Sommet de Pau : Pourvu que les engagements passent à l’action

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Ça y est. On peut enfin souffler. Tellement l’invitation (si ce n’est la convocation) du président Français à ses homologues du G5 Sahel à Pau aura cristallisé les débats ces dernières semaines. Le sentiment anti-français qui a monté en intensité dans certaines capitales de la bande sahélo-saharienne où intervient l’armée française à travers l’opération Barkhane avait provoqué le courroux de Emmanuel Macron qui attendait que les chefs d’Etat du G5 Sahel clarifient leur position. A tout point de vue, cette rencontre de Pau était souhaitable pour la France mais aussi pour les pays du G5 Sahel, même si au départ le président Macron n’y avait pas mis la forme quoiqu’il ait pu se rattraper.

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Il est certain que Monsieur Macron attendait que ce sommet légitime la présence militaire française dans le Sahel. Et il l’a obtenu de la plus belle manière en le faisant dire par les chefs d’Etat des pays du G5 Sahel eux-mêmes.

Mais c’est à croire que le scénario était connu d’avance. Si Emmanuel Macron a pris le risque de demander une clarification de la présence militaire française aux chefs d’Etat du G5 Sahel, c’est bien parce qu’il était convaincu que ses homologues n’avaient autre choix que dire qu’ils ont besoin de l’armée française. « Les chefs d’Etat du G5 Sahel ont exprimé leur souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France à travers Barkhane… », fait-il remarquer.

Au sein de l’opinion française, Macron a essayé de faire taire ceux qui n’approuvaient pas l’engagement militaire de la France au Sahel. Désormais, la France passe pour celle qui est « là pour permettre aux Etats sahéliens d’assumer leur pleine souveraineté sur leur territoire ».

Une fois cet objectif atteint, le président français en bon stratège, tente ensuite de retourner les présidents du G5 Sahel contre leurs compatriotes qui ne veulent pas de la présence militaire française dans leur pays. 

En qualifiant d’indignes les discours qui réfutent la présence militaire française devant les dirigeants du G5 Sahel, Emmanuel Macron envoie un message de rappel à l’ordre non seulement aux présidents qui cautionneraient de tels discours mais aussi à ceux qui en sont auteurs.

« Notre seul intérêt, c’est la lutte contre le terrorisme et la stabilité et la souveraineté des Etats. J’entends beaucoup de choses sur les réseaux, dans les déclarations.  J’entends beaucoup de gens dans votre pays qui disent tout et n’importe quoi. Demandez-vous par qui ils sont payés, demandez-vous quels intérêts ils servent. Moi j’ai mon idée. Mais que ces gens-là disent qui se fait tuer pour leurs enfants. Moi je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens, des Burkinabè : des soldats français.  Je le fais en conscience quand je décide de les envoyer là-bas ». Le ton de Macron est ferme. Il parle en maître.  C’est probablement ce que les Français attendaient de lui.

Et ce n’est pas tout. Il tente même de faire comprendre aux dirigeants du G5 Sahel que ceux qui sont contre la présence de l’armée française au Sahel sont à la solde d’autres puissances étrangères qui voudraient « voir les Européens plus loin, parce qu’elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires ». 

Mais comme dit plus haut, cette rencontre de Pau n’a pas seulement été bénéfique que pour le président français. Il convient de noter que Pau aura fait bouger les lignes de façon positive pour les pays du G5 Sahel. Et le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, qui assure la présidence tournante du G5 Sahel parle d’une « belle rencontre de Pau ». Et à juste titre.

En vérité cette rencontre a été gagnant-gagnant sinon même plus bénéfique pour le G5 Sahel en ce qu’elle marque un tournant profond dans la méthode d’approche en reclarifiant le cadre politique, en redéfinissant très clairement les objectifs.

Et le plus important dans tout ça, c’est qu’il y aura désormais un commandement conjoint de la force Barkhane et de la force du G5 Sahel. En effet jusque-là, là où le bât blesse, c’est le partage de renseignement. Et comme le président Kaboré l’a souligné, « le partage de renseignement reste la clé de voûte du succès de nos combat sur le terrain ». Cela voudrait dire que dans le cadre de ce nouvel accord, le renseignement que dispose Barkhane doit être automatiquement mis à la disposition du commandement du G5 Sahel. Obtenir de la France qu’elle accepte de partager le commandement du G5 Sahel ses renseignements est une victoire en soi.

Autre élément important dont les Sahéliens devraient se réjouir, c’est la clarification de la position de la France vis-à-vis de Kidal. « Le retour de l’Etat malien à Kidal, cet objectif politique est indispensable et complémentaire de l’objectif militaire ». Ces termes sont du président français. Alors que pendant longtemps (depuis son intervention au Mali en 2013), la France a toujours entretenu une position ambiguë par rapport à la présence militaire malienne à Kidal. Obtenir de la France cet engagement clair est également un bon point à prendre.

Cependant, il reste qu’il faut veiller à ce que les engagements pris lors de ce sommet ne soient pas de la poudre aux yeux. Il faut les appliquer sans déroger à la moindre virgule. Et ça, il appartient aux pays du G5 Sahel d’en être les principaux garants.

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