Luc Adolphe Tiao : « Déjà en 2014, il y avait des visées terroristes sur le Burkina Faso »

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Le dernier Premier ministre de Blaise Compaoré, Luc Adolphe Tiao, a parlé dans les colonnes de L’Observateur Paalga. Il s’est exprimé notamment sur la question des attaques terroristes, la modification de l’article 37, le retour de Blaise Compaoré et son rapport à la justice.

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L’ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao ne croit pas que les tenants de l’ancien régime soient derrière les attaques terroristes qui frappent le Burkina Faso. D’abord, il demande des preuves. « Si on apporte les preuves que les membres de l’ancien régime sont en complicité avec les terroristes, je serai le premier à m’en démarquer et à les condamner. Je ne crois pas que ce soit la meilleure façon de chercher à revenir au pouvoir ou la meilleure façon d’aider le Burkina Faso à avancer« , déclare-t-il. 

Ensuite, il révèle que l’œil du terrorisme lorgnait  le Burkina Faso bien avant la chute de Blaise Compaoré, pourtant considéré à l’époque comme étant en bons termes avec la plupart des responsables des groupes terroristes qui attaquent le Burkina aujourd’hui. Et là-dessus, l’ancien Premier ministre apporte une information : 

« Je ne suis pas très proche des services de renseignements, mais ce que je peux vous dire, c’est qu’en 2013 déjà, nous avions de petits groupuscules qui prêchaient dans certaines mosquées au Sud-Ouest. Le président m’a alors instruit de voir avec le ministre Jérôme Bougouma et avec l’armée pour suivre de plus près ces agitations parce que lui-même, ça l’inquiétait. En réalité, je peux dire que déjà en 2014, il y avait des visées terroristes sur le Burkina Faso ».

S’interdisant de donner des leçons, il déclare néanmoins se poser des questions sur la stratégie adoptée par les dirigeants en place.

Sur un autre sujet, notamment l’insurrection populaire, Luc Adolphe Tiao révèle qu’elle a été une surprise pour lui. La preuve, le 30 octobre 2014, le jour de la déflagration et de l’incendie de l’Assemblée nationale, il était à son bureau, comme d’habitude, lorsqu’il a appris que l’hémicycle a été brûlé par les manifestants. Une erreur d’appréciation de cette éventualité et également de l’état d’esprit des Burkinabè que le dernier occupant de la Primature sous Blaise Compaoré confesse aujourd’hui.  Extraits de l’interview accordée à L’Observateur Paalga: 

«(…) Pour nous, le jour J était une manifestation comme les autres. Ça a été sans doute une erreur d’appréciation, une erreur politique. Nous n’avions pas pris toute la mesure de la situation assez rapidement.

(…) A l’époque, nous ne pensions pas vraiment que nous n’étions pas en phase avec les aspirations de la majorité des Burkinabè. Rien ne nous interdisait effectivement de réviser l’article 37. C’était un droit dont nous avons voulu user. Quand vous êtes en politique, vous défendez vos positions, mais ce n’est pas toujours que vous pouvez prendre toute la mesure des choses.

Donc, nous n’avons pas été très visionnaires pour savoir qu’effectivement cette révision de l’article 37 pouvait entraîner très facilement le renversement du régime ».

Autre révélation dans cet entretien, le natif de Pouni informe qu’il n’a pas quitté immédiatement le Burkina pour la Côte d’Ivoire où il a passé 18 mois d’exil. Il n’y est allé qu’en mai 2015, après avoir fait un tour en France pour une soutenance et lors duquel séjour il a  affronté un AVC. Et son départ pour l’Eburnie, il l’explique par la nécessité de soigner cet AVC et de passer rendre visite à Blaise Compaoré. C’est ainsi que le putsch de septembre 2015 le trouve aux bords de la lagune Ebrié. 

Il explique toutefois qu’il n’a jamais été dans son intention de quitter son pays et qu’il y est revenu du reste, malgré de nombreux avis défavorables de ses proches. « Je me suis dit ‘mieux vaut être chez soi même en prison‘ », a-t-il confié aux journalistes de L’Obs.

Maintenant, il dit n’aspirer qu’à la tenue de son procès, où il comparaît solidairement avec les membres de son gouvernement. Luc Adolphe Tiao donne justement rendez-vous à ce procès pour tout dire sur la fameuse réquisition qu’il aurait signée, permettant aux forces armées d’ouvrir le feu sur les manifestants le 30 octobre 2014.  « Ce petit passage a été une épreuve extrêmement douloureuse pour moi, mais quand nous serons devant la justice on pourra mieux nous comprendre », commente-t-il.

« Dans cette attente, je suis très reconnaissant aux Burkinabè parce que depuis que je suis rentré au pays je n’ai pas à titre personnel rencontré d’hostilités de leur part. Je sors, je me promène, je vais partout, souvent les gens m’encouragent, me félicitent.

Ce qui me fait dire que les Burkinabè en tant que tels ne sont pas rancuniers. Je ne souffre pas d’ostracisme. Mais je souffre quelque part, car tant que je n’aurai pas l’occasion de m’exprimer devant le tribunal, de me faire juger, je sens qu’il y a quelque chose qui me pèse sur le dos.

Et plus vite ce procès aura lieu, plus vite nous serons soulagés, contrairement à ce qu’on pense. Nous regrettons que ce procès traîne jusque-là. Personnellement, je souhaite qu’il ait lieu le plus vite possible, que nous puissions nous exprimer devant la justice et que les Burkinabè puissent se faire une idée de ce qui s’est passé. (..) Je passe de très bons moments à Pouni où je fais de l’agriculture et un peu d’élevage ».

Luc Adolphe Tiao, L’Observateur Paalga, 31 octobre 2019

Enfin, Luc Adolphe Tiao a réaffirmé la volonté de Blaise Compaoré de revenir au Burkina Faso.  « Le mal du pays, il est réel« , dit-il. Mais son ancien Premier ministre estime que les conditions ne sont  pas encore réunies pour qu’il revienne. Et il tourne son regard vers le palais de Kossyam. « Au niveau de la base, je pense qu’il n’y a pas de problème. Mais il faut qu’au niveau des tenants du pouvoir, cette volonté (de le laisser revenir, NDLR) existe« , conclut-il.

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