Procès Sankara : « Il y a des gens qui m’en veulent à tort ou à raison » (Jean Pierre Palm)

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L’interrogatoire de l’accusé Aldiouma Jean Pierre Palm s’est poursuivi ce lundi 8 novembre 2021 sur un débat houleux.

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L’ancien Commandant de la gendarmerie nationale ne reconnait que d’avoir joué son rôle d’officier de gendarme en exécutant des ordres de ses supérieurs. « Aujourd’hui c’est une chance pour nous tous d’être dans un système démocratique. Sinon en son temps, on te dit de faire tu fais. Si tu refuses, tu ne sais pas ce qui peut en résulter. Chacun protège sa vie », a raconté l’accusé à la barre.

Mais ses propos n’ont pas convaincu les avocats des parties civiles. Étant Commandant de la gendarmerie et membre du CNR, Jean Pierre Palm dit ne pas connaître les dirigeants des organes composants du Conseil National de la Révolution (CNR).

« La chose politique ne m’a jamais intéressé. Aucun parti politique ne peut vous dire que j’ai leur carte », a-t-il déclaré. Mais pour les avocats des Parties civiles, c’est une stratégie de défense que de se jouer à l’ignorant.

« Il s’est agi du cuisinage de mon client »

« On a ici un accusé qui tente de manipuler le tribunal et l’opinion. C’est un accusé qui est très malin et on doit faire attention », a lancé Maître Olivier Badolo à l’endroit de la chambre. A la suite des parties civiles, la parole est revenue au conseil de l’accusé, Maître Moumouny Kopiho.

Ce dernier n’a pas été tendre envers les avocats des parties civiles car selon lui « il s’est agi du cuisinage de mon client ». Il a déploré l’intervention de ses confrères des parties civiles.

« Je voulais que chacun se débarrasse de la haine pour qu’on puisse aller au bout de la manifestation de la vérité. Je ne veux pas que Jean Pierre Palm soit jugé pour toute sa carrière d’officier de gendarme mais pour les faits qui sont retenues contre lui à savoir complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat », a laissé entendre Me Kopiho.

« Le bon gendarme a pour mission de faire respecter l’ordre »

Il a avancé dans son intervention en fustigeant l’agence judiciaire de l’Etat qui selon lui se trompe de sa mission au procès en s’improvisant comme avocat de la partie civile. « Il veut à tout prix qu’on condamne mon client pour ne rien débourser comme indemnisation pécuniaire », a-t-il lancé avant de rappeler la mission de son client au moment des faits.

« Le bon gendarme a pour mission de faire respecter l’ordre. Il n’est pas une star pour se faire applaudir comme Michael Jackson », a-t-il conclu. « Il y a des gens qui m’en veulent à tort ou à raison », a-t-il déduit.

Le président du tribunal est revenu sur la probable désactivation des tables d’écoute par la gendarmerie le 16 octobre 1987 juste la veille des faits. Il est reproché à Jean Pierre Palm d’avoir été celui qui a conduit des Français pour désactiver les bandes sonores.

Mais l’accusé a rejeté cela et a donné des détails sur la table qui selon lui se trouve toujours au Conseil. « Personne ne pouvait couper la table d’écoute à partir de la gendarmerie car c’est lié à l’ONATEL (MOOV Burkina, Ndlr) et la même table est connectée à la police.

Cette table était dirigée vers les syndicalistes, les groupuscules de gauchistes et non contre les dirigeants du CNR », a-t-il raconté avant d’ajouter des précisions : « Ceux qui disent que ce sont des Français qui sont venus désactiver, je peux comprendre leur sentiment anti-français. C’est leur droit, mais on n’avait vraiment pas besoin des Français pour désactiver une table d’écoute car on avait les compétences. C’est une table russe, elle servait juste à l’écoute, ça peut pas stocker des informations. Ce n’était même pas sophistiqué ».

« Je n’ai pas le sang d’un être humain sur mes mains »

Si la partie civile a traité l’accusé d’avoir été un manœuvre du pouvoir du Front populaire, l’accusé n’attend pas de cette oreille. Pour lui, la gendarmerie n’était pas un corps automne. « On était au service de l’armée. La gendarmerie ne peut pas faire un coup d’Etat et était au service du pouvoir. C’est ce qui fait notre mauvais nom chez les autres corps », a-t-il laissé entendre.

L’accusé dit avoir subi des sanctions et des menaces de mort sous le régime du front populaire. « J’ai été enlevé à la tête de la gendarmerie en septembre 1989 après l’affaire coup d’Etat de Lingani. J’ai fait 16 ans sans travailler sous Blaise. Un prisonnier est venu me dire qu’une tombe a été creusée pour moi, que de me chercher », a-t-il informé.

Pour finir, l’accusé a confié ceci : « Des calomnies, des mensonges, j’en ai été tellement victime. Depuis 1989, je n’entre pas dans un camp militaire. Après quand Blaise est dans sa magnificence, je suis un ami, s’il est dans des problèmes je suis un ennemi. Mais ce que je sais, je n’ai pas le sang d’un être humain sur mes mains. Je dis Dieu merci ».

Son interrogatoire est terminé. L’accusé suivant à la barre se nomme Tomdé Ninda Pascal. Il était le chauffeur de Gilbert Diendéré au moment des faits… 

Akim KY

Burkina 24

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