Politique générale du gouvernement : Amos Zong-naba fait une analyse sur le plan économique

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Dans les lignes qui suivent, Amos Zong-Naba, économiste fiscaliste, fait une analyse, sur le plan économique, de la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Christophe Dabiré.

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Burkina24 : Quelle analyse faites-vous sur le plan économique de la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier Ministre devant l’Assemblée Nationale le 04 février 2021 ?

Avant d’analyser le volet économique de la Déclaration de politique générale (DPG), permettez-moi de faire une petite analyse globale.

  • Sur la forme

La DPG est déjà une exigence de la Constitution de notre pays notamment en son article 63 qui veut que le Premier ministre dans un délai de 30 jours suivant sa nomination fasse une déclaration devant l’Assemblée nationale pour indiquer là où le gouvernement veut aller et comment y arriver.

Cette DPG est tirée du programme de société, base sur laquelle les Burkinabè ont élu le Président du Faso. On le sait, ce sont dix grands chantiers qui sont déclinés dans le programme présidentiel de Roch Marc Christian Kaboré qui est « Ensemble et en mouvement pour reformer l’Etat, l’administration publique, pour garantir la sécurité, la stabilité et renforcer la résilience économique du Burkina Faso ».

Lire également 👉Burkina Faso : La déclaration de politique générale de Christophe Dabiré

Ainsi donc, cette DPG du Premier Ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré, est fondée sur ces dix chantiers et est bâtie autour de 04 axes que sont :

1) de consolider la paix, la sécurité, la cohésion sociale et de promouvoir la réconciliation nationale ;

2) d’approfondir la réforme des institutions et la modernisation de l’administration publique ;

3) de poursuivre la transformation des bases productives de l’économie nationale ;

4) de renforcer le processus de développement humain et la solidarité.

De façon générale, je dirai que la feuille de route délinée par le Chef du Gouvernement est cohérente, claire et précise sur ce qui est envisagé même si l’accent pouvait être mis sur certains aspects comme la bonne gouvernance.  Aussi, voudrais-je apprécier à sa juste valeur l’innovation introduite cette fois-ci quant au format. En effet, en lieu et place des discours fleuves dignes des « œdipe », c’est plutôt en une heure que le Premier ministre a présenté sa politique pour les 05 années à venir.

Les 4 axes annoncés dans la DPG résument les priorités du moment de notre pays que sont la sécurité, la réforme de l’administration, l’économie (l’emploi) et l’éducation et la santé.

  • Sur le fond

En regardant ces 4 axes, on remarque clairement que le volet économique est pris en compte dans le second axe même si jusque-là, le référentiel national qui remplacera le PNDES n’est pas prêt.

A priori, on peut dire que l’économie sera basée sur la transformation durable des produits locaux ou une industrialisation dans les filières porteuses, le développement des chaines de valeurs ainsi que l’amélioration du climat des affaires afin d’attirer des investisseurs. Ainsi, dit-il que « l’orientation majeure de l’action gouvernementale sera de poursuivre les efforts en vue de la réduction des coûts des facteurs de production…et de travailler à l’amélioration de la productivité dans les différents secteurs ».

03 leviers de l’économie ont été identifiés par le Premier Ministre que sont :

  1. Le développement des infrastructures de soutien à l’économie
  2. Un investissement substantiel dans les secteurs de production pour élever la productivité
  3. L’amélioration de l’environnement des affaires et le desserrement des contraintes de financement ;

Concernant le levier 1, le PM annonce la construction d’un réseau d’infrastructures routières de connectivité, de gagner le pari de l’énergie et s’appuyer sur les technologies de l’information et de l’information qui sont des facteurs importants de soutien à l’économie. Le Mix énergétique avec un accent particulier sur les énergies renouvelables a été annoncé par le PM surtout qu’au Conseil de ministres du 03 février 2021, le second compact du Millenium Challenge Account va accompagner son financement. Aussi, le Gouvernement poursuivra la construction du réseau national de la fibre optique dans le cadre du projet Back Bone national des télécommunications.

Concernant le levier 2, le PM a annoncé l’intensification des grands aménagements hydro-agricoles et l’opérationnalisation de la Centrale d’achat des intrants et matériels agricoles (CAIMA).

