«Nous voulons retourner à l’école en toute sécurité », disent les enfants

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Après quelques 3 mois de répit, les élèves s’apprêtent à retrouver le chemin de l’école au Burkina Faso. En effet, ce 1er Octobre 2020, les élèves du Burkina Faso entament la rentrée scolaire pédagogique 2020-2021. Cette reprise intervient après une année scolaire marquée par des inquiétudes, mais qui a pu être finalement sauvée par le gouvernement, à travers le Ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN) qui a développé et mis en œuvre un plan pour la continuité éducative dans le contexte de la Covid-19. La rentrée des classes que nous appelons « Back to school » dans le cadre de la campagne globale de Save the Children sur l’éducation est une opportunité pour nous de rappeler que :

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« Bénéficier d’une éducation de qualité et accessible est un droit pour tout enfant où qu’il soit. »
Pour les enfants eux-mêmes, ce sont des instants de joie (plaisir de retrouver leurs amis et leur cadre d’épanouissement où ils passent le maximum de leur temps) et d’espoir (assurance qu’après leur cursus scolaire ils pourront réaliser leur rêve). Oui, les enfants ont des rêves lorsqu’ils partent à l’école, lorsqu’ils ont accès à l’éducation.
Cependant, la rentrée scolaire 2020-2021 intervient dans un contexte marqué par le double défi sécuritaire et sanitaire, ayant un effet cumulé sur le système éducatif. La crise humanitaire que traverse le Burkina Faso était déjà caractérisée par le ciblage délibéré des écoles et globalement des services d’éducation par les groupes armés, ce qui privait des milliers d’enfants de l’accès à l’éducation. Pour illustration, au mois de mars 2020, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) faisait état de 2 512 écoles fermées du fait des attaques délibérées des groupes armés, privant ainsi plus de 350 000 enfants d’éducation. Aussi, lorsque les premiers cas de Covid-19 ont été signalés au Burkina Faso, le gouvernement a systémiquement fermé toutes les écoles depuis le 16 mars 2020 sur l’ensemble du territoire national, en vue de limiter la propagation du virus. Plus de 20 000 écoles étaient concernées, affectant plus de 4 millions d’élèves. Le ministère de l’éducation a pu rouvrir les classes d’examen le 1er Juin 2020 avec une stratégie de reprise visant le respect des mesures barrières, ce qui a permis aux élèves de passer leurs examens. L’évolution de la situation sanitaire a amené le gouvernement à valider en même temps l’année pour l’ensemble des classes intermédiaires.
Au regard de ces facteurs qui ont quelque peu modifié la vie scolaire, et en vue de la reprise définitive le 1er Octobre 2020 pour l’année scolaire 2020-2021, Save the Children souhaite que les élèves reprennent le chemin de l’école en toute sécurité, avec la certitude que l’école leur sera un environnement de protection et de sécurité. En écoutant les témoignages qui nous parviennent fréquemment, les enfants imaginent difficilement leur avenir en dehors de l’école. Celui d’Alima, privée d’école à cause de l’insécurité, est interpellateur : « Un soir, pendant que nous étions en classe, nous avons appris que les groupes armés ont fait irruption dans notre village sur des motos et ont commencé à tirer sur les personnes qu’ils rencontraient. Ils ont ensuite mis le feu au marché. Nous avons donc pris la fuite, abandonnant tous nos biens. Ma maman n’a rien pu emporter, même pas sa pièce d’identité. Mes cahiers sont restés à l’école ; nos enseignants, eux aussi, ont déserté les classes car s’ils y restent, ils risquent leurs vies. J’ai très peur lorsque je pense à ce que j’ai vu et vécu. J’ai peur de repartir dans la même école de mon village. D’ailleurs, mes cahiers, je ne sais pas s’ils y sont toujours ou bien s’ils ont été brûlés. Mon souhait le plus ardent est qu’on m’aide à m’inscrire dans une autre école afin que je puisse poursuivre ma scolarité et réussir pour devenir une enseignante un jour ».
Rita fait partie également de ceux qui ont mal vécu la fermeture des écoles en raison de la Covid-19. « Je me sentais très mal du fait que l’école était fermée pendant la Covid-19 parce que je ne pouvais plus aller à l’école et on ne savait plus si on allait reprendre les cours. En ce moment je pensais que mon avenir était incertain. J’avais très peur lorsque l’école était fermée parce que je redoutais une année blanche vue que je suis en classe d’examen et je craignais que la fermeture des écoles mette fin à mes rêves ».
Bien que le gouvernement à travers le ministère de l’éducation soit à féliciter pour les acquis déjà engrangés, de grands efforts restent encore à fournir pour assurer aux enfants du Burkina Faso une éducation continue, de qualité et résiliente aux chocs externes. Pour Save the Children, il est primordial de créer les conditions pour permettre à tous les enfants, y compris ceux qui sont contraints d’abandonner leur école comme Alima, d’avoir accès à l’éducation, de manière sécurisée. Pour y parvenir, la prise en compte des recommandations suivantes s’avère nécessaire :

  • Au-delà des directives énoncées par le ministère de l’éducation pour la rentrée 2020-2021, que nous saluons, le ministère devra renforcer les mesures prises dans son plan de riposte pour favoriser un environnement d’apprentissage sain et protecteur au regard de la maladie de la COVID-19 qui reste toujours une forte préoccupation. Il s’agira notamment de s’assurer du port du masque et du lavage des mains par les élèves, les enseignants et le personnel administratif.
  • Continuer à promouvoir les approches innovantes et alternatives d’éducation afin que l’accès soit assuré surtout pour les enfants dans les zones à forts défis sécuritaires ou en cas de rupture de l’accès scolaire en cas de nouvelle vague épidémique. Il s’agira de veiller à ce que les stratégies assurent la continuité par le biais de systèmes à faible coût, tels que des programmes radio, afin d’intégrer les plus vulnérables qui n’ont pas accès aux autres moyens (télévision, internet, etc.), elles doivent également être faciles d’accès et en langues locales.
  • Le gouvernement du Burkina Faso doit s’assurer que tous les enfants restent en sécurité et en bonne santé lorsqu’ils retournent à l’école. Cela inclut la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles (SSD) en facilitant la création du comité directeur de la SSD et en vulgarisant ses lignes directrices pour renforcer la nécessité pour l’école de rester un lieu sûr et sécurisé pour que les enfants puissent apprendre et grandir. Cette démarche a été soutenue par les Nations unies qui ont déclaré, en mai 2020, le 9 septembre comme Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques.
  • Intégrer une composante spécifique de santé mentale et de soutien psychosocial (MHPSS) dans les programmes d’enseignement. L’impact psychologique subi par les enfants qui ont été témoins de certaines atrocités, ainsi que la psychose et l’anxiété ressenties par les enfants lors du confinement suite au déclenchement de la Covid-19, ne peuvent être traités qu’en prenant en compte le MHPSS dans le contenu pédagogique. La rentrée scolaire 2020-2021 devrait être l’occasion de créer les conditions permettant d’apporter aux élèves le soutien psychologique dont ils ont besoin pour réussir leur année scolaire. Cela implique l’intégration de messages de soutien psychosocial par les enseignants mais aussi dans les plateformes d’enseignement à distance dans les zones à forts défis sécuritaires pour un retour sans crainte des enfants à l’école.
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