Journée mondiale de la contraception 2019 : Pour un Burkina Faso où chaque grossesse est désirée

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Ceci est une déclaration du Groupe de plaidoyer Stop Grossesses non désirées (Stop GND) et Stop Cancer du col de l’utérus (Stop CCU), à l’occasion de la journée mondiale de la contraception célébrée chaque 26 septembre 2019.

A l’occasion de la journée mondiale de la contraception 2019, le groupe de plaidoyer « STOP grossesses non désirées », en abrégé « STOP GND » et « STOP cancer du col de l’utérus », « STOP CCU) réaffirme son engagement en faveur des droits sexuels et reproductifs des populations en général, et des adolescents et jeunes, en particulier.

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C’est l’occasion de saluer les efforts inlassables accomplis par les pouvoirs publics, les ONG et associations ainsi que les partenaires techniques et financiers, pour faire de ces droits une réalité. Sans conteste, la coalition informelle née le 25 août 2015 dans l’optique de veiller à la promotion et la protection des droits en matière de santé sexuelle et de la reproduction, tient à faire un point d’honneur à la mesure de gratuité des soins et des méthodes  de planification familiale, décidée par le gouvernement le 26 décembre 2018, et qui a amorcé sa phase pilote depuis le 1er juin dernier.

Avec, certes, des hauts et des bas, les échos qui nous parviennent des deux régions expérimentales (Cascades et Centre-Ouest), notamment un regain d’engouement pour les méthodes contraceptives, finissent de convaincre sur la justesse de la mesure. Si avec la forte subvention des produits d’espacement des naissances, une grande partie de la population pouvait penser que les coûts sont supportables, ce n’était pas le cas des populations rurales reculées dans les villages ou même des jeunes sans emploi. Pour ceux-ci, il peut être difficile de débourser même 100 F ou 500 F pour acheter un contraceptif.

C’est pourquoi, nous appelons à la poursuite de l’œuvre salvatrice de la gratuité, par le passage à l’échelle, comme prévu, en rectifiant les mauvais tirs  des quatre premiers mois de mise en œuvre. Une meilleure sécurisation des produits et des intrants, ainsi que le renforcement des capacités du personnel pour faire face à une demande plus forte, entre autres, sont des préoccupations à aplanir pour atteindre les objectifs de faire passer le taux de prévalence contraceptive moderne de 22,5% (Enquête sur le Module Démographie et Santé2015) à 32% en 2020.

La réalisation d’une telle ambition commande aussi la prise en compte des besoins spécifiques des adolescents et jeunes en matière de planification familiale, à travers des services conviviaux. Cela leur permettra d’avoir accès à la bonne information, aux méthodes adaptées et aux soins appropriés, le cas échéant, pour se prémunir efficacement contre les grossesses non désirées ainsi que les paternités précoces, susceptibles d’entamer dangereusement leur scolarité, leur santé, voire leur avenir.

En effet, les adolescents sont souvent sexuellement actifs, ce que la société peine à admettre, alors que les transformations sociétales sont telles que, les rapports sexuels ne se produisent plus exclusivement dans le cadre de l’union. Chez ces hommes et femmes en devenir, avec le bouillonnement des hormones qui entraîne toute une série de transformations tant physiques que mentales, un désir sexuel commence à se faire sentirassez tôt. Et si rien n’est fait, une grande majorité se jette à l’eau sans avoir les informations sur leurs corps, ni sur les conséquences parfois désastreuses pouvant découler des relations sexuelles précoces, encore moins sur les moyens pour se protéger.

Une conjugaison de facteurs qui explique, en partie, la forte participation de cette frange de la population à la fécondité générale. Selon l’Enquête démographique et de santé 2010, la dernière EDS en date dans le pays, la fécondité des 15 à 19 ans représente 139 sur 1000 femmes, contre un taux global de fécondité générale (15 à 44 ans) de 206 pour 1000. Ces adolescentes (15-19 ans), qui constituent 19 % de l’ensemble des femmes en âge de procréer, contribuent donc pour 11 % à la fécondité totale des femmes. Or, pour les spécialistes de la santé de la mère,les conséquences médicales (risques obstétricaux pour la mère et de prématurité pour l’enfant) font considérer les grossesses chez les adolescentes comme des grossesses à haut risque.

Une étude réalisée par la Société des Gynécologues et Obstétriciens du Burkina (SOGOB), en collaboration avec la mission Burkina de Médecins du Monde France sur les grossesses adolescentes de 13 à 17 ans dans 5 formations sanitaires de la ville de Ouagadougou, montre que ces grossesses se sont soldéespar un avortement dans 12,9% (103 / 797) des cas et un accouchement par césarienne dans 19,2% (153 / 797) des cas. Sans oublier que les grossesses chez les adolescentes, le plus souvent non désirées, aboutissent à l’exclusion familiale et/ou sociale des filles, des abandons d’enfants ou des infanticides, des avortements provoqués dans des conditions très déplorables.

