Burkina : L’assurance maladie expliquée

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La mise en place de l’assurance maladie universelle commence à prendre forme par l’enrôlement des personnes indigentes et ce, dès décembre 2019. C’est le message essentiel donné par la Caisse nationale d’assurance maladie universelle (CNAMU) lors de sa tournée du 26 au 30 novembre 2019 dans les régions qui accueilleront les activités. Au terme de cette sortie, le directeur général, Yves Kinda, a pu constater que la nouvelle était très attendue des populations au vu de l’engouement et l’intérêt que les uns et les autres ont porté aux échanges. Mais il s’est aussi réjoui de leur adhésion et surtout de l’engagement des autorités religieuses et coutumières à accompagner les activités.

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Selon Yves Kinda, directeur général de la Caisse Nationale de l’Assurance maladie Universelle(CNAMU), la maladie est la deuxième cause du basculement d’un individu dans l’extrême pauvreté, car les soins ont un coût. Il suffit d’une maladie, par exemple d’un cancer de sang d’un membre de la famille pour faire basculer cette famille dans l’extrême pauvreté. C’est en cela que l’assurance maladie universelle permet de prévenir les risques financiers de soins en cas de maladie ou de maternité.

Yves Kinda, directeur général de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie Universelle (CNAMU)

C’est sans aucune hésitation que le directeur général de la caisse affirme que « l’assurance maladie au Burkina est à un début effectif » avec la gratuité des soins pour les personnes indigentes. Néanmoins, reconnait-il, « ce fut un processus  compliqué à mettre en place et ce sont des politiques lourdes financièrement, avant d’ajouter que même les pays les plus nantis ont pu le mettre en place pour les plus rapides en 50 ans. La réforme est donc très jeune au Burkina. Il faut saluer ce départ  sur le terrain même si c’est à petite échelle ».

Ce début permettra d’expérimenter les outils et les pratiques  avant l’extension de services  aux autres catégories de la population.

 Pour permettre de toucher toutes les personnes indigentes (67000) recensées au préalable par le SPCNPS dans les 4 régions pilotes et réussir sa mission,  la CNAMU implique les leaders d’opinion et les autorités religieuses et coutumières pour la mobilisation, l’orientation des personnes indigentes.

La mesure est saluée par les participants. Fadima Sangaré, présidente de la coopérative d’emboucheurs de bovins de Dédougou, prend l’engagement d’amener les membres à souscrire au moment venu. « Je pourrai même prendre la décision de cotiser pour  mes membres qui ne seront pas à mesure de le faire d’eux-mêmes« , dit-elle.

La délégation de la caisse nationale d’assurance maladie chez sa majesté le chef des Bobo, lors de son  passage à Bobo-Dioulasso

Cependant plusieurs d’entre eux ont soulevé le souci de l’offre du plateau technique et des soins quand on sait qu’il n’a pas un bon maillage du territoire en la matière.

Et le directeur de la caisse de répondre que «ce sont les prestations de services qu’offre le ministère de la santé qui sont mises à la disponition des assurés ».

Mais à terme l’assurance maladie devrait permettre d’améliorer l’offre technique grâce aux  cotisations des mutualistes.

«Il y a des pays où l’assurance santé a permis de construire des hôpitaux. Je ne trahis pas de secret. Le président du Faso souhaite qu’à terme, l’assurance maladie serve de fonds pour améliorer l’offre de soins. Il l’a même dit, il souhaite que l’assurance maladie ait assez de fonds pour permettre de construire des hôpitaux. Ça se fera avec les réserves de cotisations qu’on aura au niveau des fonctionnaires, salariés, entre autres», explique-t-il.

Pour lui, l’assurance maladie doit permettre d’aller chercher de l’argent chez les riches pour soigner les pauvres. « C’est ça le principe. Tu ne viens pas à l’assurance parce que tu veux mais parce que tu es obligé(…). Nous trouverons les moyens pour soumettre tout le monde à ce caractère obligatoire« , a-t-il promis.

Seules les personnes indigentes sont exemptes de tout paiement, la gratuité des soins concernera toujours des femmes enceintes et des enfants des moins de 5 ans. Mais, il a tenu à notifier qu’avant le transfert de cette dernière mesure sous son autorité, un audit sera demandé formellement au ministère de la santé qui en a la charge actuellement.

« Tant qu’on ne saura pas pourquoi il y a des problèmes à ce niveau, comment on finance, comment on la pérennise, nous n’allons pas la reprendre », lâche-t-il.

Les autres catégories de la population (salariés, fonctionnaires, monde rural, économie informelle) sont soumises au paiement de cotisation puis à l’achat d’un ticket modérateur (la partie des frais de soins à la charge de l’assuré) et à l’observation d’une période de stage de 3 mois avant de commencer à bénéficier de l’assurance maladie.

C’est cette période dite de stage qui permettra de faire des réserves pour faire face à d’éventuelles épidémies, d’améliorer l’offre de santé ou de discipliner « les aventuriers » de l’assurance maladie.

« Ce n’est pas parce que j’ai commencé à cotiser le 1er janvier que je peux aller faire une opération de mon appendicite le 4 janvier.  Ça ne marche pas comme ça. Si vous commencez en janvier, c’est à partir d’avril qu’on vous prend en charge. Si vous tombez malade en février, on ne vous prend pas en charge. Je sais que je vais subir une opération chirurgicale donc je me dépêche d’aller payer parce que l’intervention va venir le mois prochain et dès que je finis mon intervention je disparais. Quand je vais être malade encore, je vais revenir. C’est dangereux pour une caisse ».

C’est courant 2020, qu’une autre phase pilote intègrera l’enrôlement du secteur informel et le monde rural dans deux régions puis s’étendra aux autres catégories de la population, les fonctionnaires et les salariés.

Pourra souscrire à l’assurance maladie universelle toute personne physique domiciliée sur le territoire burkinabè sans discrimination. Cependant, prévient toujours le directeur de la caisse, «si vous souscrivez à l’assurance maladie et que vous tombez malade hors des frontières du pays, vous n’êtes pas pris en charge ».

Revelyn SOME

Burkina24

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