Pingdwendé ZIDA : « Ce qui a caractérisé Roch et le pouvoir MPP »

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En janvier 2014, un certain nombre de caciques eurent le courage de quitter le navire pavillon battant CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès) avec Blaise au pouvoir depuis maintenant 27 ans. Le 25 janvier de cette même année, ils créèrent le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) (ils ont quitté dans un progrès et ils y restent).

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Parmi les figures emblématiques, trois noms se dégageaient toute suite. Roch Marc Christian KABORE, feu Salif DIALLO et Simon COMPAORÉ, ce qui convenait d’appeler en son temps, les 3RSS. Le CDP de  feu Assimi KOANDA et d’Achille TAPSOPBA est fragilisé déjà qu’il se battait avec une opposition de plus en plus organisée au sein du CFOP dont l’artisan n’était personne d’autre que Zéphirin DIABRE avec la montée de son parti, l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) aux élections couplées de 2012.

La fragilisation du pouvoir du CDP était aussi le fruit des luttes incessantes du peuple pour se libérer du joug de COMPAORÉ longtemps resté au pouvoir par le truchement de plusieurs méthodes socio-militaro-politiques.

Tous ces efforts ont contribué à désarçonner le pouvoir de Blaise COMPAORÉ dont le point d’orgue fut les 30 et 31 octobre 2014 avec la chute du régime.

Pour le Burkina Faso, une nouvelle ère commença avec une transition militaro-civile dont l’objectif ultime était l’organisation des élections présidentielles en novembre 2015.

Avec la chute de Blaise COMPAORÉ, le rang du MPP a grossit inexorablement comme si ce sont les mêmes militants qui ont accroché le CDP et décroché le MPP, une sorte de transvasement.

Des 3RSS, Roch Marc Christian KABORE était le mieux indiqué pour représenter le bébé à la barbe blanche – le MPP est nouveau parti politique construit avec des vétérans de la politique- aux élections présidentielles de novembre 2015 en faisant l’unanimité au sein de son parti et reflétait celui-là qui trainait moins de casseroles d’où les trois se venus.

Même au sein de la population, Roch avait une aura plus sûre que n’importe qui dans le MPP, mais en face il y avait un autre baobab, l’UPC de maître ZEPH, le CDP n’ayant pas eu le temps de se réorganiser avec les nombreuses contraintes à lui imposées par les organes de la transition.

C’est dans cette ambiance folle que les présidentielles de 2015 ont consacré la victoire de Roch Marc Christian KABORE avec un taux de 53,49%. Il sera réélu en novembre 2020 avec un taux amélioré de 4,3 points en pourcentage.

Pourquoi en moins de 15 mois de sa réélection, il est évincé par l’armée ? Comment a été la gestion de papa Roch ? Qui sont ces hommes et femmes qui l’ont accompagné ?

Roch Marc Christian KABORE a eu un nouveau bail électoral pour conduire la destinée du pays les cinq prochaines années à partir de 2020. Sa gestion a été marquée par de nombreuses crises.

D’abord sur le plan social. Dès les premières heures de son premier mandat, il a eu maille à partir avec le monde social surtout le front syndical. Là, il n’a pas joué la carte de la transparence. Il y a eu une volonté manifeste d’opposer les couches sociales.

Il avait cette ferme conviction qu’il faut casser les organisations syndicales pour asseoir une passe sociale sur le long de ses mandats et tout était concocté pour la mise en œuvre. Malheureusement, il rencontra une butte incognito. A cela s’ajoute le refoulement ou la négligence des revendications d’un peuple insurgé il y a à peine quelques années seulement.

Le peuple se sent floué dans ses rêves par un  homme qu’il a cru. La confiance s’effrite peu à peu au fil du temps pour tomber au plus bas niveau surtout avec la confiscation des libertés d’expression chèrement acquises.

Au plan économique, les bonnes pratiques telles que l’orthodoxie financière, le contrôle et la transparence de la gestion économique ont fait place à la corruption, la fraude et la gabegie financière. Oui, des chantiers économiques tels la construction des routes et d’autres infrastructures comme les centres de santé, les écoles, … étaient la face cachée de la grande corruption et du favoritisme.

Les mêmes maux accusés lors du régime COMPAORÉ refont surface de la plus belle des manières. Il n’est pas à oublier le renchérissement du coût de la vie. L’inflation est à son comble en 2021, 3,48% (Annuaire statistique 2020 de l’INSD) contre une inflation d’environ -3% pour l’année 2019 pour une norme de 3%.

