Dossier Thomas Sankara : « Il serait bon pour Blaise Compaoré lui-même de venir au Burkina » (Me Farama)

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Le mardi 15 octobre 2019 marquera le 32e anniversaire de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara. A la veille de ce triste anniversaire, le collectif des avocats constitués aux cotés des ayants-droit du père de la révolution burkinabè se sont prononcés sur le dossier judiciaire en cours, lequel « a connu une évolution notable ».

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Cela fait déjà 22 ans, qu’une plainte contre X a été déposée entre les mains du doyen des Juges d’Instruction du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou pour assassinat de Thomas Sankara et pour faux en écriture administrative.

Après deux décennies, que peut-on retenir de l’état d’avancement du dossier Thomas Sankara ? C’est la question à laquelle le collectif des avocats devait répondre.  Me Julien Lalogo, Me Prosper Farama, Me Jean-Patrice Yaméogo et Me Bénéwendé Stanislas Sankara étaient là. Seul grand absent, Me Dieudonné N’Kounkou, celui là même qui a osé « dans un contexte de terreur politique » en 1997, accepter se constituer pour la famille de Thomas Sankara en portant plainte. Le natif de Kinshasa (capitale de la RD Congo) a passé l’arme à gauche le 29 juillet 2019 dernier dans sa ville natale. Ses confrères ont tenu à lui rendre un hommage.

Parmi l’assistance, Simon Compaoré, Président  par intérim du MPP  et Mousbila Sankara (ancien ambassadeur sous Sankara)

L’enquête a révélé beaucoup d’éléments qui suffisent déjà à aller au jugement…

 « Ayant accès au dossier comme tout autre avocat, nous pouvons attester maintenant que le dossier suit normalement son cours et a connu une évolution notable avec de nouvelles inculpations et avec le reversement par la France de deux lots de documents déclassifiés », indique Me Bénéwendé Sankara. Un troisième lot des documents déclassifiés par la France est toujours en attente. Une attente jugée trop longue par le collectif des avocats, et qui semble freiner la procédure.

De toutes les façons, ce que ces documents peuvent apporter, « c’est de conforter ce que le juge a dans son dossier », estime Me Prosper Farama. Selon lui, la non transmission de ces documents, ne saurait constituer un blocage pour l’avancement de ce dossier. « Parce qu’avec ou sans les documents déclassifiés de la France, l’enquête avait suivi son cours, l’enquête a révélé beaucoup d’éléments qui suffisent déjà à aller au jugement », précise-t-il avant d’ajouter que c’est dans l’intérêt de la France de transmettre les dossiers à la partie burkinabè.

« S’il y a des difficultés que ces documents ne viennent pas, tant pis pour la France. Parce que de mon point de vue, celui qui a le plus intérêt à ce que ces documents puissent être transmis, c’est d’abord l’Etat français, parce que les Burkinabè et pas mal d’Africains pour ne pas dire pas mal de citoyens dans le monde,  ont une présomption d’implication de la France dans l’assassinat du président Thomas Sankara. Est-ce que c’est vrai ou c’est faux ? Personne n’en sait grand-chose aujourd’hui. Et si la France a la bonne idée de fournir ces éléments, je pense que c’est dans son intérêt d’abord. Parce que ça pourrait mettre hors de cause ou impliquer soit des personnalités de l’Etat français ou l’Etat français lui-même » (Me Prosper Farama, un des avocats de la famille de Thomas Sankara).

Comme il fallait s’y attendre, la question de l’expertise ADN non concluante des supposés restes de Thomas Sankara est revenue dans les échanges. Sur ce sujet, Me Bénéwendé Sankara explique que le juge a commandé trois types d’expertise que sont l’enquête balistique, l’autopsie et l’expertise ADN.

A en croire l’avocat, l’enquête balistique et l’autopsie, ont donné des pistes fiables et crédibles au juge.

« L’enquête balistique permet au juge de déterminer quels sont les types d’arme qui ont été utilisés pour commettre le crime : les balles et les douilles ont été retrouvées. Il y a l’autopsie : Aujourd’hui dans la reconstitution des faits, on sait combien de balles à peu près le président Sankara a reçues. On a retrouvé aussi dans les tombes les objets que les familles ont reconnus. Il y a même des pièces d’identité qui ont été retrouvées dans les tombes », rassure Me Sankara.

 Me Prosper  Farama, lui se veut plus tranchant sur l’idée selon laquelle l’expertise ADN n’ayant pas abouti, on pourrait se retrouver avec une difficulté à établir la culpabilité de ceux qui sont poursuivis dans cette affaire.

« C’est faux de faire croire aux gens qu’en droit pour établir la responsabilité pénale d’un auteur présumé, il faille établir une expertise ADN. Il y a chaque jour que Dieu fait, des procédures en assassinat, en meurtres. Jamais on ne requiert même une expertise ADN. Pour autant, on arrive à des condamnations. L’objectif premier de cette expertise ADN, c’était moins d’établir des liens de preuves entre d’éventuels coupables et l’assassinat que de rassurer la famille de l’identité exacte de la personne enterrée dans la tombe qui était supposée être celle du capitaine Thomas Sankara. Aujourd’hui, les éléments qui sont au dossier et les faisceaux d’indices qui sont dans le dossier sont à notre avis suffisants pour aller en procès. Maintenant qu’il y ait d’autres éléments de façon superfétatoire qui puissent concourir à l’établissement de culpabilité des uns et des autres, c’est un plus, mais jamais ça ne pourra enlever quoi que ce soit au dossier », (Me Farama).

L’autre obstacle soulevé par le collectif d’avocats, c’est la non-exécution par la Côte d’Ivoire des mandats d’arrêts émis contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando tous deux, objets de procédure d’extradition depuis les 07 et 11 mars 2016.

Il serait bon pour Blaise Compaoré lui-même de venir au Burkina  (Me Prosper Farama)

Sur cette question, Me Prosper Farama conseille l’ex-président du Faso Blaise Compaoré de regagner son pays pour se défendre.

« Il serait bon pour tout le monde, pour la conscience collective burkinabè, pour Blaise Compaoré lui-même, et même ses supporters, qu’il puisse venir au Burkina et être entendu par la justice, qu’il puisse se défendre et donner sa version. Parce qu’autrement, il ne faudrait pas qu’après on nous dise qu’il y a un jugement qui a été fait et qu’on n’a pas respecté les droits des uns et des autres, parce qu’il sera jugé sur la base des éléments qui sont dans le dossier s’il refuse de venir se défendre. J’ose espérer que le mandat qui a été émis, s’il refuse volontairement de venir répondre devant la justice de son pays, sera exécuté ».

De l’avis de Me Farama, si dans la procédure d’extradition de François Compaoré (inculpé dans l’affaire Norbert Zongo), la France a été coopérative, il n’y a pas de raison qu’entre pays africains, la Côte d’ivoire refuse d’exécuter un mandat émis par un autre Etat africain, « parce que ce sera la porte ouverte à une forme d’impunité sur le continent africain », conclut l’avocat.

Maxime KABORE

Burkina 24

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