La Gestion du capital humain : De la nécessité d’une reforme de nos administrations sociales ?

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Au Burkina Faso, en tant qu’employeur ou travailleur, vous serez amené à être en relation avec les principales institutions en charge des relations sociales et de travail (Direction du Travail, Caisse de Sécurité Sociale, Office de Santé des Travailleurs, Agence Nationale pour l’Emploi).

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Dans un contexte de recherche d’efficacité, de besoin de proximité avec leur clientèle respective et probablement en raison de leur caractère publique, ces institutions ont atteint des limites structurelles mais aussi de fond pour remplir leur mandat de service publique tout en optimisant leur fonctionnement.

Entendons-nous, il ne s’agit pas de faire leur procès car elles sont la résultante d’un héritage colonial non souhaité. Nous nous attacherons donc à une simple analyse des institutions telles qu’elles sont perçues par leur clientèle (les citoyens burkinabè).

Cette semaine nous nous intéresserons donc à l’institution communément appelée « Inspection du Travail » qui est un démembrement de la Direction Générale du Travail.

Par décret n° 2011-465/PRES/PM/MFPTSS/ du 20 juillet 2011 portant organisation du MFPTSS (abrogé jusqu’en 2016), il est prévue que la Direction Générale du Travail participe à la réalisation des missions du Ministère, en matière de promotion du dialogue social, de la règlementation, des relations professionnelles et des normes internationales du travail.

A ce titre, elle est particulièrement chargée, d’élaborer, de suivre et d’évaluer la règlementation en matière de travail ; de participer aux instances où sont discutés les problèmes de travail ; de prévenir les conflits collectifs et individuels de travail par le dialogue social ; de régler les conflits collectifs de travail qui s’étendent sur les ressorts territoriaux de plusieurs directions régionales du travail et de la sécurité sociale ; de contribuer à la promotion du tripartisme et du dialogue social ; de suivre les relations avec les institutions nationales, régionales et internationales spécialisées en matière de travail ; de suivre les activités des institutions et organisations professionnelles de travailleurs et d’employeurs ; de participer aux négociations et de suivre, en rapport avec les Ministères compétents, l’application des conventions en matière de travail passées avec d’autres pays ; d’apporter assistance et conseil, en matière de travail, aux Burkinabé travaillant à l’étranger, et ce, en rapport avec les Ministères compétents ;  d’assurer le suivi et l’évaluation du volet social des restructurations, des liquidations et des privatisations d’entreprises ;  d’assurer le contrôle de la migration de main-d’œuvre ; de promouvoir et de mettre en œuvre les principes et droits fondamentaux au travail.

D’autre part, l’Inspection médicale du travail a essentiellement pour missions de participer à l’élaboration des textes relatifs à la sécurité et santé au travail ; contrôler sur le plan technique en étroite collaboration avec les services compétents des ministères chargés du travail et de la santé et de toute autre institution publique ou privée compétente, l’application de la législation et de la réglementation en matière de sécurité et de santé au travail ; contrôler et conseiller les services de santé au travail ; constater toute infraction à la réglementation nationale de sécurité et de santé au travail.

Cette institution pour ceux qui ont eu l’opportunité de la fréquenter s’est avec le temps, consacrée à l’aspect répressif de son mandat vis-à-vis des employeurs ne respectant pas la totalité des dispositions de la règlementation du travail et à son rôle de « médiateur » entre des plaignants à l’occasion de plaintes déposées par des parties en conflit à leur niveau.

Ceci s’est fait au détriment de ces autres rôles fondamentaux (dans le contexte du Faso) qui est de notre avis de sensibiliser et d’accompagner les acteurs sociaux au respect de l’esprit de la règlementation et à sa mise en œuvre en fonction de leur contexte.

Cette institution gagnerait à réorienter ses priorités sur deux axes prioritaires. Ainsi, il s’agirait de faire de cette institution :

Une institution chargée de réfléchir à une règlementation du travail qui tiendrait compte du besoin impérieux de développement social et économique du Burkina Faso avec ses contraintes évidentes et de fait (activités agricoles et secteur informel dominant, illettrisme de la majorité de la population, complexité de la règlementation du travail et de ses procédures) et en tenant compte de notre culture et de notre identité profonde. Les résultats de ces réflexions permettraient dans un premier temps de développer un cadre règlementaire soucieux de justice sociale telle que perçu culturellement dans notre diversité (le travail salarié ne devrait pas être de l’esclavage déguisé et le créateur d’emploi ne devrait pas être nécessairement perçu comme un esclavagiste), ils permettraient également de veiller à offrir un cadre de référence en phase avec notre environnement réel (quitte à faire évoluer ce cadre par pallier successif) mais surtout ne pas être une pâle copie de la règlementation française qui dispose de plusieurs décennies d’avance tant en terme social qu’économique par rapport au Burkina.

Une institution chargée de sensibiliser et de disséminer auprès des acteurs sociaux l’esprit de la loi et les textes règlementaires en matière de relation de travail. Rares sont les professionnels des RH (parmi tous ceux que j’ai eu la chance de côtoyer) qui ont bénéficié d’un accompagnement de cette institution sans en avoir fait la demande expresse. En général, ce n’est que lorsqu’ils subissent un contrôle ou lorsqu’ils sont convoqués dans le cadre de la naissance d’un conflit potentiel qu’ils pourraient bénéficier de l’accompagnement tant nécessaire. Mais rarement voir jamais « a priori » et selon une démarche volontaire de l’institution.

Il nous a été donné de rencontrer des personnelles exceptionnelles dans cette institution, des personnes ayant un talent et une passion pour leur métier. L’institution en sa forme actuelle ne leur permet malheureusement de contribuer à hauteur de leur plein potentiel pour leur pays et les cantonne à ce rôle fort ingrat de contrôle et de répression des employeurs. Lorsque l’on veut sincèrement le bien d’une personne, on la conseil et on l’éduque avant de la réprimer et de la sanctionner.

Je retiens deux sagesses populaires :

« Que ton aliment soit ton seul remède ! », alors alimentons nous de ce que notre culture a de meilleure à nous offrir pour sublimer nos relations de travail sans toujours copier sans discernement des textes et un esprit à mille lieux de notre identité.

« Il vaut mieux prévenir que guérir ! », alors investissons nos volontés dans la prévention des pratiques malsaines qui peuvent naître dans une relation de travail qui reste nécessaire et bénéfique aux parties, sans prendre systématiquement partie et stigmatiser une des deux parties. Si tout le monde comprend l’esprit de nos lois et qu’elles sont légitimes, elles s’appliqueront tout naturellement et sans contrainte excessive.

Ouagadougou, le 15/11/2019

BIOGRAPHIE

Omar KONATE, économiste de formation a fait l’essentiel de sa carrière dans le domaine de la gestion du capital humain dans des organisations privées et internationales. Il est à présent Directeur général de K. People International, un cabinet qu’il a fondé en 2015.

 

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