Les prix des produits de première nécessité ont galopé régulièrement de hausses en hausses. Cela peut s’expliquer d’une part par la situation sanitaire dans le monde ces dernières années mais aussi par une absence de vraies politiques économiques ou, précisons, un manque de régulation du marché. Les conditions de vie des populations se sont dégradées largement et le faussé entre riches et pauvres s’est accentué, les couches intermédiaires étant presque invisibles.

Le point est catastrophique au plan sécuritaire. Depuis les premières attaques terroristes de l’hôtel Splendid à Ouagadougou en janvier 2016- à deux mois seulement de leur prise de fonction-, les évènements sont enchevêtrés rapidement.

Considéré comme un acte sporadique en ce moment dans un premier temps, c’est au fur et à mesure de la régularité des attaques et de leur intensité que les autorités ont compris la gravité de la situation, en témoigne l’attaque de Nassoumbou de la fin de cette même année qui vient clouer la sécurité au pilori.

Malheureusement, les solutions appropriées apportées pour la riposte n’ont pas suivies ou n’ont jamais été bien ficelées et en particulier, les causes n’ont jamais été diagnostiquées correctement. L’inefficacité et l’absence des stratégies mises n’ont pas réussi à repousser les terroristes dans leur avancée.

C’est pourquoi les choses se sont amplifiées et le territoire a été maillé d’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. La bande nord particulièrement subit des attaques plus violentes et répétitives. En 2021, celles de Solhan (plus de 160 morts) et de Inata (une cinquantaine de morts officielle) viennent exacerber le mécontentement des populations et mettre à nu la gestion de la crise sécuritaire au Burkina.

Les populations crient énergiquement son ras-le-bol. Le Président longtemps dans son mutisme comme à comprendre l’ampleur de la situation sécuritaire. Plusieurs zones sont contrôlées par les HANI (Hommes armés non identifiés) et inaccessibles. L’État replie et les populations sont contraintes au déplacement.

En effet, la crise sécuritaire a entraîné plus de 2000 morts et plus d’un million cinq cents milles déplacés internes.

Tout ce cocktail mis ensemble, les esprits se chauffent tant au niveau de l’armée qu’au niveau des civils. Les deux composantes de la société en veulent au chef de l’État, les uns pour les questions de logistiques, de prise en charge et de manque de renseignements et les autres se lamentent impuissamment face aux tueries, aux PDI et à l’occupation du territoire par les terroristes.

De tout ceci on accuse la gestion de Roch. Timoré et inactif face aux préoccupations suscitées, les différentes considérations rentrent en jeu. Les civils souhaitent que l’armée prenne ses responsabilités et les militaires veulent accompagner les civils pour interrompre le pouvoir démocratique. Sûrement les premiers à agir ont été les militaires qui ont profité d’un pouvoir fragilisé par les différents mécontentements et manifestations perlées.

Le coup d’État intervenu semble soulager l’atmosphère crispée et soulage même la personne du Président Roch. En outre, il n’aura plus à devoir répondre aux multiples préoccupations et il n’aura plus les morts liés au terrorisme sur la conscience, il n’aura qu’à s’occuper de sa propre personne et de sa famille si toutefois, on ne lui reproche rien en matière de justice.

Le Président Roch Marc Christian, dit-on, était « humain ». On dit également de lui qu’il est attaché à l’amitié (il ne te connait pas et ton problème va se gâter) et magnanime et soucieux de son prochain. Malheureusement, la gestion du pouvoir d’État ne rime pas avec seulement ses qualités.

Aussi, il s’était fait entouré par ses amis. Il lui était donc difficile de les reprocher d’une éconduite ou de les écarter de la gestion. Il a passé son temps à protéger ses potes au lieu d’exorciser les maux créés par ses derniers.

Roch n’avait pas un bon entourage, un entourage qui n’avait guère une réputation sainte et d’ailleurs ne se gênait pas d’enfoncer le clou. C’est juste des gens qui sont venus pour gaver, rempiler et remplir les poches. C’est pourquoi ils n’avaient pas de retenu dans la gabegie, le népotisme et le bradage des ressources nationales.

Ceux qui pouvaient lui dire la vérité n’étaient pas courant ou ne lui avaient pas accès. Pourtant, il fit alerter par les patriotes sincères qui ont été considérés comme des apatrides de la nation et les cris et les appels à la repentance n’ont jamais parvenu à leur parvis où il feignant de ne rien voir. Le supplice du peuple était si fort que les choses ne pouvaient se dégénérer à un moment donné.

Le coup d’État a eu raison de l’arrogance, de l’outrecuidance et de la suffisance d’un parti qui se souciait peu d’un peuple agonisant. Nous les accusons d’avoir réuni les conditions d’un changement institutionnel qui n’est rien d’autre qu’un recul démocratique.

Pingdwendé ZIDA ([email protected]

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