Tribune l « La réussite de toute mission d’action unitaire exige d’abord une confiance réciproque entre gouvernants et gouvernés »

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Ceci est une déclaration de Burkina Yirwa sur la situation nationale.

La situation nationale est caractérisée ces derniers temps par une recrudescence des attaques terroristes dans plusieurs régions du pays (l’Est, le Nord, le Centre Nord, le Sahel, l’Ouest, les Cascades) causant de nombreuses pertes en vies humaines, des dégâts matériels importants et des déplacements massifs des populations vers des zones de refuge. Ce qui met en péril la quiétude et la sécurité des citoyens.

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Face à cette situation, BURKINA YIRWA voudrait interpeller la classe politique sur certains aspects importants, notamment la gestion de la crise sécuritaire, l’appel à l’unité, la gouvernance et la réconciliation nationale.

En ce qui concerne la situation sécuritaire, pour peu que l’on analyse  les événements, il convient de dire qu’elle est très critique et pousse tout esprit à une introspection, car les espoirs de changement s’amenuisent de jour en jour. Et ces constats doivent être relevés si l’on veut du bien pour notre pays.

En effet, malgré les multiples remaniements successifs opérés au niveau du Gouvernement et du commandement de l’armée (04 ministres de la défense, 04 ministres de la sécurité et 04 Chefs d’Etat-major de l’Armée en 05ans), les résultats tant attendus tardent à venir.

On a de plus en plus l’impression que les méthodes de lutte ne cadrent pas avec les objectifs poursuivis, de telle sorte que la situation s’empire. De plus, à l’observation, presque toutes les attaques perpétrées sont de même nature et le bilan constamment lourd du côté de nos braves Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP).

Dans certaines contrées, des FDS démunies et lasses d’être attaquées et de voir mourir en permanence leurs frères d’armes, ont décidé de quitter leurs zones.

A l’analyse, cela traduit l’échec de nos différentes stratégies de défense et appelle à des questionnements : Y a-t-il un problème de motivation ? Est-ce que tous les moyens sont mobilisés afin de faire face à l’hydre terroriste ? Est-ce qu’une stratégie de défense a été élaborée ?

Au vu des faits, on est malheureusement tenté de croire que les autorités politiques, avec en premier chef le Président du Faso, n’ont pas pris vraiment la mesure de l’ampleur du phénomène ou sont incapables d’y faire résolument face.

C’est pourquoi, nous sommes convaincus que l’une des forces de notre stratégie devrait consister tout d’abord à identifier les vrais adversaires qui nous attaquent, la nature de leurs revendications et les causes économiques, politiques et sociales qui pourraient sous-tendre ces attaques.

Le Président du Faso a appelé à une unité d’actions en vue de faire face à cette difficile situation que traverse notre pays. Si dans le principe cet appel est recevable en ce sens que tous les Burkinabè sont unanimes aujourd’hui que c’est l’union des fils et des filles du pays qui peut nous faire sortir de cet imbroglio, il faut cependant noter dans le fond que cet appel mérite d’être interrogé. L’unité d’action se fera à quelles conditions ? Comment devrait-elle se manifester ?

La réussite de toute mission d’action unitaire exige d’abord une confiance réciproque entre gouvernants et gouvernés. Or, aujourd’hui, il y a un écart abyssal entre les aspirations profondes des populations et le système de gouvernance qui est servi. Les espoirs de changement suscités lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ont été dévoyés et jetés aux oubliettes.

De plus, la campagne de diabolisation des acteurs (politiques, militaires, militants d’OSC) de la transition (certes, nous reconnaissons des insuffisances), a largement contribué non seulement à fragiliser leur image et leur autorité, mais aussi à annihiler la dynamique née de la résistance au putsch et a ainsi accru la distance entre insurgés. À cela s’ajoutent le copinage, le clientélisme et la politisation de l’administration érigés en système de gouvernance.

Toute chose qui fait le lit de l’incivisme. Il s’est même installé et accentué progressivement un cycle de corruption nuisible à tous, y compris leurs auteurs, cycle qui est banalisé par les gouvernants du régime actuel.

Ainsi, de nombreuses institutions du pays ont fait l’objet d’interpellation par l’Autorité supérieure du contrôle de l’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) sur la manière de gérer la chose publique.

Même la Présidence du Faso n’a pas échappé à cette vigilance de l’ASCE-LC. Mais, en dépit de tout cela, rien n’a été entrepris comme action majeure pour rassurer les citoyennes et citoyens sur la volonté des dirigeants d’aller à une gouvernance vertueuse.

