Terrorisme et massacre de Solhan au Burkina Faso : L’ODJ et l’AEBF France donnent de la voix

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Ceci est une déclaration de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso/Section de France (ODJ France) et de l’Association des Étudiants Burkinabè en France (AEBF) sur la situation sécuritaire au Burkina Faso.

Notre pays a subi dans la nuit du 04 au 05 juin 2021 la plus meurtrière des attaques terroristes perpétrées par des groupes armés terroristes.

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Le bilan officiel fait état de 132 personnes tuées et de nombreux blessés évacués au Centre Médical avec Antenne chirurgicale (CMA) de Sebba et au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Dori. Les victimes sont de tous les âges, hommes, femmes, enfants, jeunes et personnes du 3e âge. La section ODJ du Yagha y a perdu son président nouvellement élu en avril 2021 et d’autres militants. En ces moments douloureux, nos organisations présentent leurs sincères condoléances aux familles des victimes et souhaitent un prompt rétablissement aux blessés.

Ces attaques suscitent l’indignation et les condamnations légitimes du peuple burkinabè qui dénonce l’incapacité notoire et le comportement de mépris des autorités face aux problèmes de sécurité posés. L’attaque de Solhan, localité située à environ 14 km de Sebba et à 86 km de Dori, a débuté à 02h du matin en pleine période de couvre-feu et aurait durée presque 04 heures de temps sans aucune réaction des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) pourtant stationnées à Sébba et à Dori. Cette absence de réaction rapide de la part des FDS est récurrente comme ce fut le cas à Yirgou, à Koutougou, à Arbinda, à Barga et dans bien d’autres localités.

Pourquoi les forces armées n’interviennent-elles pas, ou n’arrivent-elles pas à intervenir de façon rapide et efficace ?

À cette question, le gouvernement par la voix du ministre de la communication porte-parole de Gouvernement, Ousséni TAMBOURA, répond pour le cas de Solhan qu’« il y a des informations qu’on ne peut pas vous donner naturellement ». De telles réponses prouvent que le droit à la vie des burkinabè de façon générale et celui à la sécurité en particulier sont le dernier des soucis du pouvoir MPP (Mouvement du Peuple pour le Progrès). Pourtant, les sociétés minières qui exploitent et pillent nos ressources naturelles sont bien sécurisées par les Forces de Défense et de Sécurité, en même temps par des services de sécurité privés.

Concernant ces tueries de Solhan, comment peut-on comprendre que l’on mette des populations d’une zone sous couvre-feu, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, et laisser ces populations à elles-mêmes sans protection pendant que le couvre-feu ne leur permet pas non plus de s’organiser et de se défendre ou de pouvoir fuir en cas de danger ou d’attaques ?  Pourtant, le ministre de la défense Chériff Sy et son staff étaient à Sebba le 14 mai 2021, soit moins d’un mois avant les attaques de Solhan, assurant que tout était sous contrôle et que la situation était revenue à la normale dans cette zone. Tout laisse à croire donc que, derrière des phrases creuses, la sécurité des populations est effectivement le dernier souci du gouvernement actuel.

En effet, depuis la première attaque de 2015 jusqu’à ce jour, il n’existe pas de stratégie nationale de lutte anti-terroriste avec la collaboration effective entre les différentes entités des FDS et l’implication réelle des populations. Voici la réponse du Premier Ministre Christophe DABIRE à une question d’un député sur la situation sécuritaire : « Vraiment j’ai envie de répondre au député que je n’ai pas de stratégie, je n’ai pas de stratégie». On est en droit de se demander si les propos tenus par le Président du Faso ne sonnent pas faux lorsqu’il affirme que «ces attaques ne resteront pas impunies ».

À cela s’ajoute, le refus d’intégration des policiers et militaires injustement radiés alors que le besoin de personnel formé est pressant, justifiant les recrutements de VDP (Volontaires pour la Défense de la Patrie), le refus de doter les forces de police en armement adéquat sous le prétexte fallacieux qu’ils ne sont pas des militaires, les affectations arbitraires qui cachent mal des sanctions contre des éléments des FDS honnêtes et patriotes : cas des responsables d’APN (Alliance Police Nationale) dont les salaires sont suspendus depuis près de deux ans.

Au même moment, des questions se posent sur la gestion des ressources devant servir à l’armement et à l’équipement des FDS. Nous en voulons pour exemple l’opacité de la gestion des budgets alloués révélée par l’ASCE/LC (Autorité Supérieure de Contrôle de l’Etat et de Lutte contre la Corruption) et par le RENLAC (Réseau National de Lutte Anti-Corruption). Il y a aussi le cas emblématique de délit d’apparence, d’enrichissement illicite, etc., de l’ex-ministre de la défense Jean-Claude BOUDA qui, en seulement 3 ans de fonction (Ministre de la Jeunesse (2016-2017) puis de la Défense (2017-2018)), érige une villa de 250 millions de FCFA dans sa région avec un salaire d’environ 1 million de FCFA au moment où les moyens manquent cruellement aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) pour faire face aux attaques terroristes. Ce dernier est actuellement en liberté provisoire pour « question de santé ». Pendant ce temps, les veuves et des orphelins des FDS tombés au front, laissés à eux-mêmes, vivent le calvaire. Le quotidien Sidwaya N°8999 d’octobre 2019 (pages 16-18) déclarait ceci « Les veuves de ces soldats tombés au front sont pour la plupart, très jeunes et sans emploi. Contraintes de s’adapter à leur nouvelle situation non reluisante, elles vivent dans la précarité… Le 22 juillet 2019, une source proche de la famille d’un militaire tué au Mali, nous informe que sa veuve et ses deux enfants auraient été expulsés d’une caserne à Ouagadougou où la famille logeait… ». La liste des calvaires est longue pour ces derniers.

