Burkina : « Le secteur minier est toujours attractif », selon Toussaint Bamouni

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Depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à des attaques récurrentes à caractère terroriste. Plusieurs sociétés minières régulièrement installées sont touchées à cause de leur lieu d’implantation dans les zones qui subissent régulièrement ces attaques. En début novembre, un convoi de la mine de SEMAFO a été attaqué dans la région de l’Est. Le bilan fait état de 38 morts et de nombreux blessés. Quel est l’impact de ce contexte sécuritaire sur l’activité ? Des mesures sont-elles prises pour plus de sécurité pour ces sociétés  minières ? Est-ce que le Burkina Faso a perdu son attractivité ? Telles sont, entre autres, les questions soumises par Burkina 24 à Toussaint Bamouni, le jeudi 15 novembre 2019. Il est le Directeur exécutif de la Chambre des mines du Burkina (CMB).

Burkina 24 : L’insécurité touche beaucoup les zones minières du Burkina. Quel est l’impact de cette situation sur les minières dans la globalité ?

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Toussaint Bamouni : L’insécurité touche effectivement le pays, l’ensemble du pays et bien sûr en particulier les zones minières. L’impact c’est que, au niveau des sociétés minières, les budgets consacrés à la sécurité ont explosé. Donc les coûts liés à la sécurité ont connu une hausse vertigineuse parce que les compagnies minières ont engagé beaucoup de frais pour pouvoir sécuriser les exploitations et continuer leurs opérations.

Au niveau de l’exploration par exemple, il y a des zones qui sont aujourd’hui presque inaccessibles à cause de l’état d’urgence et bien sûr de l’insécurité. Vous savez comme moi que sans la recherche minière, il est difficile de perpétuer l’exploitation minière. Donc c’est important que la sécurité revienne, que les techniciens puissent refaire de la recherche afin de découvrir le gisement qui demain donnera un sens à la mine.

Burkina 24 : Et quel est cet impact en termes de chiffres ?

Toussaint Bamouni : En termes chiffrés, cela dépend des mines, parce que toutes les situations ne sont pas les mêmes au niveau de chaque mine. Mais d’une façon globale, les coûts ont vraiment connu une hausse. Les mines ont eu besoin de prendre du personnel en plus, elles ont également eu besoin de s’équiper en plus. Je n’entrerai pas dans les coûts parce que c’est difficile, c’est spécifique à chaque mine. Mais, il faut reconnaître que les budgets ont vraiment explosé. Ce sont des charges nouvelles qui sont venues alourdir les budgets de la mine.

Burkina 24 : Tout récemment, il y a l’attaque d’un convoi de SEMAFO faisant 38 morts selon le gouvernement. La Chambre des mines a-t-elle pu mesurer les conséquences de cette attaque ?

Toussaint Bamouni : Dès les premiers instants, la chambre des mines était aux côtés de la société SEMAFO qui est membre de la chambre des mines pour compatir avec elle, porter notre compassion auprès des victimes et des familles des victimes. Elle s’est déplacée à l’hôpital de Tengandogo pour rendre visite aux malades et les encourager et depuis nous avons continué à apporter le support que nous pouvons à la société SEMAFO.

Pour la première fois, cet attentat touche ce que la mine a de plus cher, c’est-à-dire ses travailleurs. Ces travailleurs qui constituent la première richesse de l’entreprise. Ce sont des choses qui n’étaient jamais arrivées. Par conséquent, il faut tirer des leçons et voir comment est-ce que, avec les autorités gouvernementales qui ont le rôle régalien de sécuriser le pays, qui ont le rôle régalien de sécuriser les investissements, les investisseurs et les travailleurs, comment on peut faire de telle sorte que cela ne se reproduise plus.

Nous sommes en relation permanente avec la mine parce que comme je vous l’avais dit, c’est un membre de notre institution. C’est normal qu’après un tel choc, il y ait beaucoup d’émotions et effectivement les activités ne pouvaient pas continuer. Il fallait une suspension pour se réorganiser. La Chambre des mines se rend disponible pour accompagner SEMAFO pour une reprise, le plus rapidement possible, de ses opérations.

