La coopération gagnant-gagnant entre la Chine et le Burkina Faso : Quelles leçons en tirer?

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Ceci est une tribune sur la coopération entre le Burkina Faso et la Chine, en réponse à une précédente tribune sur lesdites relations.

Le Centre d’Analyse des Politiques Économiques et Sociales (CAPES) a organisé, le 18 septembre 2020 à Ouagadougou, une conférence publique intitulée « Les relations internationales et la coopération sino-burkinabè post-pandémique – Défis et perspective ». Cette conférence, qui a connu un franc succès, a été l’occasion pour certains d’ouvrir le débat sur la nature de la coopération entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso. L’article d’opinion « Comment la Chine compte coloniser le Faso » publié dans le média en ligne Burkina 24 nous autorise à donner notre contre-opinion dans une perspective d’opinion plurielle.

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Représentée par deux membres, l’Association les Amis de la République populaire de Chine au Burkina Faso a participé à la conférence sur la coopération Chine-Burkina Faso. Des experts burkinabè et chinois indépendants de haut vol ont passé en revue cette coopération bilatérale. Tous ont été unanimes que le partenariat entre les deux pays est « gagnant-gagnant » au-delà des mots.

Lire aussi : Droit de réponse au CAPES à propos du partenariat Chine-Burkina : “Comment la Chine compte coloniser le Faso”

Il se traduit dans la réalité économique du Burkina Faso en seulement deux années de reprise. La Chine n’a jamais prétendu, contrairement à l’Occident, que les intérêts de sa relation avec l’Afrique sont à sens unique. Écrire qu’« il n’y a pas de déjeuner gratuit » dans cette coopération est une lapalissade.

« Les Chinois sont nos amis »

La coopération entre la Chine et les pays africains est basée sur des bénéfices mutuels. Cela marque la grande différence avec la coopération menée par certains pays avec l’Afrique. Lors du Sommet de Beijing sur la coopération sino-africaine, tenu en septembre 2020, le président chinois XI Jinping a énoncé le principe des « cinq non ». Ces « non » se résument, entre autres, au refus de la Chine de ne pas assortir ses aides à l’Afrique d’une condition politique quelconque et de ne pas poursuivre des intérêts politiques égoïstes dans sa coopération en matière d’investissement et de financement avec l’Afrique.

Dans nos traditions africaines, l’endettement d’une personne est souvent perçu comme un opprobre et un manque de dignité. Or, au plan macro-économique, la dette fait partie des mécanismes de financement du développement. Pour les économistes, la dette n’a rien de négatif. La preuve est que les Etats-Unis sont souvent cités comme le pays le plus endetté au monde. C’est l’utilisation qui est faite de la dette qui détermine son efficacité. Il n’y aucune contestation que la Chine octroie des prêts aux pays africains. Les prêts concessionnels publics et les dons font partie intégrante de la coopération chinoise avec l’Afrique qui constitue sa priorité. Comme tout contrat, c’est avec plein consentement que les États africains s’endettent auprès de la Chine. Ils reçoivent aussi l’aide par consentement. La dette et l’aide publique chinoises ne se présentent donc pas comme une camisole de force.

L’économiste zambienne, ancienne consultante à la Banque mondiale et l’une des 100 personnalités les plus influentes de l’Afrique (Jeune Afrique 2020), Dambisa Moyo, soutenait cette affirmation dans son célèbre ouvrage « L’aide fatale » (Editions J.-C. Lattès, 2009) : « Mais affirmer que l’Africain moyen ne tire aucun bénéfice de cette présence [chinoise] est un mensonge, et les critiques le savent. » Et d’ajouter que « les Chinois sont nos amis ».

La première souveraineté d’un pays se manifeste dans le choix libre de ses « amis ». Dans ce sens, le Burkina Faso en mettant fin à sa coopération avec Taïwan et en reprenant avec la République populaire de Chine ne fait qu’exprimer sa souveraineté. De toute façon, la coopération taïwano-burkinabè allait mourir de sa belle mort. Pourquoi le Burkina Faso devrait rester l’exception africaine dans sa coopération avec ce pays d’environ 23 millions d’habitants ?

