Campagne agricole 2021 au Burkina Faso : L’appel au secours des producteurs !

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OXFAM Burkina en collaboration avec la Confédération Paysanne du Faso (CPF) et des journalistes a entrepris de rencontrer les acteurs agro-sylvo-pastoraux les 28, 29 et 30 décembre 2021, afin de faire le point sur l’impact de la campagne agricole lancée par le gouvernement. Il s’est agi de s’imprégner du prix des céréales, du bilan de la production 2021, du prix des intrants utilisés, des conditions de productions dans ce contexte de crises sécuritaire et sanitaire.  

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De la région des Hauts Bassins, en passant par la Boucle du Mouhoun, ces 3 jours d’échanges avec les premiers acteurs de la production agricole se sont achevés le jeudi 30 décembre 2021, dans la région du Centre précisément à Ouagadougou.

De ces échanges, il est ressorti à l’unanimité que la campagne agricole 2021 a été presque une « catastrophe », à écouter les responsables de la production. Vendeurs, producteurs, grossistes, clients,  tous ont à l’unanimité évoqué l’inflammation des prix des intrants qui contrairement aux années antérieures, le prix est passé de 12 000 à 22 000 FCFA le sac à cause du COVID-19, entraînant automatiquement l’augmentation du prix des céréales.

L’arrêt de la pluie et le mouvement des personnes en situation de déplacement interne également reviennent régulièrement  comme raisons de la baisse de la production céréalière.

D’ailleurs, dans la région des hauts bassins précisément à Bobo-Dioulasso, la responsable des Femmes de l’Union Provinciale des Professionnelles Agricoles, Mazouma Sanou, a indiqué n’avoir jamais été confrontée à une pareille situation.

« Nous transformons avec les matières premières, donc nous comptons sur les excédents des producteurs. Cette fois, ils n’ont même pas de quoi suffire à leurs familles, n’en parlons pas de vendre. Mais ils ont aussi raison avec le prix de intrants, c’est normal. Aussi avec la situation, tu es courbé dans ton champ, tu vois les gens traverser à moto, normal que tu ne veuilles plus y aller », a-t-elle souligné.

Même son de cloche dans la province du Tuy. Là-bas à la rencontre de Aminata, nom d’emprunt, cette sexagénaire nous dit d’entrée que la situation est critique et requiert toute l’attention du gouvernement.

« La situation est très difficile (…). Le mil, nous le prenons à 500f le plat et revendons à 550f. Lorsque nous arrivions ici nous étions presque la première famille de Mossi. Jusque-là, la situation n’a jamais été aussi criarde. Avant, même avec 75f, on pouvait avoir une boîte de maïs, aujourd’hui vous-mêmes voyez la situation. Le comble c’est que la matière commence même à manquer », a-t-elle déploré.

Après la région dite « grenier du Faso »,  le cap est mis sur la boucle du Mouhoun. Précisément dans la ville de Boromo. Blaise Damien, producteur, a quant à  lui, rejeté  la faute sur l’arrêt de la pluie mais également sur la gestion des autorités qu’il qualifie d’ailleurs « d’absentes ».

En dehors du retard accusé par la venue des intrants,  il a évoqué l’aspect même de la gestion des stocks. « On peut dire que c’est la première fois que ce retard nous arrive. Les conséquences de ce retard, nous avons un rendement très faible. Les années précédentes, je produisais plus de 400 sacs de maïs sur 12 hectares. Cette année, j’ai dépassé les 12 hectares et je me retrouve avec 250 sacs », a-t-il informé.

Avant de poursuivre : « si vous voyez que les prix ont grimpé, c’est normal. Moi en tant que producteur je vends mon maïs pour pouvoir subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Aujourd’hui je ne peux pas donner mon maïs à un prix qui ne m’arrange pas. Ce que  je voulais suggérer à l’Etat, c’est de venir prendre nos maïs, stocker et baisser le prix pour revendre aux autres (…). Nous producteurs, nous avons aussi pris des prêts en banque. L’année passée, à cette période, le sac de maïs tournait autour de 12 500 FCFA. Aujourd’hui il est à 22 000 FCFA. Si ça continue comme cela, les périodes de soudure seront difficiles. Parlant de comptoir annoncé par l’Etat pour les achats hors champs, nous n’avons rien vu ici.  Ce sont les commerçants qui viennent payer avec nous ».

Conséquence de ces dysfonctionnements évoqués, dans la capitale du Burkina, cette flambée des prix des céréales se fait naturellement remarquer. En effet, foi de Ousmane Compaoré, commerçant détaillant, « notre saison n’a pas été bonne, on n’a rien eu. Même les localités situées aux alentours de Ouagadougou ont plus produit que celles situées dans les villages. 

Tous les clients lorsqu’ils viennent pour acheter il se plaignent des prix des céréales. L’année passée, le sacs de maïs était à 15 000 ou souvent 16 000 FCFA, cette année nous sommes à 22 000 F CFA le sac de maïs. Dans les provinces d’ailleurs, souvent tu donnes le prix de 100 sacs mais c’est seulement 40 sacs que tu peux avoir pour revendre, ça ne suffit pas là-bas ».

Cette sortie terrain avec les journalistes entre dans le cadre de la tournée entreprise par la structure OXFAM Burkina en collaboration avec la Confédération Paysanne du Faso (CPF), en lien avec le « contrôle terrain » pour la mise en œuvre de la campagne agricole 2021, annoncée par le gouvernement.

Abdoul Gani BARRY

Burkina 24

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