Tribune I Nouveau gouvernement au Burkina : « Le Président joue la carte de la stabilité »

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Ceci est une tribune de Rachid Palenfo, commissaire de police, expert en gouvernance et sécurité, sur la composition du nouveau gouvernement.

Enfin la vulnérabilité institutionnelle corrigée

Le 30 décembre 2020, le Chef de l’Etat a mis fin aux fonctions du premier ministre et prononcé la dissolution du gouvernement à travers le décret n°2020-1002/PRES. La gestion des affaires courantes fut aussitôt confiée aux différents secrétaires généraux.

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D’un pont de vue stratégique, la démission du gouvernement met l’administration dans une situation de fragilité. Les secrétaires généraux ne sont pas des ministres. Ainsi, l’expédition des affaires courantes se trouve bien distincte de la gestion normale d’un ministère par un ministre.

La dissolution du gouvernement crée également de l’incertitude au niveau opérationnel et dans les organes d’aide à la décision. La non-résolution de l’inconnue crée des interrogations au sein des échelons inférieurs : celui qui m’a mis à ce poste sera-t-il reconduit ? Les actes que je pose ne risquent-ils pas d’entrainer mon départ dès la nomination du prochain gouvernement ? Cela joue sur l’esprit d’initiative, facteur important dans le management public et la gouvernance de la sécurité.

La démission du gouvernement expose l’Etat. C’est une période de forte occurrence des menées subversives (risque de déstabilisation de l’institution président de la République, actions asymétriques d’envergure : Quid des attentats terroristes du 15 janvier 2016 à Ouagadougou).

Avec la nomination du gouvernement cette faiblesse institutionnelle sera remonter au fur et à mesure. Tirant leçons des évènements de 2016, la veille sécuritaire doit être très accrue durant la phase d’installation des locataires des différents départements.

Un gouvernement de quasi-union nationale

Le présent gouvernement semble revêtir les traits caractéristiques d’un gouvernement d’union nationale. Les indicateurs de ce paradigme se profilaient ces derniers temps. Déjà, à l’élection du président de l’Assemblée nationale pour la 8ème législative le 28 décembre 2020, sur les 127 députés présents, 123 ont voté pour contre 02 voix contre et 02 abstentions.

Ces indices ont été confirmés par la nomination du président de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) au poste de ministre d’Etat auprès du président du Faso en charge de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.

L’actuel gouvernement est le signe d’une convergence politique. Il recèle à cet effet des avantages. Le premier avantage est celui de la stabilité politique à moins que les intérêts qui ont milités à la faveur de cette convergence ne se contredisent en chemin. Corolaire du premier, il devrait favoriser l’apaisement des conflits sociaux à dominants politiques (les conflits de chefferie particulièrement).

Avec la crise sécuritaire qui prévaut, les Burkinabè attendent des politiques une solidarité pour mieux répondre aux attentes pressantes. Sous cet angle, le gouvernement DABIRE 2021 satisfait cette exigence. Cependant, la convergence a l’inconvénient de fragiliser l’opposition.  En tout état de cause, l’urgence sécuritaire appelle bien plus à l’union et au rassemblement de tous les filles et fils du Burkina Faso.

Dans ce gouvernement le ministre en charge de la réconciliation nationale a du pain sur la planche.

Les défis de la réconciliation nationale en perspective

La surprise de ce gouvernement est l’entrée de l’ancien chef de file de l’opposition Zéphirin DIABRE. Il a rejoint l’équipe gouvernementale pour l’occupation du portefeuille de ministre d’Etat auprès du président du Faso en charge de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale.

Ce nouveau département est la traduction institutionnelle de l’engagement du président du Faso d’unir les fils et les filles du pays, pris pendant le forum sur la réconciliation nationale et réitéré pendant la campagne électorale. L’ancien chef de file de l’opposition s’était bien illustré lors du forum. A cela s’ajoute la capacité de monsieur Zéphirin DIABRE à engager le dialogue avec les différents bords de la classe politique.

Dans le principe, la réconciliation nationale ne pose pas de problème. Les interrogations se situent beaucoup plus sur le contenu de cette réconciliation.

Est-ce une réconciliation au sein de la classe politique uniquement ? Dans ce cas, la réconciliation nationale sera réduite à sa plus simple expression et risque de ne pas participer à l’atteinte du second objectif, celui de la cohésion sociale.

Est-ce une réconciliation nationale dans le sens même du terme ? Autrement-dit, une réconciliation au-delà de la classe politique ?

Une telle posture à mon sens favoriserait davantage la cohésion sociale. Elle contribuera fortement à la déconstruction de la conflictualité qui habite depuis quelques temps le « Pays de l’Homme intègre ». S’il est évident qu’il existe des dissidences au sein de la classe politique, il est tout aussi vrai que les conflits intra et intercommunautaires préoccupent sérieusement.

D’une part, les problèmes de chefferie opposent les communautés au Sahel, à l’Est, au Centre-Est, dans les Cascades, etc. D’autre part, les éleveurs et les agriculteurs s’affrontent régulièrement avec des conséquences bien dommageables sans oublier la stigmatisation et le repli identitaire dont sont victimes certaines communautés depuis le début de la crise terroriste.

Aujourd’hui, certaines personnes rejoignent les groupes terroristes pour se venger en témoigne les noms de familles des victimes des assassinats ciblés. L’ennemi extérieur a passé la main à l’ennemi intérieur. Malheureusement, l’ennemi intérieur utilise de plus en plus le terrorisme comme un moyen de se rendre justice.

La réconciliation nationale est donc un vaste chantier. Cela fait du président de l’UPC, l’une des personnes les plus attendues de ce gouvernement aux côtés des ministres de la défense, de la sécurité, de la santé (gestion de la crise sanitaire de type NRBC la COVID-19), de l’urbanisme (apurement du passif foncier), etc.

Un gouvernement de transition

Ce gouvernement ressemble bien plus à un remaniement ministériel qu’à un nouveau gouvernement. Il n’a pas essuyé de grands changements. Cela laisse entrevoir les signes d’un prochain remaniement.

C’est donc un gouvernement de transition mise en place afin de corriger rapidement les vulnérabilités créées par la démission du premier Ministre et la dissolution du gouvernement et permettre au Président du Faso ainsi qu’à ses partenaires politiques de continuer les tractations en vue de s’accorder sur les profils devant constituer l’équipe de bâtisseurs pour les grands chantiers.

Dans le cadre d’une transition générationnelle, il n’est pas exclu qu’on retrouve plus de jeunes dans cette équipe à venir (un aspect sur lequel, il y a de plus en plus de critiques).

Bravo aux ministres qui ont été reconduits !

Félicitations aux nouveaux arrivés !

Courage et bonne chance à l’équipe gouvernementale DABIRE 2021 !

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