Déplacés internes au Burkina Faso : Survivre à Kaya, en attendant…

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La ville de Kaya accueille un grand nombre de déplacés internes venus de plusieurs localités du Burkina Faso. Ayant trouvé gîtes et couverts dans des camps ou dans des familles, certains de ces déplacés internes se démarquent en menant des activités génératrices de revenus. Ils essaient de prendre en main leur destin, en attendant de rejoindre leurs terres natales après la fin des violences meurtrières.

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La ville de Kaya, surnommée « le berceau des déplacés internes au Burkina Faso », compte plus de 320 000 personnes qui ont fui les hostilités dans leurs localités d’origine. « Ce chiffre triple même la population autochtone de la ville de Kaya », lance d’emblée une source locale.

Malgré leur situation de déplacés, certains d’entre eux, en plus de l’aide du gouvernement et des bonnes volontés, continuent de garder le moral haut et s’activent pour reprendre une vie normale.

Accroupi devant une échoppe, habillé en boubou, au milieu des boîtes de lait emballées dans des cartons, un homme barbu frisant la cinquantaine s’apprête à livrer une commande. C’est Salmon Koumba*.

Le monogame et père de six enfants, originaire du village de Bilgo situé à 25 km de  Arbinda vit désormais dans le Sanmatenga. Ce commerçant grossiste et détaillant a rejoint par la force des choses la « Cité du cuir et des brochettes au Koura-Koura ». Il se dit « chanceux » d’avoir pu se déplacer avec certains de ses biens.

En plus, dit-il, l’appui du ministère en charge de la solidarité nationale lui a été d’un grand apport. Ainsi, la construction de sa maison et  l’ouverture de son magasin d’alimentation grâce auquel Salmon arrive à subvenir aux besoins de sa famille n’ont pas fait long feu.


VIDEO – Burkina Faso : Un déplacé interne propriétaire d’une mini-alimentation à Kaya

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« J’ai fui pour rejoindre mon mari »

« J’étais commerçant dans mon village, Bilgo, situé à 25 km de Arbinda. Il y a quatre ans de cela, j’avais payé un non-loti à Kaya. Quand la crise sécuritaire a commencé, j’ai fui pour venir construire et aménager avec ma famille en 2019. Petit à petit, j’ai commencé à payer des affaires. Et cela fait six mois que j’ai loué cet endroit pour ouvrir ma boutique. Une boutique qui me rapporte, car j’arrive à nourrir ma famille», explique le propriétaire de la mini-alimentation sise au centre-ville de Kaya.

Son épouse, Aminata*, âgée de la quarantaine, elle, une fois à Kaya, s’est lancée dans la vente de l’eau glacée dans certains sites d’accueil de déplacés internes. Elle était chez elle, assise à coté de son réfrigérateur, entourée de certains de ses enfants. Sourire aux lèvres, elle confie qu’elle menait cette activité depuis quand elle était à Bilgo.

« Je vivais à Arbinda. Je vendais de l’eau là-bas. Lorsque les tueries s’accentuaient, j’ai fui pour rejoindre mon mari qui nous avait déjà devancés ici. Le peu de matériels que j’ai pu emmener m’a permis de me lancer dans la vente de l’eau. Je me débrouille bien avec cette activité. Parce que lorsque je vends 5000 F CFA d’eau, je gagne au moins 1000 francs de bénéfice. Avec ça, je m’occupe de mes enfants dont deux partent à l’école francophone et quatre à l’école franco-arabe. Et je rends vraiment grâce à Dieu », se réjouit-elle, la main posée sur l’une de ses trois glacières rangées à côté d’elle.

« Je suis reconnaissante à l’action sociale »

Tout comme la famille Koumba, Jeanne Sawadogo*, 38 ans, bénéficie du soutien du ministère en charge de l’action humanitaire. Elle a, en effet, reçu la somme de 80.000 F CFA de l’Etat. Avec cette somme, elle ouvre son commerce de vente de bois dans un quartier non-loti de Kaya où vit un grand nombre de déplacés. Assise sur un tabouret en train d’allaiter son enfant âgé d’à peine 24 mois, Jeanne avoue que son commerce lui permet de soutenir financièrement son mari.

« Je vends du bois dans la cour ici et dehors aussi. Les fagots sont vendus entre 200 et 500 francs. En tout cas, je suis reconnaissante à l’action sociale. Elle m’a été d’une grande aide. Avec la vente du bois, j’arrive à résoudre tous mes problèmes. Je nourris bien mes enfants, je m’entretiens bien. Avec l’argent que je gagne, j’arrive vraiment à satisfaire mes besoins. Et le reste je continue à acheter le bois pour revendre. Il y a bientôt deux ans que je me suis installée ici. Je loue la maison à 5000 F CFA », détaille cette mère de cinq enfants, arborant un sourire de satisfaction.

Elles sont nombreuses, ces personnes déplacées internes qui bénéficient de l’appui de l’Etat dans ces moments difficiles causés par l’insécurité. Amidou Sogo* en fait également partie. Le monogame âgé de 38 ans, père de six enfants, a bénéficié de la subvention du ministère en charge de l’action humanitaire. Grâce à cet argent, il  gère un cafeteria devant une boutique au secteur 6, un quartier populaire de Kaya où l’on dénombre 16 déplacés internes.

« Souvent je peux vendre entre 3000 et 6000 francs par jour. C’est avec cet argent que je m’occupe de ma famille en payant le loyer, les ordonnances, la nourriture et la scolarité de certains de mes enfants!   », confie l’homme habillé en tenue traditionnelle. Amidou est assisté dans son travail par son frère.


VIDEO –  Burkina Faso : Un déplacé interne gérant de kiosque à Kaya 

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Accompagnement des autorités, partenaires et bonnes volontés

Toutes les personnes qui ont fui les violences meurtrières dans les zones à risques ne semblent pas laissées pour compte. En plus de l’accompagnement des autorités et des partenaires au développement, certaines familles de déplacés bénéficient également de l’appui des bonnes volontés et des associations œuvrant dans le social.

« Nous avons des femmes qui vendent des condiments, des gâteaux, et de la nourriture pour d’autres », précise Djibril Zanfra, membre de l’association pour l’intégration des groupes sociaux défavorisés. Cette structure s’est fait un nom dans l’accompagnement des personnes déplacées internes à Kaya.

Dans la même veine, beaucoup d’autres ont bénéficié d’un soutien dans le cadre du projet de renforcement de capacité pour un relèvement résilient phase 2, financé par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement). Il s’agit d’un partenariat avec le gouvernement burkinabè dont le Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) est chargé de la mise en œuvre.

« Dans la région du Centre-nord notamment dans la province du Sanmatenga, nous avons eu à appuyer 20 personnes dont 90% de personnes déplacées internes et 80% de femmes. Ces bénéficiaires mènent des activités diverses, selon la réalité du terrain. Et nous avons eu à faire des sorties de supervision et de suivi pour nous convaincre. Tout se passe bien, ils arrivent à mener correctement leurs activités. Ça génère de petits revenus qui leur permettent de faire face aux difficultés du moment », informe, les mains remplies de papiers, William Sandwidi, administrateur des affaires sociales, chef de service régional de la solidarité et de l’assistance humanitaire du Centre-Nord.

Même exerçant des activités avec des revenus qui leur permettent de survenir à leur besoin, ces déplacés ne souhaitent qu’une chose, la fin de la crise pour rejoindre leurs terres natales.

Saly OUATTARA

Burkina 24

(* L’identité des personnes a été modifiée)

 

 

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