Ici Au Faso : Kamart, un jeune musicien talentueux au style assez singulier

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Il a de quoi mériter l’attention. Entre les rythmes Djeka, bleue et Jazz, un adepte de la musique live a forgé son idéal. Il s’agit de  Clément Liré à l’état civil, et KAMART comme sobriquet. Ce jeune artiste burkinabè, dont le style suscite la curiosité et l’admiration se dévoile à travers cet entretien sur Burkina 24.

Burkina 24 : Pourquoi le nom Kamart ?

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Kamart : L’idée est partie depuis un certain nombre de temps. J’aime toujours valoriser tout ce qui est comme africain notamment les nourritures, le mode vestimentaire, etc. Du coup, j’ai pris  le nom Kama qui est le nom originaire de l’Afrique. Kama qui veut dire « Noir » et j’ai ajouté ART. Et on a enlevé un « a » donc ça fait KAMART, c’est-à-dire l’art africain, la culture africaine.

Burkina 24 : Comment êtes-vous  venu dans la musique ?

Kamart : L’envie de faire la musique a commencé depuis ma tendre d’enfance. J’ai toujours aimé les endroits où il y a de la musique. Que ce soit au village, que ce soit à Abidjan où j’ai grandi, j’ai toujours aimé les endroits où il y a la musique.

Alors j’ai à un moment commencé à vouloir professionnaliser la chose. C’est là maintenant que j’ai été admis à un Casting que l’Université (Université Joseph Ki-Zerbo ndlr) a organisé. Après le casting, j’étais classé 1er côté chant. Donc on a commencé à bosser et je trouvais que ce n’était pas suffisant.

Il fallait que j’apprenne ma langue maternelle. Ce n’est pas évident pour celui qui vient de la Côte d’Ivoire de savoir parler le Bissa. Du coup, je suis passé dans la localité pour non seulement enseigner philosophie et français et écouter les sonorités de là-bas. Donc, ça m’a amené à forger mon art. Et ça fait maintenant 4 ans, j’ai décidé de lancer la carrière artistique.

Burkina 24 : Quel est le contenu de votre répertoire ?

Kamart :  Nous avons trois chansons sur le marché qui sont déjà déclarées. Lerebani n’est que le titre qu’on a voulu « clipper » et mettre l’accent sur la « promo ». Sinon c’était un peu pour annoncer mes couleurs pour dire voici ce que je peux faire. Sinon il y a le titre « kanoun, dagnenon, et Lerebani » qu’on connait bien.

Burkina 24 : D’où vient votre inspiration ?

Kamart : L’inspiration, c’est les sonorités africaines. Nous avons tellement de belles rythmiques. Mais aujourd’hui, quand on regarde la tendance musicale de ces dernières années, c’est tout ce qui est rythmique européenne que les gens aiment utiliser.

Mais moi, je me suis dit pourquoi ne pas valoriser nos rythmes ? On a tellement de rythmes en Afrique. Surtout au Burkina, on a une soixantaine d’ethnies, et ces soixantaines d’ethnies quand tu es dans une ethnie, il y a plus de trois à quatre sonorités rythmiques.

Du coup, moi j’ai développé un style en jouant mon instrument comme un instrument traditionnel. Donc, c’est un peu mon inspiration. Je joue à la guitare mais pas comme les Européens. Je la joue comme si quelqu’un jouait son Kundé ou comme si on jouait le balafon avec des sonorités bien sûr bleues, Jazz pour essayer de rendre un peu la chose universelle.

Donc le style de Kamart s’appelle le djeka. C’est un mélange de djeka, rythmiques bissa du Boulgou, avec des sonorités mandingues, avec des sonorités bleues et jazz. C’est ça le djeka de Kamart.

Burkina 24 : Quatre ans de carrière sans grande  visibilité, c’est quoi la difficulté ?

Kamart :  Je suis dans l’auto production donc c’est un peu compliqué. Ce n’est pas évident de souvent emmener la musique là où on veut parce qu’il y a la promo. Tu peux faire une très belle œuvre mais quand il n’y a pas de promo derrière, c’est comme si elle n’est pas connue.

