Tribune libre : La politique africaine de la France à l’épreuve du « macronisme »

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Ceci est une tribune (Partie 1) d’un citoyen, Guy-Victoire Kanikatoma SANBENA, sur le Sommet Afrique-France.

L’ambiance n’est plus la même entre Paris et ses partenaires outre-Atlantique. Même si la tension semble se décrisper entre la France et ses voisins anglo-saxons, tel n’est pas le cas avec certains dirigeants africains. Une situation qui au passage n’a en rien dérangé l’organisation du nouveau format du sommet Afrique-France qui « exit » les chefs d’Etats africains et dresse un tapis rouge aux jeunes et à la société civile.

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Si l’addition des faiblesses au Sahel entraine des tensions plus importantes, la situation sur le terrain elle semble ne plus s’améliorer. Les voix se délient, l’heure n’est plus à la modestie à l’Elysée. La menace Wagner a fait oublier les formules de politesse et l’escalade verbale s’est enchainée, des ministres de la République au premier responsable français. Mais Emmanuel Macron a ajouté à la brouille, en lançant des invectives à l’Algérie. Le désamour se fait violent entre la métropole et les anciennes colonies désireuses de s’affirmer.

Une diplomatie aux aboies

Les AS de la diplomatie semble être mis à nue, surtout avec la crise des sous-marins. La rupture unilatérale du contrat que ce pays avait avec l’Australie au profit des Etats-Unis, est une preuve que les français n’ont pas réussi à convaincre. Et c’est sans rappeler, le jeu de dupes auquel elle a été prise en Centrafrique, où la Russie l’a mise hors-jeu.

Les choses ne semblent donc pas s’améliorer pour le pays du Général De Gaulle dont les relations extérieures ne semblent pas s’améliorer. Après le coup bas, et sans remords, Londres et Washington ont essayé de calmer la tension. Paris n’a eu guère le choix, même si, elle rumine toujours l’humiliation. N’ayant pas pu imposer son veto face à ces partenaires, c’est dans son pré carré que Macron a voulu se montrer intransigeant. Mais là aussi, l’heure n’est plus au silence et les langues se sont déliées.

L’ennemi algérien

Non content d’avoir provoqué la colère d’Alger en réduisant le quota des visas octroyés aux Algériens, le président Macron enfonce le clou en tenant des propos injurieux envers ce pays d’Afrique du nord. Devant des descendants de protagonistes de la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron a accusé « le système politico-militaire [algérien] » de s’être « construit sur une rente mémorielle » et sur « une histoire officielle (…) totalement réécrite » qui « repose sur une haine de la France ». Le pire est qu’il s’est questionné sur l’existence d’« une nation algérienne avant la colonisation française». Ces propos passent très mal à Alger. « Inacceptable ingérence », titre le quotidien officiel « El Moudjahid », et le régime d’Alger, déjà agacé par l’affaire des visas, se braque et riposte.

Si la réponse algérienne s’était limitée au rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France pour « consultations », l’on aurait parlé d’une pratique diplomatique courante. Mais l’interdiction du survol de l’espace aérien algérien aux avions militaires français participant à l’opération Barkhane transforme la situation en une véritable crise diplomatique : Paris ne s’y attendait pas à une réponse si virulente de l’Algérie.

L’opposition est donc vive de la part de l’Algérie qui montre sa volonté de ne plus tolérer les écarts de la France. Une façon sans doute de lui rappeler que l’ère des colonies est révolue. Ce sont de nouveaux rapports qui se forment ainsi entre la France et ses partenaires qui ne veulent plus d’une diplomatie paternaliste de l’hexagone.

Au Mali, la tension reste vive

A la tribune des Nations Unies, le premier ministre malien Choguel Maïga n’a pas mâché ses mots. Il n’a pas usé de détours pour accuser la France d’avoir abandonné son pays en plein vol. En d’autres termes, si le Mali se rapproche de Wagner, c’est que la France l’a bien cherché. Là encore, Paris a été pris de cours, parce que ne s’attendant pas à de telles invectives venant d’un pays qu’elle a sous sa coupe. Ce, malgré l’offensive médiatique et diplomatique qu’elle a menée contre le choix du Mali.

La position malienne a fait sortir le président Macron de ses gongs, qui un instant a oublié qu’il avait affaire à un Etat souverain. En effet, il a qualifié les propos du premier ministre de la transition « d’une honte, qui déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement ». Pour le Chef de l’Etat français, les dirigeants maliens actuels n’ont aucune légitimité et donc pas le droit de juger des choix de la France.

Mais le « faux » gouvernement malien, selon Macron, fort du soutien de l’opinion publique nationale, persiste et signe dans sa volonté d’exercer sa souveraineté et «de préserver son intégrité territoriale », et en aucun cas « ne permettra à aucun Etat de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas ».

Tout comme en Algérie, la diplomatie malienne invite, dans un communiqué, la France à « se concentrer sur l’essentiel ». L’influence de la France semble être contestée au Mali.

Un bras de fer inimaginable il y a peu, et que peut-être la France avait pressenti, dans la mesure où elle a décidé de changer le format du sommet France-Afrique rebaptisé pour la 28e édition sommet Afrique-France. Est-ce davantage ce genre de situations qui contraint Paris à esquiver les dirigeants africains pour étaler un tapis rouge à la jeunesse ainsi qu’à la société civile africaine ? Le malaise semble profond et une certitude s’en dégage : la diplomatie française a du plomb dans l’aile.

Par Guy-Victoire Kanikatoma SANBENA  

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