  • La systématisation de la mécanisation, l’appui-conseil et l’organisation des filières afin d’améliorer la productivité des petits exploitants
  • l’émergence de l’agro-business dans le cadre des agropoles par l’amélioration du climat des affaires dans les filières porteuses
  • la consolidation de l’industrie minière dans le but d’accroître ses retombées économiques et sociales.

Pour ce faire, le ministre en charge des mines va travailler à moderniser le cadastre minier, à lutter contre la fraude minière, à inciter à la création d’unités de transformation de l’or et du charbon fin sur le territoire national, et à encourager l’investissement des sociétés minières dans des filières porteuses. Pour moi, il serait aussi intéressant d’associer le cadastre minier au cadastre fiscal car la finalité est de déterminer le patrimoine et de prélever les impôts, taxes et droits y afférents.

Lire aussi 👉Burkina : Comprendre l’IUTS en six questions avec Amos Zong-Naba

Aussi, la culture devra contribuer à l’économie du pays par la promotion des industries culturelles et créatives. Ainsi, le PM annonce la restructuration du Fonds de développement culturel et touristique pour en faire un outil à la fois de subvention et de prêts, mais aussi d’accompagnement. 

L’économie sportive également a été évoquée par le Premier ministre avec le développement d’industries sportives créatrices de valeur ajoutée et d’emplois

Concernant le levier 3, il s’agit d’accompagner les PME/PMI et les programmes prioritaires de développement en trouvant les instruments de financement. Ainsi, le PM annonce :

– l’opérationnalisation de la Caisse de Dépôts et de Consignation(CDC) et du Fonds national de la finance inclusive (FONAFI) sur un meilleur financement des investissements structurants et innovants ;

– la transformation du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) en un fonds d’investissement à caractère stratégique au profit de l’Etat ;

– la création et l’opérationnalisation de la Banque postale afin d’accroître l’offre de financement des PME/PMI.

S’agissant de l’environnement des affaires, le chef du gouvernement entend poursuivre la simplification et la dématérialisation des procédures de création et de délivrance d’agréments ou des licences.

Dans un contexte de COVID-19, le PM a annoncé les mesures de mitigation des effets de la crise de la pandémie au profit des entreprises pour relancer les entreprises en difficulté.

Burkina 24 : Pensez-vous que la politique du Gouvernement est réaliste et réalisable ?

Oui, la politique est réaliste et réalisable car elle a indiqué comment financer la mise en œuvre des différentes réformes et actions en perspective. La stratégie de mobilisation des ressources financières consiste à privilégier les recettes propres comme source de financement.

Principalement les régies (que sont les impôts, le Trésor et la Douane) seront sollicitées pour renflouer les caisses à travers les impôts et taxes ainsi que les recettes de service. La deuxième source est la maitrise des dépenses courantes afin de dégager une épargne budgétaire.

Faire appel aux ressources du marché financier régional, aux financements innovants, ainsi qu’aux Partenariats Public-Privé sont la 3è et la 4è sources de financement sans oublier le recours aux appuis des partenaires techniques et financiers et des pays amis.

Cependant, la DPG aurait eu beaucoup plus d’impact sur le volet économique s’il y avait certains éléments.

  • Des chiffres : Par exemple, le taux de croissance 2021 n’a pas été annoncé ou le nombre d’emplois qui seront créés. Par conséquent, on ne sait pas trop en termes de valeur ajoutée, quelle est la richesse qui sera créée en 2021 et comment le redistribuer. Cependant, je comprends que si le référentiel national n’est pas prêt, il lui est difficile de dire ce taux, donc ici c’est la prudence qui a prévalu.
  • La bonne gouvernance : la DPG n’a pas évoqué la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption qui pourtant, à mon sens, sont une priorité.
  • La réduction du train de vie de l’Etat : ce volet a été effleuré par le PM quand il parle de la réduction des dépenses courantes. Cependant le cas de certaines institutions que certains qualifient à tort ou à raison comme budgétivores n’a pas été évoqué.
  • La monnaie éco et la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF) : le PM ne les a pas évoquées. Qu’est-ce que le Burkina Faso compte faire pour tirer profit de ce vaste marché qu’est la ZLECAF ? Et la question de la monnaie éco est restée en suspens dans sa DPG.

Propos recueillis par Jules César KABORE

Burkina 24

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