Personnes déplacées internes au Burkina Faso : La main tendue de l’ONG « Sauve Ma Patrie »

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Ben Ismaël Nombré est un ingénieur de formation. Il est le fondateur de l’ONG Sauve Ma Patrie. Il fait des pieds et des mains pour venir en aide aux personnes démunies au Burkina Faso. Dans les lignes qui suivent, il parle de l’ONG ainsi que des activités que mène la structure afin de donner du sourire aux Burkinabè en difficulté, notamment les personnes déplacées internes.

Burkina 24 (B24) : L’ONG Sauve Ma Patrie en quelques mots

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B.I.N : L’ONG « Sauve ma patrie » est née au lendemain de l’apparition du Covid-19 au Burkina Faso. Lorsque le Covid-19 est rentré dans le pays, je me suis dit qu’est-ce que je peux faire pour contribuer pour ma nation. Alors, j’ai mis une petite association en place. J’ai demandé à des jeunes bénévoles de venir m’appuyer sur ce projet. Alors, j’ai parcouru des marchés et yaars en donnant des lave-mains, du savon, des gels et des cache-nez.

Après cette étape, je suis rentré dans l’accompagnement des personnes démunies. Les actions sont visibles sur la Page Facebook « ONG Sauve Ma Patrie ».

Pourquoi je suis partie sur le thème de l’ONG sauve ma patrie ? Moi je veux que ce soit un organisme purement burkinabè, fait par des Burkinabè et qui ne soutiennent que des Burkinabè ni plus ni moins.

J’ai tous les récépissés de l’association. C’est cet appel de solidarité-là que je recherche. Je sais qu’on peut le faire. Pour le moment, j’ai essayé par moi-même et les actions sont visibles sur les réseaux sociaux.

B24 : Quelles sont les activités que vous organisez pour venir en aide aux personnes déplacées internes au Burkina Faso ?

B.I.N : D’abord, ce qu’il faut noter, j’ai commencé une première activité de collecte de fonds pour les déplacés de Kongoussi. L’année dernière, j’ai vu des images sur les réseaux sociaux où il y avait une forte pluie et les déplacés étaient dans un état pitoyable. Je suis allé rencontrer ces personnes déplacées.

J’ai pris mes fonds que j’avais sur place, pour payer des pagnes neufs et des chaussures pour donner aux femmes. L’hygiène corporelle de la femme est très importante. Voilà comment j’ai démarré avec Kongoussi.

Après, j’ai soutenu des orphelins dans l’Oubritenga. J’ai organisé un repas communautaire avec eux pour partager ce vivre ensemble qu’eux ils ont peut-être perdu parce qu’ils ne sentent pas cette solidarité autour.

Vu que je n’ai pas assez de force, financièrement parlant. Seul, c’est difficile… C’est ainsi que j’ai mis une cagnotte en ligne pour récolter un maximum de fonds pour venir en aide à ces personnes-là. L’objectif est de redonner le sourire à toutes ces personnes qui sont meurtries dans leur cœur, qui ont perdu des familles.

B24 : La cagnotte a été lancée quand ?

B.I.N : La cagnotte a été lancée le 28 mai 2021. On a mis une cagnotte de 5.000 dollars canadiens comme plafond. Parce que j’ai un ami qui est au Canada et je lui ai demandé de créer ça là-bas.

Donc on a 330 dollars sur 5.000. Ça fait déjà plus de 12 jours que la cagnotte circule mais ça ne marche pas. Ensuite j’ai demandé à un ami qui est en France de créer une cagnotte pour que les deux mondes-là, anglophone et francophone, on essaye de voir ce que ça peut donner.

Et là-bas c’est 0 franc. Donc vous voyez ? C’est un peu difficile. Des fois, on dit qu’il y a la solidarité entre les Burkinabè, mais ce n’est pas vraiment la solidarité. C’est la solidarité « facebookaine », où les gens changent de statut, mais au fond, se tenir la main, c’est quelque chose de très difficile. Du coup, j’essaye de communiquer là-dessus, pour appeler ces Burkinabè à se tendre la main sur ce problème qui fatigue notre population.

B24 : Comment ça marche la cagnotte ? Comment faire pour donner sa contribution pour une personne qui vit au Burkina Faso ?

B.I.N : Moi j’ai mis mon propre numéro Orange Money, parce que je n’ai pas eu le temps de voir Orange pour attribuer un numéro spécial. Le 66018879. Donc, le numéro Orange Money est ouvert. La personne contribue et envoie un sms pour dire que c’est lui à ce nom-là. Et ça nous permet de faire un historique.

Lorsque les cagnottes sont mises, on voit les noms de ceux qui ont contribué. Du coup je fais les captures d’écrans et montre au niveau des réseaux sociaux qui sont ceux-là qui ont contribué pour cette activité. Généralement à Ouaga, c’est difficile parce qu’on voit que les gens ne fédèrent pas beaucoup. On espère en tout cas que ça va prendre.

B24 : Quels sont les objectifs spécifiques de cette collecte de fonds ?  

B.I.N : Il y a deux projets que nous voulons mettre en place. Nous voulons intervenir dans le sens de donner des vivres à ces personnes-là. D’un autre côté, il y a les vivres, il y a les vêtements. Je précise qu’il y a des vêtements que je collecte pour aller donner. Et c’est très important de trier des vêtements pour aller donner, de donner des vêtements qui sont en bon état.