Une pensée pour les déplacés internes

En matière d’Interruption volontaire de grossesses (IVG) au Burkina Faso, le principe est l’interdiction par loi (code pénal du 31 mai 2018). Toutefois, l’IVG est autorisée dans certains cas (3), notamment quand la santé de la mère est en danger ou il y a une malformation du fœtus, à condition que cela soit diagnostiqué par 1 médecin. Egalement, il est possible d’avoir recours à l’avortement en cas de grossesse issue de viol ou d’inceste, à condition que l’âge de la grossesse se situe dans les 14 premières semaines.

Ces « exceptions » du code pénal de 1996, repris dans le code en vigueur, restent, jusque-là, méconnues du grand public, et même des acteurs (médecins et magistrats) chargés de concourir à leur application. En plus, certaines lourdeurs liées aux procédures et à la « rareté » des personnes devant donner le quitus,  s’érigent en obstacles aux femmes éligibles à l’IVG, les contraignant parfois  à recourir aux avortements à risque. Egalement, il ne serait pas superflu de mener la réflexion dans le sens d’un élargissement des conditions d’accès à l’avortement sûr et légal, conformément à l’article 14-2.c du Protocole de Maputo (y incluant la santé mentale et l’agression sexuelle).

Par ailleurs, en produisant la présente déclaration, le groupe « STOP GND », « STOP CCU » s’est sentiinterpellé par la situation inquiétante des personnes déplacées internes, qui fuient les menaces et attaques terroristes en proie dans leurs zones de résidence. Parmi ces 289 000 personnes (une estimation en ce mois de septembre) accueillies sur des sites informels et formels dans les régions du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel, il y a des couples, des femmes et des filles qui ont besoin de se protéger contre les grossesses non désirées.

Ce n’est pas parce que ceux-ci sont en situation humanitaire qu’ils vont arrêter la vie sexuelle, un besoin naturel. Par conséquent, ils ont les mêmes besoins et désir d’informations sur la santé sexuelle et reproductive et les services y relatifs, que leurs semblables dans des situations de non-crise. Pire, dans ces situations de vulnérabilité, les risques de grossesse sont aggravés pour les adolescentes qui sont plus exposées aux rapports sexuels forcés, à l’augmentation de la prise de risque et la disponibilité réduite des services de Santé sexuelle et reproductive des adolescents (SSRA) et de la sensibilité à ces services, peut-on lire dans une étude publiée en décembre 2012 par la Commission des femmes pour les réfugiés (WRC), Save the Children et le Fonds des Nations Unies pour la population.

C’est dire qu’un plan d’urgence de planification familiale au profit des PDI ne serait pas de trop dans les efforts du gouvernement, des collectivités territoriales, des PTF, des ONG et associations, etc. pour offrir à celles-ci le minimum vital, dans la dignité.

Pour le groupe « STOP GND », « STOP CCU » :

-Les Jeunes ambassadeurs pour la Santé de la reproduction et la planification familiale (JA-SR/PF)

-Le Mouvement d’Action des Jeunes de l’Association burkinabè pour le Bien Être Familial (MAJ/ABBEF)

L’Association des étudiants en médecine (AEM)

L’Association des femmes juristes du Burkina Faso (AFJ/BF)

-L’Association des journalistes et communicateurs en Population et Développement (AJC-PD)

-La Société des Gynécologues Obstétriciens du Burkina (SOGOB)

-L’Association burkinabè des Sages-femmes et maïeuticiens (ABSF/M)

-L’Association pour la promotion des sages-femmes et maïeuticiens d’Etat (APSFME)

-L’association SOS Jeunesse et Défis (SOS/JD)

-L’Association Mère Térésa de la Charité

-Afrika Tomorrow

-Le Réseau des Parlementaires Femmes et Développement du Burkina Faso (RéPaFeD/BF)

-Entre Jeunes du Faso

-Juristes sans frontière

-La Ouagalaise

-L’Association des Etudiantes pour la Promotion des Droits de la Jeune fille

-Fondation KIMI

-Association Yerelon+

-AFAAC

-Association l’Ecole des Citoyens (ASEC)

L’organisation pour de nouvelles initiatives en développement et santé au Burkina Faso (ONIDS/BF)

-L’ONG Médecins du Monde France mission Burkina(MdM/F)

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