Donc j’ai des difficultés financières pour pouvoir emmener l’œuvre là où elle devrait être. Quand le clip est sorti, on dit waouh ! Tu as fait un très beau clip, pourquoi ne pas que ce soit sur d’autres chaines ? Moi j’ai dit, c’est une question d’argent. Sinon personne ne va vouloir que ça ne soit pas là-bas.

 Burkina 24 : Votre idole en musique ?

Kamart : Au Burkina, Bill Aka Kora, même si c’est mon esclave. Aussi, j’aime beaucoup Alif Naaba. Mais avant eux, il y a TO Finley le doyen, Georges Ouédraogo. Ailleurs, Lukua Kanza, Dobé Yaoré. Ce qu’on écoute même de façon consciente comme inconsciente, tout ça nous modélise. Voilà c’est un peu tout ça avec laquelle moi j’ai fait mon style, j’ai écrit mon style.

Burkina 24 : Quel regard portez-vous sur la musique actuelle du Burkina Faso ?

Kamart : Tu sais au Burkina, l’humilité voulait qu’on dise c’est bon, mais souvent, il faut dire la chose. Au Burkina, ceux qui ont réellement des talents ne sont pas vus. Il faut qu’on ait souvent le courage de dire les choses si on veut qu’elles changent.

Ceux qui ont vraiment le talent artistique pour faire perdurer même la musique burkinabè ne sont pas mis en valeur. C’est ceux-là qui viennent avec des rythmes d’ailleurs, des musiques étrangères avec les moyens qu’ils ont aujourd’hui qui arrivent à se faire dire qu’ils sont artistes burkinabè.

Pourtant, les vrais artistes sont dans les orchestres, sont dans les endroits mêmes qui ne sont pas vus. Souvent ils n’ont même pas de moyens pour faire valoir leurs œuvres. Du coup, je dis qu’aujourd’hui la musique burkinabè a beaucoup évolué, mais ce n’est pas des musiques d’inspiration burkinabè ; c’est des rythmiques d’ailleurs. Donc, s’ils peuvent puiser de temps en temps dans la tradition, ça va vraiment faire bouger les choses.

Burkina 24 : A qui la faute, selon vous ?

Kamart : Pour dire vrai, j’ai un doyen, monsieur Sosthène Yaméogo qui dit souvent que les hommes qui sont à la culture ne sont pas des hommes de culture. La musique est devenue aujourd’hui purement du business. Les musiques actuelles qui viennent d’ailleurs comme la musique ivoirienne sont beaucoup aujourd’hui des réalités ici.

Pourtant ce n’est pas nos rythmiques. On ne peut pas faire mieux du coupé décalé qu’un Ivoirien, on ne peut pas faire mieux le zouk que les Antillais. Donc le véritable problème aujourd’hui est que les gens se sont accaparés la chose et que c’est devenu du business.

Du coup, si vous prenez ceux qui sont entre griffes à la page, quand vous prenez vraiment ceux pour qui ça marche artistiquement parlant ; c’est les gars qui ne sont pas capables de faire le live. Récemment on a été au spectacle, on a vu certaines choses, vraiment c’est dommage.

Burkina 24 : Déclinez les perspectives pour la suite de votre carrière !

Kamart : Déjà à court terme, c’est la sortie de l’album. Nous sommes en résidence de création pour un album de huit (08) titres qu’on va lancer en plus des trois que nous avons lancés. Nous préparons l’album d’ici fin 2022. Et après ça on attend  la direction du bon vent.

Mais on croit bien qu’on est en train de suivre le chemin parce que quand on a lancé les couleurs, il n’y a plus de demi-tour. Aujourd’hui, le Burkina sait qu’il y a un artiste désormais qui s’appelle Kamart et il a un style particulier. Donc au moins je veux que les gens puissent écouter ce que j’ai fait.

Burkina 24 : Un mot de fin ?

Kamart : Je remercie Burkina 24. Parce que faire connaitre l’art, c’est de l’art. Tu peux faire de l’art mais, si on ne peut pas faire voir l’art, c’est que ton art n’est …. Voilà. Donc en quelque sorte, vous les Hommes de communication, vous êtes des artistes aussi parce que le savoir-faire voir l’art, c’est de l’art…

Propos recueillis par Akim KY

Burkina 24

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