Pire, c’est dans ce contexte qu’on trouve des concitoyens pour justifier et vanter même des actes de mauvaise gouvernance. Il est évident que ces différents faits susmentionnés empêchent véritablement la matérialisation d’une véritable unité d’actions entre ceux qui veulent le progrès du pays et ceux qui veulent d’abord leur propre progrès.

Que dire de la réconciliation ?

Disons d’abord que cela ne concerne véritablement que Blaise COMPAORE et ses fidèles (dont sa famille), quelques-uns qui se sont sérieusement enrichis sous son régime ! Mais bref, rappelons que depuis le premier mandat du Président Roch Marc Christian KABORE, la question de la réconciliation nationale avait déjà été discutée entre les acteurs, même si les différentes positions sont demeurées inconciliables.

En effet, pendant qu’une partie, notamment la CODER (Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation) réclamait une justice transitionnelle et une réconciliation sans vérité ni justice, les acteurs de l’autre partie jugeaient cela inacceptable, attachés qu’ils sont à une véritable réconciliation incluant la reconnaissance préalable de fautes et la volonté affirmée de les réparer.

Après sa réélection en novembre 2020, le Président du Faso a créé un ministère en charge de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Et jusque-là, l’on ne sent aucune amélioration de la situation. Force est de constater aujourd’hui que ce processus de réconciliation recule : certains insistent sur un pardon sans reconnaissance et réparation d’aucune faute et d’autres veulent préalablement la reconnaissance des fautes.

En tout état de cause, tout processus de réconciliation qui emprunterait une voie qui occulte la vérité et la justice serait simplement une foire comme dans le passé. Pardonner à des gens, même par une loi d’amnistie, alors que ceux-ci ne l’ont même pas demandé, ce n’est pas juste !

A moins qu’on veuille procéder à une autoamnistie. Une telle solution est inacceptable et injuste. Et c’est cette solution inacceptable et injuste que le pouvoir actuel est pressé de réaliser. Toute réconciliation sans reconnaissance préalable de sa faute et accord d’un pardon après réparation est vouée à l’échec. Exactement comme ont été des échecs les réconciliations précédentes sans confession que nous avons connues en 1991 et en 2001.

Nous rappelons et nous répétons au Président du Faso : « l’unité nationale, la paix sociale, la sécurité et la bonne gouvernance relèvent d’abord de votre responsabilité première conformément à votre serment d’investiture ». C’est à vous de prendre les initiatives pour les garantir et les pérenniser en allant même contre vos intérêts personnels, familiaux ou partisans.

Aujourd’hui, il est plus qu’impérieux pour vous d’écouter, de regarder, de consulter par-delà vos cercles déjà acquis, qui du reste, ne vous traduisent pas toujours fidèlement la réalité du pays. Alors, vous pourriez encore vous décider en agissant autrement et éviter à notre cher pays des lendemains de divisions dramatiques sans précédent.

De ce fait, il se révèle nécessaire :

– d’améliorer impérativement le mode de gouvernance en vue de susciter chez les populations plus d’adhésion aux actions qui sont menées en faisant en sorte que ceux qui sont devant soient ceux qui montrent l’exemple de droiture, de probité et du travail bien fait,

– de faire davantage confiance en donnant plus de responsabilité aux « boys » qui ont mis en jeu leurs vies et leurs carrières lors de la résistance populaire au putsch de septembre 2015 et aux insurgés de 2014,

– de faire appel à toutes les compétences nationales en matière de défense, de sécurité et de renseignement,

– de décréter l’état de siège dans toutes les régions frappées par le terrorisme et prendre les mesures nécessaires pour la protection des populations,

– de surseoir à toutes les manifestations publiques et festives prévues pour cette fin d’année,

– de revoir le calendrier électoral afin de prioriser la question sécuritaire,

– de réduire le train de vie de l’Etat par la réduction des salaires dans certaines institutions, la suppression des avantages budgétivores, ainsi que la réduction du nombre de ministères,

Aux forces patriotiques, nous lançons un appel au regroupement, à la résistance et à la lutte. Il faut se battre en se rappelant sans cesse cette parole du Sage Professeur Joseph-KI-ZERBO : « Dieu n’aide pas ceux qui restent couchés ».

 Ouagadougou, le 14 Novembre 2021

 Le Président de BURKINA YIRWA

 Etienne Traoré

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