Pour une gestion efficace de la dette

La République populaire de Chine n’est pas responsable de l’effet souterrain des prêts qui finissent dans les détournements et autres dissipations au détriment des réalisations sociales profitables aux populations africaines. L’article d’opinion tel que rédigé avec des cas de pays corrélés au contexte burkinabè ne suffit pas à convaincre tout esprit lucide. Quelques exemples cités dans l’article polémique ne permettent pas de lier ces effets pervers aux prêts chinois. Nous prenons l’exemple du Rwanda qui fait figure de modèle de développement en Afrique. Dans le pays de Paul Kagamé, les prêts chinois ont permis de développer plusieurs infrastructures. Pour paraphraser le célèbre Joseph Ki-Zerbo à propos de l’éducation africaine, le problème n’est pas l’augmentation de la vitesse du train de l’endettement, la solution est de changer la direction des rails de la gestion de la dette. L’impact réside dans la gestion efficace et efficiente.  

Le titre « Comment la Chine compte coloniser le Faso » veut produire sans doute un effet ronflant et paraît en notre sens comme un écran de fumée d’intentions mal dissimulées. Parler de colonisation du Burkina Faso par la Chine met le sourire aux lèvres. La Chine n’a jamais été et n’est pas une puissance impérialiste. Elle a fait le choix volontaire du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses États partenaires. Et cela n’est pas un double langage. C’est constatable sur le terrain diplomatique.

L’Afrique doit faire attention à la vraie re-colonisation qui vient d’ailleurs. Certains souhaitent maintenir à long terme leur contrôle de l’Afrique et ne veulent pas son développement réel. Ils s’inquiètent du soutien important chinois au développement africain, et eux-mêmes ne veulent pas accompagner l’Afrique à réaliser la paix, l’indépendance. Ils ne veulent pas non plus voir la Chine soutenir l’Afrique pour un développement partagé. Ils sèment la discorde entre la Chine et des pays africains, perturbent la coopération sino-africaine, interrompent le processus africain vers un développement autonome et durable.

La Chine, au contraire, apporte des bénéfices concrets aux peuples africains et représente une alternative aux partenaires traditionnels des pays africains, ce qui suscite le mécontentement de certains pays qui voient la Chine comme une rivale. Pourtant, l’Afrique n’est pas une arène de jeu à somme nulle. La partie chinoise est convaincue qu’une Afrique prospère, forte et développée est dans l’intérêt de différentes parties. Pour cela, la Chine continuera à renforcer sa coopération avec les pays africains et à accompagner le développement de l’Afrique. En même temps, la Chine entend procéder à la coopération sur des marchés tiers en Afrique avec d’autres pays et faire valoir les avantages respectifs pour promouvoir ensemble le développement de l’Afrique.

La Chine est une puissance économique qui monte et nous comprenons cette peur que cela peut susciter dans les milieux occidentaux et africains d’économistes. Mais à emprunter le raccourci intellectuel de la colonisation chinoise de l’Afrique et du Burkina Faso, c’est se méprendre de perspectives. Nous conclurons avec cette anecdote. Deux prisonniers étaient dans une geôle commune et regardaient tous deux dehors à travers la fenêtre. L’un admirait la beauté du ciel étoilé et l’autre méprisait le sol boueux. Il appartient au Burkina Faso de poser son regard du bon côté pour tirer profit de cette nouvelle coopération avec la République populaire de Chine. Il est grand temps de sortir des discours culpabilisants et de regarder la réalité en face telle qu’elle s’impose à nous Africains.

Vive la coopération Chine-Afrique !

Vive la coopération Chine-Burkina Faso !

Moussa SANOU

Association les Amis de la République populaire de Chine au Burkina Faso

E-mail : a[email protected]

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Un commentaire

  1. Merci à cette association dont le nom indique clairement le pourquoi de cet écrit. Nous aurons été édifié si les auteurs quittaient le salon douillet du verbiage pour nous donner des chiffres concrets et les dessous des accords entre la Chine et le Burkina Faso pour ce qui concerne les projets dont ils sont partenaires avec le Faso. L’économie ce n’est pas de la narration, mais plutôt du chiffré et du concret. À titre d’exemple, j’ai posé la question de savoir quelles sont les conditions qui soutiennent les accords de prêts entre la Chine et le Burkina Faso dans les projets d’autoroute Ouagadougou Abidjan et celui ferroviaire avec le Ghana au Ministre des infrastructures, Éric Bougma, récemment. Sa réponse a été que ces accords sont confidentiels. Je suis tombé à la renverse car, en tant que citoyen burkinabé et responsable du remboursement de cette dette, nous devons savoir les contours de cet accord si, tant est qu’il est vraiment gagnant-gagnant. En outre, je vous invite à attaquer, point par point les problèmes soulevés dans l’article au lieu de faire de la littérature qui s’apparente à une publicité gratuite faite pour la Chine au détriment du patriotisme qui devait vous animer. Merci et j’espère que mon commentaire ne sera pas censuré.

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