"Dans un avenir proche, on devrait pouvoir mettre des actions en place pour améliorer la sécurité des sites miniers"
« Dans un avenir proche, on devrait pouvoir mettre des actions en place pour améliorer la sécurité des sites miniers »

Burkina 24 : Avec le contexte sécuritaire délétère, le Burkina Faso a-t-il perdu son attractivité ?

Toussaint Bamouni : C’est vrai que le contexte sécuritaire ne date pas d’aujourd’hui, ne date pas de cet attentat. Il date de depuis bientôt quatre ans mais malgré ce contexte le Burkina Faso a toujours gardé son attractivité. L’une des preuves, c’est le dernier forum minier, la SAMAO qui s’est tenue en septembre dernier. Nous avons enregistré des participants qui sont venus de beaucoup de pays, des gens intéressés par le secteur qui continuent de nous contacter, preuve que le secteur minier burkinabè qui a un potentiel important, est toujours attractif.

Bien sûr, ce qui vient de se passer la semaine passée est choquant et peut-être pourrait remettre en cause un certain nombre de décisions concernant l’investissement au Burkina. C’est pourquoi avec les autorités nous avons souhaité que des signaux forts soient donnés aux investisseurs qui sont restés de façon à les encourager à rester et à faire en sorte que le pays soit sécurisé et que les investissements continuent à venir au Burkina Faso.

Burkina 24 : Justement, concernant cette sécurisation, des mesures sont-elles prises, notamment par le gouvernement, pour sécuriser les minières ?

Toussaint Bamouni : Je disais qu’au niveau des exploitations minières, les mesures sont prises pour assurer la sécurité des travailleurs et également les installations du site d’exploitation. Aujourd’hui, nous constatons tous que le maillon faible, c’est sur les accès aux mines, les routes d’accès aux mines, c’est là-bas que la plupart des incidents se produisent. Nous avons échangé avec l’autorité et nous sommes convaincus que l’autorité est en train de prendre la mesure du danger. Des discussions vont bien sûr avoir lieu entre les compagnies minières et l’Etat pour trouver les voies et les moyens pour sécuriser ces accès et permettre que les exploitations minières se déroulent dans un cadre apaisé.

Burkina 24 : La mine d’Inata est fermée. Élie Kaboré de l’économiste du Faso, dans une interview à Burkina 24, a estimé que c’était un « drame ». Quelle est votre lecture ?

Toussaint Bamouni : Fermer, je ne peux pas confirmer, je pense que ce sont les autorités du ministère des mines qui peuvent confirmer cette information. Pour nous, il s’agit peut-être d’un arrêt d’activité et nous espérons toujours que cette mine va reprendre. Masi même un arrêt d’activité, c’est toujours des conséquences dramatiques pour la localité, pour les travailleurs qui se retrouvent sans emplois, pour l’Etat qui se retrouve sans ressources de cette mine.

Chaque fois qu’une mine suspend ses activités, chaque fois qu’une mine arrête ses activités, il faut se dire que c’est un manque à gagner pour tout le monde, pour les travailleurs, pour la localité, pour la compagnie minière elle-même et pour l’Etat. On peut considérer que ce qu’il a dit, c’est un drame, oui.

Burkina 24 : La Chambre des mines a été récemment reçue par le Président du Faso. Quel a été le contenu de l’audience  ?

Toussaint Bamouni : L’attentat qui est survenu la semaine dernière est d’une importance jamais égalée en termes de pertes en vies humaines. Il était opportun que la communauté des acteurs de l’industrie minière puisse rencontrer les plus hautes autorités de notre pays, afin d’échanger et de voir ensemble comment est-ce que les autorités étatiques et les compagnies minières peuvent travailler ensemble afin de sécuriser au mieux, les exploitations minières et éviter qu’une telle chose ne se reproduise.

Nous avons été rassurés par les échanges qu’on a eus avec le chef de l’Etat et nous pensons que dans un avenir proche, on devrait pouvoir mettre des actions en place pour améliorer la sécurité des sites miniers.

Vidéo – Terrorisme : Le Burkina est-il toujours attractif ?

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Interview réalisée par Ignace Ismaël NABOLE et Eliette ZOUNGRANA (Stagiaire)

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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