Pendant que les populations se posent des questions légitimes sur la réelle volonté de l’Etat d’assurer leur sécurité, on assiste à la création d’une Force Spéciale (FS) par décret présidentiel daté du 02 juin 2021, soit 3 jours avant l’attaque de Solhan. Quoique l’on puisse penser qu’une telle force spéciale pourrait aider à la lutte contre le terrorisme, cela suscite légitimement tout de même d’autres questions. En effet, parmi toutes les insuffisances annoncées et qui font que nous sommes constamment attaqués par les terroristes, le manque de Force Spéciale (FS) n’est nulle part indexé. Ce qui est souvent mis en cause, même officiellement, c’est le manque d’équipements, de personnel, de formation, la gestion opaque des budgets alloués à l’armement et à l’équipement, le manque de stratégie incluant les populations comme appui à une armée équipée et formée. Alors, la création d’une force spéciale résout-elle le problème d’équipements, de personnel, de formation, de manque de stratégie, etc.? Pour nos organisations, la réponse est évidemment NON.

Ainsi, au lieu de s’attaquer clairement à ces insuffisances notées dans la gestion sécuritaire de notre pays, le régime MPP crée une Force Spéciale (FS) aux contours et missions très douteux, déguerpit des populations dans la région du Sahel au risque de laisser ainsi encore des zones entières de notre territoire à la merci des terroristes qui pourtant mineraient le terrain, toute chose qui aurait empêché les FDS stationnées seulement à 15km d’intervenir et d’arrêter à temps le massacre de Solhan.

Les propos des membres du gouvernement burkinabè, leurs agissements et attitudes vis-à-vis de la question sécuritaire des populations du Burkina Faso signent un refus, un mépris et un véritable manque de volonté politique se manifestant par une gestion chaotique, inexplicable et inacceptable de la sécurité des burkinabè.

Ces dernières attaques de Solhan s’inscrivent dans un contexte général d’attaques terroristes dans la région du Sahel où les Forces Françaises avaient déclaré vouloir en finir avec les groupes terroristes. Le G5 Sahel disait en effet concentrer ses efforts dans la « zone des trois frontières » (Mali-Niger-Burkina), zone où opèrent constamment les groupes djihadistes. Depuis lors, les attaques ne font que se multiplier dans ladite zone semant la désolation au vu et au su des différentes forces présentes avec leurs divers drones et autres équipements, en témoigne le massacre des 132 civils de Solhan. C’est la preuve que les forces françaises avec leur G5 Sahel ne sont pas là pour la sécurité des populations des pays du Sahel, mais bien pour protéger les intérêts de ceux qui les envoient, notamment l’impérialisme français et ses représentants locaux comme le régime MPP et alliés actuellement au pouvoir au Burkina Faso. Cela constitue également une preuve que le terrorisme dans la région du Sahel est non seulement un produit de l’impérialisme principalement français et ses valets locaux tel que le régime MPP et alliés, mais aussi et surtout un moyen de domination, d’oppression et d’exploitation des peuples, un fonds de commerce.

Au regard de ce qui suit, et de la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso, nos organisations interpellent le pouvoir MPP sur sa responsabilité totale dans la sécurité de tous les citoyens qui vivent sur le sol burkinabè. Elles interpellent le pouvoir MPP et alliés à :

  • améliorer de façon adéquate et rapide les conditions de travail et de vie des FDS ;
  • lutter fermement contre la gestion opaque des budgets alloués à l’armement et à l’équipement ;
  • travailler rapidement à instaurer une collaboration franche et effective entre les différents corps des FDS et, entre elles et les populations ;
  • une prise en charge effective et conséquente des familles des FDS tombées au front, ainsi que la prise en charge rapide et totale des familles des victimes, des blessés et des déplacés;
  • dénoncer et faire la lumière sur les exactions et exécutions extrajudiciaires commises par les FDS ;
  • ouvrir très rapidement une enquête sérieuse sur le massacre de Solhan.

Nos organisations saluent et encouragent vivement toutes les initiatives prises par les populations pour s’organiser conséquemment autour de leur droit à la sécurité et appellent ses militants et sympathisants au développement de la solidarité avec les populations touchées par ces actes terroristes.

Aussi, à travers la présente déclaration et, à l’endroit des structures et de la communauté burkinabè de France, à l’endroit de l’opinion internationale et africaine, nous lançons un appel à la solidarité avec les victimes des attaques terroristes au Burkina Faso où les informations officielles font état de plus de 1.200.000 personnes déplacées, majoritairement des femmes et des enfants vivant dans la précarité extrême. Cette campagne se déroulera du 1er juillet au 30 novembre 2021 pour une première étape et sera consacrée à la récolte de toute forme de contribution (matérielle y compris des produits pharmaceutiques et nourriture, financière, etc.).

Non aux tueries et massacres continus des populations burkinabè et de la région du Sahel !

Non au mépris des populations burkinabè par le pouvoir MPP et alliés !

Non à la présence militaire étrangère (France, Etats-Unis, etc.) dans la région du Sahel !

Solidarité active avec les victimes des attaques terroristes !

Vive l’AEBF !

Vive l’ODJ France !

Paris, le 27 juin 2021

Pour l’ODJ France                                                                                                                 Pour l’AEBF                                                                                                                 

     Le Président                                                                                                                       Le Président                                                                                                                         

   SANOU Siaka                                                                                                                   MEDA Désiré                                                                                                                 

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