef de l’Etat ne sonne pas  la fin de la récréation, l’histoire retiendra qu’il a laissé faire ; s’il s’assume sans être écouté ou suivi, l’opinion publique retiendra qu’il n’est pas un magicien mais qu’il a fait ce qu’il avait à faire.

Ambasda SANDWIDI

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4 commentaires

  1. L’analyse est pertinente en plusieurs des points évoqués mais présenter les attaques djihadistes comme une fatalité contre laquelle on ne peut rien est plutôt grave.
    Car tout laisse à croire qu’on devrait s’habituer à tous les jours enterrer nos morts civils comme militaires, parce que en Afghanistan ou en Irak c’est comme ça ! PERSONNE NE PEUT VENIR À BOUT DE CE FLEAU!
    C’est quand même fort de café !
    Et de là, le gouvernement n’a plus de compte à rendre sur la situation sécuritaire du pays: dix morts aujourd’hui, vingt demain, cinq après demain il faut accepter la situation comme telle et vivre avec.
    Des policiers qui abandonnent les commissariats parce qu’ils n’ont rien pour se défendre, on oublie car on n’y peut rien dans tous les cas.
    Les attaques terroristes s’arrêteront le jour où elles s’arrêteront, point barre!
    Soyons plus sérieux !

  2. Propre! Et comme dit l’autre, « quand les temps sont durs, le sage construit des ponts tandis que l’imbécile érige des barrières »!

  3. L’analyse de Mr. Sandwidi est très juste et pertinente dans tous ces points. J’ai particulièrement aimé la mention sur « ces prétendus intellectuels » qui passent leur temps à attribuer nos problèmes à l’occident et au FCFA. Même si ces affirmations sont plausibles, il n’en demeure pas moins que l’heure n’est pas à l’indexation, mais plutôt au concours de tout un chacun, de quelque manière que ce soit pour aider à stabiliser le Burkina Faso. A l’image des t-shirts BURKINBILA que nous voyons ici et là, passons maintenant à l’oeuvre en démontrant un patriotisme concret. Le bien-être du Burkina et de l’Afrique ne dépend de nous et uniquement de nous.

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