Chronique de Ramadan : Ramadan, gaspillage et consumérisme

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La chronique de Ramadan est proposée par l’Imam Alidou Ilboudo.

Ramadan est par principe un mois où le musulman réduit sa consommation habituelle en sautant le repas de midi. Ce qui devrait se traduire par une réduction du panier de la ménagère. Pourtant cet idéal théorique n’est pas souvent le vécu quotidien. Analyse d’une situation « dévoyée » et propositions de solutions.

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Le jeûne est une pratique spirituelle qui vise la piété chez le fidèle. Il consiste à priver le corps de nourriture dans le but d’amoindrir sa puissance sur l’esprit et le cœur. Ce qui se traduirait par une maitrise des envies, des pulsions et des instincts. On peut percevoir cela, à travers l’enseignement du hadith prophétique suivant, sur son effet sur les pulsions sexuelles. Le prophète dit : « O jeunes gens ! Que celui qui est capable se marie ; que celui qui ne peut pas, jeûne ; car le jeûne discipline le regard et émousse l’ardeur ». On connait aussi cet enseignement du prophète où un fidèle lui demanda conseil et par trois fois il lui dit : « je te recommande le jeûne » et ajoutant « car il n’a pas son pareil ». L’éthique du repas en islam veut qu’on mange avec modération en temps normal ; l’enseignement prophétique dit : « l’homme ne remplit pire récipient que son ventre et pourtant quelques bouchées lui suffisent. Si vous devez beaucoup manger plus, qu’un tiers de l’estomac soit pour le repas, un tiers pour l’eau et réservez le dernier tiers pour respirer ».

L’enseignement spirituel veut que l’homme ne soit esclave que de Dieu. La nourriture nous maintient en vie mais ne doit pas être indispensable à tous points de vue. De même que le jeûne participe à discipliner nos sens ; il doit contribuer à discipliner notre consommation et notre alimentation. Sur le plan diététique, le jeûne comporte beaucoup d’avantages sanitaires en ce qu’il participe à la régulation de notre organisme. Sur le plan individuel, il fortifie la volonté du fidèle et peut l’aider à se débarrasser de certains vices. Le jeûne peut être une occasion de cesser de fumer et d’arrêter la prise des excitants comme le thé et le café, et autres additifs de cuisine comme le glutamate tant décrié. On peut étendre cette perspective à tous ceux qui ont des restrictions alimentaires en sel, sucre ou huile.

Nonobstant ces indications salutaires, force est de constater, que des fidèles musulmans ont pris de mauvaises habitudes sur le plan de l’alimentation et de la consommation au point de faire du ramadan un mois de la bombance et de la « malbouffe ». La consommation atteint son pic dans tous les pays arabo-musulmans durant le mois censé être celui de la retenue. Et pourtant !

L’objectif du mois du ramadan est qu’à travers le jeûne, l’homme se maitrise face à la nourriture, toute chose qui est remise en cause par la manière de rompre le soir ; tout se passe comme si les fidèles cherchaient à se rattraper : la diète de la journée est remplacée par la boulimie de la nuit. Et cela sans essai d’équilibrer les nutriments consommés ; ce qui n’est pas sans conséquences sur leur santé.

Sur le plan spirituel, ces fidèles repus vont passer un long temps durant lequel ils seront alourdis par le trop de repas sans possibilité d’actes d’adoration comme la prière et la lecture du coran qui accompagnent le jeûne. Les sages disaient : « quand le ventre est debout, son propriétaire est couché ». Au fil des jours trop de substances dangereuses (comme le sucre et les gras) sont ingérées, faussant l’aspect diététique contenu dans l’abstention de manger. Personne n’échappe à la « malbouffe » surtout les plus petits qui n’ont pas jeûné la journée et qui s’empiffrent encore le soir venu ; et voilà la surcharge pondérale !

Parmi les mauvaises habitudes de fidèles en ramadan et qu’il importe de noter, celle du gaspillage de la nourriture. Cela est devenu banal à tel point qu’on ne le remarque plus. Les poubelles sont pleines de restes, pire du surplus de repas préparés mais non consommés. Cela est inacceptable dans le mois de la piété et du partage et encore dans un pays à moindres ressources comme le nôtre. La législation islamique interdit le gaspillage et le coran dit des gaspilleurs qu’ils sont les frères du diable. L’éthique du ramadan prescrit le partage et le fait de donner de quoi rompre à un jeûneur est un acte de bien. Le fait de sauter le repas de midi signifie que ce repas devra être offert aux indigents et non réinvesti pour améliorer le repas du soir. Loin de là ! Tout l’enseignement du ramadan vise la solidarité, c’est pourquoi les réparations sont faites en nourrissant les indigents et qu’il est prescrit une aumône de la rupture (zakat el fitr) à la fin du mois.

On ne peut pas oublier dans ces mauvaises habitudes l’augmentation des dépenses de consommation durant le mois et le financement de la fête de la rupture qui rompt d’avec la retenue et la sobriété du mois. Les budgets des ménages se trouvent ainsi grevés au sortir de ramadan. Les grandes marques alimentaires sont en vue durant ramadan et des émissions culinaires sont organisées sur des chaines de télévision poussant à la consommation. C’est au musulman de recentrer son intention sur les aspects spirituels du jeûne afin de ne pas passer à côté. On ne peut pas comme l’a dit Tariq Ramadan vouloir diriger le monde si on ne peut même pas maitriser ce qu’on mange. Bonne suite de Ramadan

Bon ramadan dans le respect des consignes dans la lutte contre le Covid19.
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Rédaction B24

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