Parce que généralement, quand je pars les remettre, je repasse tous les vêtements avant d’aller les remettre. C’est très important d’avoir ce genre de vêtements, en bon état, bien repassé, pour ne pas que ce soit comme on donne des vêtements qu’on ne veut plus.

Moi du coup, je prends le temps de bien repasser les vêtements et de les remettre. C’est important que ceux qui veulent apporter des vêtements, qu’ils les repassent et les mettent dans un sac bien propre, pour qu’on puisse donner. C’est nos familles également. Donc il y a les vêtements, il y a la nourriture. L’autre phase que je vais faire, c’est de créer des bornes fontaines d’eau avec des abreuvoirs.

La majeure partie, ce sont des paysans qui font la culture du sol avec des animaux. Pour moi c’est de leur permettre d’avoir une petite activité sur les sites qu’on leur a attribués en tant que site de déplacés internes, de faire des forages avec des abreuvoirs pour les animaux. Du coup, ce forage qui sera là-bas va leur permettre de faire un champ, un verger, de produire quelque chose, que ça soit des légumes, qu’ils vont utiliser par la suite pour se nourrir.

Aujourd’hui on ne peut pas parler de commercialisation, car pour commercialiser il faut un grand champ, pourtant les sites sur lesquels ils sont, sont de petits sites. Du coup, le forage aura pour objectif de donner de l’eau aux animaux, de donner de l’eau à ces familles-là, d’avoir un petit verger qui va leur permettre d’avoir des légumes juste pour consommation.

On ne pourra pas être là, à tout moment, pour eux. Mais au moins, s’ils ont quelque chose sur lequel ils peuvent compter, afin de leur permettre de subvenir à leurs besoins, c’est bien.

 J’ai collecté certains devis où les gens m’ont envoyé des puits de 6 millions pour avoir un abreuvoir avec une fontaine de 10 milles litres. Un coût qui est très élevé pour moi.

J’appelle une contribution de tout le monde pour voir comment on peut gérer ensemble ce problème de manque d’eau. Moi je suis allé sur un site à Kalgondé pour donner des vivres et faire un repas communautaire avec ces personnes. Quand je suis arrivé, ces personnes payent de l’eau dans des barriques.

Donc quand moi je suis parti les visiter, j’ai payé 30 barriques d’eau sur fonds propre. C’est très difficile. Mais je pensais avoir un forage à Kalgondé pour eux également, parce qu’il y a des déplacés au cœur de la ville et ça fait très mal. Quand vous arrivez là-bas, vous voyez la misère de ces personnes.

Il y a des cours où j’ai rencontré plus de 30 personnes qui vivent dans une chambre-salon. Quand ces personnes te voient, elles te disent « vous êtes la première personne qui est venue nous rendre visite », ça te fait chaud au cœur. Tu te rends compte qu’il y a quelque chose qu’il faut qu’on fasse. On doit agir ensemble.

B24 : Votre appel s’étend sur combien de temps ?

B.I.N : J’ai laissé la cagnotte ouverte, mais je voulais que ce soit une période d’un mois. Mais vu l’engouement, on se demande quand est-ce que ça va aller. Ça n’avance pas.

B24 : Comment accéder à la cagnotte ?

B.I.N : Je le mets généralement  sur la page Facebook, Instagram et LinkedIn avec le nom ONG Sauve Ma Patrie.

B24 : Actuellement quelles sont les structures qui vous accompagnent ?

B.I.N : Non ! Au jour d’aujourd’hui, personne ne nous accompagne. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de structure. Comme vous le savez, à un moment donné quand le gouvernement rentre, ça devient politisé, et on change notre vocation réelle. Pourtant, nous on veut être proches de cette population. On veut faire des plats communautaires avec elle. On veut qu’elle comprenne qu’on ne l’a pas abandonnée.

B24 : Un appel à lancer à la population burkinabè, à la diaspora ?

B.I.N : Nous sommes tous Burkinabè. Que nous soyons aux Etats-Unis, au Canada, partout ailleurs, nous sommes des Burkinabè. Ces familles qui vivent là-bas ne sont pas différentes de nous.

Personne ne doit se dire « ça n’engage qu’eux ». C’est aujourd’hui nous devons fédérer nos énergies. Nous avons mis cette cagnotte-là en place. Pour être honnête, on travaille avec des traces. Vous nous remettez 10 francs, nous on part faire le travail de 10 FCFA. Donc on aimerait que les gens sachent qu’il y a de bonnes personnes qui peuvent faire changer les lignes.

Et c’est pour cela que l’ONG Sauve Ma Patrie est née par des Burkinabè qui veulent donner de leur temps, de leur vie pour soutenir les personnes en difficulté. J’appelle tous ceux qui sont dans la diaspora, qui sont en interne, de contribuer pour qu’on essaye de redonner le sourire à ces populations-là. Le malheur, ça peut arriver partout et ça n’arrive pas qu’aux autres. Seul on va vite certes, mais ensemble on va très loin. Le Burkina a besoin de tous.

Propos recueillis par Jules César KABORE

Burkina 24

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